Le quotidien sans odorat ça ressemble à quoi ?

"J’ai compensé en me souvenant". Vivre sans l'odeur de ce qu'on mange, ce qu'on boit, sa propre odeur ou celle de la personne qu'on aime, c'est le quotidien que nous raconte Françoise-Marie, privée d'odorat suite à un accident de voiture.

Anosmique : la perte de l’odorat 

Depuis son accident de voiture qui lui a provoqué un traumatisme crânien, la journaliste et romancière Françoise-Marie Santucci est devenue anosmique. Elle ne sent plus aucune odeur. Amoureuse des odeurs, ce trouble est un réel handicap pour elle. “Il y a zéro tilt dans le cerveau et aucune émotion de plaisir. Le cumin, je ne sens rien. Au mieux, une vague sensation que c'est de la poussière. Quand j'ai perdu l'odorat, donc à la suite d'un accident de voiture, je ne savais pas qu'on pouvait perdre l'odorat. Mon nez sent toujours, mon cerveau décrypte toujours, mais le lien fait entre les deux, par les nouvelles cellules, n’est pas terrible, c'est-à-dire que ça ne prend pas le bon embranchement, tout simplement. Maintenant, quand je mange du melon ou de la mandarine, ça sent le curry”. 

La parosmie, ce symptôme du covid qui trouble l’odorat


Avec la pandémie du Covid, la population se rend compte de la valeur et de l’importance de ce sens. Premièrement, lorsqu’on mange : “Étant donné que je perçois encore certains goûts, j'ai tendance à beaucoup trop sucrer, parce que je perçois le sucre. Je sucrais déjà beaucoup avant, mais alors là, je prends un café, un fond de café, et puis je mets deux sucres dedans”. Mais aussi pour des actions du quotidien, qui, sans l’odorat, peut créer des tocs : “Je ne sens pas ma propre odeur et ça, c'est super bizarre. Ça devient, après, un toc, souvent, chez les personnes qui ont perdu l'odorat. C'est qu'on a peur de sentir mauvais, donc parfois, on développe des sortes de comportements un peu compulsifs. On prend cinq douches par jour, on se remet du déodorant. L'odorat, ça sert à quoi ? Outre le plaisir qu'on prend tous les jours, ça sert, par exemple, si là, il y a une odeur de gaz, de fuite de gaz, je ne la sens pas. S'il y a une odeur, par exemple, de feu, s'il y a un début de feu dans l'immeuble, j'espère qu'il y aura une alarme, parce que je ne sens absolument rien. Il y a une grande perte, ça c’est sûr. Il faut s’habituer à cette aseptisation.”, confie la romancière et journaliste. 

Non-voyant, il se sert de l'écholocalisation pour se déplacer


Son quotidien, sans l’odorat

Aujourd’hui, elle compense ce handicap avec ses propres souvenirs des odeurs des aliments, de la nature. Dans son livre « À la recherche des odeurs perdues », elle raconte ce quotidien et sa réflexion derrière ce trouble : “On fonctionne beaucoup à l'odeur. D'ailleurs, quand on dit de quelqu'un ‘cette personne, tiens, je la sens bien’, ce n’est pas pour rien. Donc on fonctionne aussi avec notre flair, avec notre odorat. Et ne plus en avoir du tout, c'est comme, aussi, si on était privé d'une boussole relationnelle. Voilà, j'étais une amoureuse des odeurs. Moi, ça m'a fascinée. Je voulais absolument comprendre comment ça marchait avant de prétendre écrire un livre. Donc, ça n'a pas été évident de comprendre, parce que je ne suis pas du tout scientifique”, partage Françoise-Marie Santucci.


Comment s’appelle une personne qui n’a pas d’odorat ? 

L’anosmie est un trouble qui désigne la perte totale de l’odeur chez un individu et altère le nerf olfactif. Ce handicap peut se manifester temporairement ou peut affecter de façon permanente une ou deux narines. L’anosmie peut être une maladie qui se développe lors du vieillissement normal d’une personne mais peut aussi survenir quand l'individu est victime d’un traumatisme crânien, d’une sinusite, d’une déviation de la cloison nasale, pour n'en citer que quelques-uns. 

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