Sacrofano : une journée dans un village italien confiné

Le coronavirus au quotidien dans l'Italie confinée, c'est comme ça que ça se passe. Raphaël Tresanini, vit dans le petit village de Sacrofano. Journaliste pour Brut, il raconte.

La vie à Sacrofano, ville confinée à cause du coronavirus


Un de nos journalistes y vit avec ses enfants. Attente de plusieurs heures dans les supermarchés, méfiance, pénuries, rues vides… Il raconte.


Raphaël Tresanini vit entre Paris la ville de Sacrofano, en Italie. Depuis plusieurs jours, il est confiné, comme tous les habitants de la ville, pour endiguer la progression du Covid-19. Voilà à quoi a ressemblé son premier jour.


Les rues et les cafés vides


Quand Raphaël rentre dans son bar habituel, la première chose qu’il remarque, c’est que les serveurs portent un masque et des gants… et que son journal n’est pas arrivé. « On ne le prend plus pour que les gens viennent moins, à cause du Covid-19 », confie l’un des barmen. « Tout change ! C'est sûr. On est en guerre… Une guerre sans armes », poursuit-il, grave.


Puis Raphaël sort dans la rue pour aller travailler. Mais il ne croise presque personne, à part deux jeunes filles sur le bord de la route. Et la police locale, un peu plus loin. Il en profite pour demander à une policière comment procéder quand il voudra rentrer en France. « Il faut un avoir un justificatif pour sortir de Sacrofano », lui répond-on. « *Il faut une raison médicale, un justificatif de travail à l'extérieur pour quitter la ville », précise l’agente. « Et si je n'ai pas ces certificats, que m’arrive-t-il ? » s’enquiert Raphaël. « On doit vous dénoncer aux autorités selon le code pénal. »


L’enfer des courses


Puis Raphaël essaie d’aller faire des courses. Mais une fois sur le parking, il réalise que des dizaines de personnes font la queue, tout en laissant au moins un mètre de distance entre elles. Il en a pour des heures d’attente. « Mais c'est une blague !? Je ne vais pas faire toute cette queue-là, quoi… Ça continue derrière les voitures et tout… »


Le journaliste décide alors, plutôt que d’attendre, de se rendre en pharmacie pour acheter un masque afin de se protéger du Covid-19. Impossible d’en trouver. Il prend donc la décision d’en faire un lui-même, sur les conseils du pharmacien. « Vous pouvez essayer d'utiliser des morceaux de tissu. Il y a quelqu'un qui en fabrique dans le village d'à côté. Ils ne sont pas construits comme les FFP2, il faut donc les changer plus souvent et se désinfecter fréquemment. C’est un bout de tissu, deux élastiques. »


Enfin, Raphaël rentre chez lui. Il y retrouve ses enfants, qui font l’école à la maison. En Italie, tous les établissements sont fermés. Sur leur ordinateur, les enfants entendent la voix de l'institutrice qui leur fait cours. Une fois les devoirs terminés, le journaliste va pendre l’air et marcher à la campagne. « C'est la fin de cette première journée de confinement, on ne sait pas combien de temps ça va encore durer, cette aventure. C'est inquiétant, là. Pour la première fois, là, je me rends vraiment compte que… c'est pour de vrai. »


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