3 aventuriers du grand froid

Pour la science, pour l'exploit, pour eux-mêmes… Ils ont parcouru les zones les plus froides de la planète. Ils racontent à Brut nature leur expérience.

Trois aventuriers qui ont bravé le grand froid


Rien ne leur fait peur, même pas des températures qui descendent jusqu’à -60°C. Rencontre avec Matthieu Tordeur, Anne Quéméré et Christian Clot.


 ### Matthieu Tordeur, 1.150 km en solitaire pour rejoindre le pôle Sud


Je suis parti de la côte du continent Antarctique, d'un point qui s'appelle Hercules Inlet jusqu'au pôle Sud en solitaire, sans assistance, c’est-à dire sans voile de traction, sans chien de traineau, sans véhicule à moteur. Uniquement à la force des jambes. J'étais à ski et en autonomie totale, je tirais un grand traîneau avec tout ce dont j'avais besoin pour survivre, et il n'y avait pas de nourriture déposée sur la route par un avion ou par d'autres personnes. 


Il fait jour 24 heures sur 24, et l’hiver, les températures peuvent descendre jusqu'à -80°C. Dans une expédition en solitaire en Antarctique, il y a plusieurs risques : les crevasses, le vent et le froid. Je suis parti seul pour avoir le temps de la réflexion. Je pense qu’aujourd'hui, c'est un peu un luxe d'avoir 50 jours véritablement à soi. J’ai utilisé ces sept semaines pour faire un petit point, pour avoir du temps pour penser à des choses auxquelles on ne peut pas forcément penser dans nos vies très rythmées de citadins.


 ### Anne Quéméré, franchir un passage entre l'Alaska et le Groenland avec un bateau solaire


Le bateau solaire a vraiment un atout énorme : il est extrêmement discret. On perturbe très peu l'univers dans lequel on évolue, et c'est un super avantage dans ces régions-là, où vraiment, l’humain n'a pas sa place. Le passage est un lieu assez complexe, parce que c'est un labyrinthe d'îles et de glace. Il est englacé huit à neuf mois de l’année. Il n'y a aucune garantie de réussite, il n'y a même aucune garantie de revenir à la maison… Même si le but du jeu, c'est de rentrer.


Il a fallu que je hale mon bateau sur la grève. Et là, c’était comme un miracle : il y avait un petit avion avec quelques scientifiques qui étaient là pour étudier l'érosion dans ces zones arctiques>côte du continent Antarctique, d'un point qui s'appelle Hercules Inlet jusqu'au pôle Sud en solitaire, sans assistance, c’est-à dire sans voile de traction, sans chien de traineau, sans véhicule à moteur. Uniquement à la force des jambes. J'étais à ski et en autonomie totale, je tirais un grand traîneau avec tout ce dont j'avais besoin pour survivre, et il n'y avait pas de nourriture déposée sur la route par un avion ou par d'autres personnes. 


Il fait jour 24 heures sur 24, et l’hiver, les températures peuvent descendre jusqu'à -80°C. Dans une expédition en solitaire en Antarctique, il y a plusieurs risques : les crevasses, le vent et le froid. Je suis parti seul pour avoir le temps de la réflexion. Je pense qu’aujourd'hui, c'est un peu un luxe d'avoir 50 jours véritablement à soi. J’ai utilisé ces sept semaines pour faire un petit point, pour avoir du temps pour penser à des choses auxquelles on ne peut pas forcément penser dans nos vies très rythmées de citadins.


 ### Anne Quéméré, franchir un passage entre l'Alaska et le Groenland avec un bateau solaire


Le bateau solaire a vraiment un atout énorme : il est extrêmement discret. On perturbe très peu l'univers dans lequel on évolue, et c'est un super avantage dans ces régions-là, où vraiment, l’humain n'a pas sa place. Le passage est un lieu assez complexe, parce que c'est un labyrinthe d'îles et de glace. Il est englacé huit à neuf mois de l’année. Il n'y a aucune garantie de réussite, il n'y a même aucune garantie de revenir à la maison… Même si le but du jeu, c'est de rentrer.


Il a fallu que je hale mon bateau sur la grève. Et là, c’était comme un miracle : il y avait un petit avion avec quelques scientifiques qui étaient là pour étudier l'érosion dans ces zones arctiques(target="_blank"). Je me suis dit que je n’avais pas rempli la mission que je m'étais donnée, mais que j’avais vécu une expérience assez incroyable. J’ai quand même cheminé sur près d'un tiers de la route, donc ça m'a donné une bonne idée de ce qu'était le solaire dans cette région polaire. 


Je pense que c'est une très belle leçon de se dire : « C’est peut-être pas le point A et le point B qui sont les plus intéressants. » Peut-être que c’est tout ce qu'il va se passer entre ce point A et ce point B, toute l’expérience qu'on va acquérir, les rencontres que l'on va faire… Et tout un monde, finalement, qui nous bouleverse et nous permet de réfléchir.


Christian Clot, un séjour dans les monts Verkhoïansk, l'endroit le plus froid de la planète


On est en permanence soumis à une énorme pression du froid. Et il faut bien imaginer une chose : s’il fait -60°C dehors, dans ma tente, il fait -55°C. Je suis dans un froid inimaginable. Le congélateur d’une maison, quand vous mettez la main dedans, il est à -18°C. Chaque geste, chaque instant est une mise en danger.


À l’instant où une vapeur d’eau chaude va dans l’air, elle gèle. Cela veut dire qu’à chaque fois que vous sortez de l’air de votre bouche ou de votre nez, ça devient du gel quasi instantanément. Pourtant, sous la glace courent des courants géothermiques extrêmement chauds qui sont capables de faire fondre la glace à une vitesse hallucinante. Je marchais sur la rivière, quand l’un de ces trous d’eau s’est ouvert sous mes skis. Je suis tombé dans l’eau.


Je savais qu’à quelques kilomètres de là, il y avait une cabane. J’ai marché intensément pour transpirer, pour créer de la chaleur autour de moi et éviter que la glace ne me gêne trop. Et j’ai pu rejoindre cette cabane. La Yakoutie a été très, très éprouvante pour mon corps. Je suis revenu sur les rotules. J’ai mis un an à retrouver un niveau normal de physique.


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Brut.