Aide à domicile, un métier qui souffre d'un manque de reconnaissance

Pendant le confinement, ils restent au contact des plus fragiles. Voici leur quotidien.

Pas de confinement pour les aides à domicile


Malgré l’épidémie de Covid-19, elles restent au contact des plus fragiles. Brut les a suivies.


« Aujourd’hui on parle beaucoup des soignants, des pharmaciens, on les applaudit à 20 heures… Mais les aides à domicile sont un petit peu les oubliées », constate tristement Aurore Delreux, aide à domicile dans le Nord. Bruit l’a rencontrée, ainsi que plusieurs de ses collègues. Pendant l’épidémie de Covid-19 et le confinement, elles comptent parmi les uniques relations sociales des personnes âgées et dépendantes.


20 % des aides à domicile sont en-dessous du seuil de pauvreté


Aide à domicile est un métier à part entière, principalement exercé par des femmes. Quotidiennement, elles aident les personnes dépendantes à se lever, à se coucher, à se déplacer, à se nourrir, à faire leur toilette et à prendre leurs médicaments. « Pendant cette crise du coronavirus, elles ont une place singulière. Les personnes âgées sont aujourd’hui les premières victimes du Covid-19, et les aides à domicile ont un rôle clé », estime Guillaume Quercy, président de l'Union Nationale de l'Aide, des soins et des services à domicile (Una).


97 % des aides à domicile sont des femmes, selon l’Union syndicale de branche de l'aide à domicile. Leur salaire tourne autour du SMIC horaire, et 89 % d'entre elles sont à temps partiel. 20 % des aides à domicile sont en-dessous du seuil de pauvreté. Les aides à domicile ont par ailleurs perdu 13 % de pouvoir d'achat en 10 ans.


Environ 800.000 personnes âgées en perte d’autonomie à domicile


« Nous estimons à 800.000 le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie à domicile. Et dans le cœur de la crise, on pense que 60 à 70 % d'entre elles continuent de bénéficier de cet appui au quotidien », indique Guillaume Quercy. Qui tempère toutefois : « La plupart du temps, lorsque l'appui est maintenu, il est lui-même réduit en termes de temps passé auprès des personnes. Mais dans cette situation, ce que l'on observe surtout, c'est que ces chiffres sont très différents d'un territoire à l'autre. »


Ces inégalités territoriales sont dues aux différentes politiques menées par les conseils départementaux, principaux financeurs des services d'aides à domicile. « Dans cette crise, les inégalités peuvent s'accroître. Tout simplement parce que l'État a demandé aux départements de poursuivre leurs financements à même niveaux pendant la crise des services d'aide à domicile », explique Guillaume Quercy.


65 % des aides à domicile continuent de travailler pendant le confinement


65 % des aides à domicile continuent de travailler pendant la crise sanitaire. Aussi les services ont-ils été réorganisés afin d’assurer les interventions prioritaires. Un problème subsiste cependant : le manque de matériel sanitaire. « L’affaire des masques est terrible. Il fallait aller récupérer le matériel, les masques dans une pharmacie, qui avait de tous petits stocks, et qui devait également en délivrer aux médecins et infirmiers libéraux. L’aide à domicile était la dernière roue du carrosse », se souvient Guillaume Quercy.


Pourtant, les aides à domiciles jouent un rôle social et sanitaire essentiel. « Sans ces professionnelles, les solutions pour les personnes âgées seraient plus que limitées : hospitalisation, Ehpad, solidarité familiale, donc épuisement des aidants. Ce sont des métiers d'utilité publique », résume Guillaume Quercy. À l’heure actuelle, nombreuses sont celles qui considèrent que le gouvernement les a oubliées.


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