4 cas emblématiques de la "cancel culture"

Certains en font un mode d'activisme quand d'autres y voient une nouvelle censure et une menace sur le droit et la liberté d'expression. Retour sur quatre cas emblématiques de la "cancel culture".

Depuis la démission de Christophe Girard de la mairie de Paris après son soutien à Gabriel Matzneff, le terme réapparaît en France. Décryptage avec quatre exemples célèbres. « Cancel culture. » Un terme utilisé abondamment sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter. En français, on peut le traduire par « culture de l’annulation ». Cette expression tend à désigner l’appel au boycott d’une personnalité - médiatique ou anonyme - après des propos ou des faits jugés problématiques. Appel au boycott qui finit souvent par aboutir… Mais pas toujours. En voici quatre exemples célèbres.


L’une des premières cibles anonymes de Twitter

La cancel culture a fait l’une de ses premières cibles sur le web et plus particulièrement sur le réseau social Twitter en 2013, avec ce tweet envoyé par une directrice de la communication, Justine Sacco, à ses 170 abonnés : « Going to Africa. Hope I don’t get AIDS. Just kidding. I’m white! » En français : « Je vais en Afrique. J’espère que je n’attraperai pas le SIDA. Je déconne. Je suis blanche ! » Des internautes créent alors un hashtag : #HasJustineLandedYet (#EstCeQueJustineAAtterri), repris massivement. Justine Sacco est encore dans l'avion quand son employeur condamne ses propos. Cette affaire lui vaut un licenciement et une vague de lynchage en ligne. Depuis cette histoire, elle a été re-embauchée et a supprimé son compte Twitter. 


L’un des premiers hommes politiques français

Fraîchement reconduit adjoint à la culture à la mairie de Paris, en juillet 2020, Christophe Girard est mis en cause par des manifestantes féministes et des élues écologistes. Il est en effet soupçonné d'avoir financé deux ans de séjours à l'hôtel pour l’écrivain Gabriel Matzneff. L’auteur y aurait emmené Vanessa Springora, mineure au moment des faits, pour la violer.


Quelques heures après la manifestation, Christophe Girard démissionne. « J’ai fait le choix que ce serait très compliqué et invivable, étant un bon connaisseur des États-Unis et du mouvement qu’on appelle “cancel culture’’. L’annulation, l’effacement, la mise au pilori, la lapidation des personnes publiques et du monde de la culture en particulier. J’ai pensé que mon devoir était l'intérêt supérieur », déclare-t-il plus tard sur France Inter. Christophe Girard nie toute amitié avec l’écrivain pédocriminel et dénonce un coup politique contre la maire de Paris Anne Hidalgo.


Taylor Swift 

En 2016, Kanye West sort son single Famous. Il aurait demandé l’autorisation à Taylor Swift de la traiter de « salope » dans sa chanson. La chanteuse dément avoir donné son accord. Kim Kardashian West, mariée à Kanye, tente alors de la contredire avec un enregistrement privé et appelle au boycott de Taylor Swift. Après cet épisode, la chanteuse disparaît des médias pendant un an. Mais en 2020, l’enregistrement en question est diffusé sans montage… Cette vidéo vient disculper la popstar après quatre années de boycott.

Retour sur le parcours de Taylor Swift


Donald Trump 

Donald Trump a longtemps été « cancelled » par ses opposants pour ses nombreux propos polémiques en tant que PDG, candidat à la présidence et président. Pourtant, Donald Trump a lui-même appelé de multiples fois au boycott de ses opposants, de célébrités et d’inconnus. Comme avec Hillary Clinton, son opposante à la présidentielle en 2016 : « Hillary Clinton la corrompue a effacé 33.000 mails APRÈS avoir reçu une assignation du Congrès des États-Unis. Coupable - elle ne peut pas se présenter. Système truqué ! »

Trump par Trump : quand Donald Trump décrit Donald Trump


Même l’émission qu’il présentait avant son mandat présidentiel, The Apprentice, consistait à « virer » les pires candidats à l’embauche. Après des appels au boycott répétés et une tentative de destitution, Donald Trump est toujours en fonction.


La cancel culture, c’est quoi ?

La "cancel culture" (ou culture de l'annulation) est un phénomène qui s'est développé principalement sur les réseaux sociaux, où les individus, les groupes ou les organisations sont critiqués, boycottés ou rejetés en raison de leurs opinions ou comportements considérés comme controversés, offensants ou inappropriés. Ce mouvement a gagné en popularité ces dernières années avec l'essor des médias sociaux et la possibilité pour les utilisateurs de s'exprimer facilement et d'organiser des campagnes en ligne. La cancel culture est même devenue un sujet d'étude dans certaines université, avec le wokisme. Les étudiants ouvrent des discussions et débats sur ces sujets d'études. Ils étudient les discours d'hommes politiques lors d'élections par exemple ou les différentes publications disponibles sur internet, qui font écho à la cancel culture. 


L'idée principale derrière la cancel culture est de retirer ou de "cancel" (annuler) toute reconnaissance, soutien ou visibilité d'une personne ou d'une entité considérée comme ayant des actions ou des opinions jugées inacceptables par un groupe de personnes. Cela peut aller de simples désaccords à des accusations graves de comportements offensants, de racisme, de sexisme, de discrimination, d'injustice, etc. La cancel culture peut prendre différentes formes, telles que la désinscription des réseaux sociaux, le boycott de produits ou de services associés à la personne ou à l'organisation, la pétition pour leur démission ou licenciement, ou encore la suppression de leur travail ou de leur œuvre de l'espace public.


Bien que certains voient la cancel culture comme un moyen pour les voix marginalisées de se faire entendre et de tenir les puissants responsables de leurs actions, d'autres considèrent que cela peut aller trop loin en entraînant la censure, la suppression du débat d'idées et la possibilité pour une minorité d'imposer ses points de vue au reste de la société. La cancel culture est un sujet complexe et controversé, et les opinions à son sujet varient considérablement en fonction des valeurs, des croyances et des expériences personnelles de chaque individu. Certains considèrent cela comme un moyen de responsabiliser les personnes pour leurs actions, tandis que d'autres s'inquiètent de ses potentielles conséquences sur la liberté d'expression et la diversité des idées.

La "cancel culture" est un phénomène complexe et controversé qui a pris de l'ampleur ces dernières années dans le monde, y compris en France. Cette tendance, largement ancrée dans les médias sociaux et les plateformes en ligne, vise à l'annulation et au boycott de personnes, d'auteurs, d'éditeurs, ou d'œuvres considérées comme problématiques ou offensantes selon les normes sociales du moment. Ce mouvement trouve ses racines dans les droits sociaux et la quête de justice. Les voix marginalisées ont trouvé dans la "cancel culture" un moyen de dénoncer et de tenir pour responsables les individus ou les institutions qui perpétuent des pratiques injustes ou discriminatoires. Cependant, cette forme d'annulation a aussi suscité des inquiétudes concernant la liberté d'expression et le potentiel de lynchage virtuel.


En effet, la "cancel culture" a entraîné des cas de violence verbale en ligne, de censure et de désinformation. Certaines personnes ou groupes peuvent être ciblés et harcelés sur les réseaux sociaux, avec parfois des conséquences graves sur leur vie professionnelle et personnelle. Les auteurs, éditeurs, ou autres personnalités publiques peuvent se retrouver confrontés à des campagnes de boycott, qui peuvent affecter leur carrière et leur réputation. Le débat autour de la "cancel culture" reste vif et suscite des discussions sur la définition de la liberté d'expression et des limites juridiques en ligne. Certains estiment que la cancel culture est un moyen pour les minorités d'obtenir une reconnaissance sociale et de combattre l'injustice, tandis que d'autres y voient une menace pour le pluralisme des idées et un risque de censure.


Dans le monde littéraire, cette culture de l'annulation a touché des auteurs et des éditeurs, conduisant parfois à la suppression d'ouvrages, de nouvelles ou à leur retrait de la vente. Cela a suscité des débats sur la pertinence de juger des œuvres passées à l'aune des valeurs présentes, et sur les limites de l'annulation rétrospective.

Dans le monde littéraire, cette culture de l'annulation a touché des auteurs et des éditeurs, conduisant parfois à la suppression d'ouvrages, de nouvelles ou à leur retrait de la vente. Cela a suscité des débats sur la pertinence de juger des œuvres passées à l'aune des valeurs présentes, et sur les limites de l'annulation rétrospective. Parmi les cas notables de "cancel culture," on peut citer celui de l'auteure J.K. Rowling, l'auteure mondialement connue pour la série de livres "Harry Potter." Ses prises de position sur les droits des personnes transgenres ont suscité une forte controverse, entraînant des appels au boycott de ses livres et à des débats sur la séparation entre l'auteur et son œuvre.


Un autre exemple marquant est celui de l'acteur Johnny Depp, qui a été au cœur d'un scandale médiatique impliquant des allégations de violence domestique dans sa vie privée. Cette affaire a eu des répercussions sur sa carrière et a suscité des discussions sur la séparation entre l'artiste et ses actions dans la vie réelle.

 En France, la cancel culture a également eu des répercussions dans la sphère politique, où certains acteurs ont été confrontés à des campagnes de désapprobation en ligne en raison de leurs prises de position ou de leurs actions jugées inappropriées. Ces épisodes ont soulevé des questions sur les pratiques démocratiques et l'expression des idées dans la société contemporaine. Lla "cancel culture" est donc un phénomène qui ne cesse d'évoluer et de susciter des débats dans notre société moderne. Si d'un côté, elle peut être perçue comme un moyen de lutte pour la justice et les droits sociaux, de l'autre, elle soulève des interrogations sur les limites de la liberté d'expression et les risques de lynchage virtuel. Il est essentiel de trouver un équilibre entre la responsabilité sociale et le respect des principes fondamentaux de la démocratie et du pluralisme des idées.

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Brut.