À la ferme du Bol d'Herbe, ils veulent réinventer la paysannerie

"J'avais besoin de mettre une pierre à un édifice de société que je voulais voir naître." Boulangerie, maraîchage, vaches laitières… Depuis 10 ans, ces paysans essaient de se réinventer et de produire autrement. Bienvenue à la ferme du Bol d'Herbe.

“J'avais besoin de sédentarité”


Depuis dix ans, le Bol d'Herbe, c'est avant tout une ferme, avec différentes productions agricoles, laitières, un paysan boulanger, un maraîcher et une pépiniériste. Il y a cinq ans, Mathieu et Laura se sont installés dans cette ferme pour apporter leur contribution. Ils y ont construit leur espace de vie eux-mêmes, à l’aide des matières trouvées sur place. “Pour le moment, c'est une seule pièce, mais à terme, on a l'idée de faire un étage, parce qu'on attend un enfant, donc faire une chambre à l'étage. Mais là, c'est une maison qu'on a construite en terre-paille.” Paille, terre argileuse, ces matériaux leur ont permis de construire les murs de la maison. “Et après, il y a des choses qu'on a su innover par nous-mêmes, comme intégrer de la laine de mouton pour faire des finitions. On a un Ecofan, c'est un système qui produit de l'électricité grâce à la chaleur. C'est un appareil qui est en fonte. Et quand le poêle chauffe et que la plaque atteint 70 degrés, ça produit l'électricité qui fait tourner la chaleur et ça permet de rendre homogène la chaleur dans la pièce.”, indique Laura. 

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Matthieu, lui, est maraîcher depuis cinq ans. “Là, il y a une serre, et c'est un jardin de 3 500 mètres carrés. Dans mes saisons agricoles et mes voyages, je me suis trouvé à un moment où j'avais besoin de sédentarité et de mettre une pierre à un édifice de société que je voulais voir naître. Et cette pierre, pour moi, c'était le maraîchage et d'amener une nourriture locale. Habiter un territoire et être acteur de ces territoires. Et être heureux, quand même.”, explique Matthieu. 

Laura, elle, est pépiniériste. Au quotidien, elle produit des arbres qu’elle greffe, qu’elle élève durant près d’un an puis qu’elle commercialise. Pomme, poire, abricot, cerise, pêche, prune, elle travaille avec de nombreuses variétés anciennes pour maintenir un patrimoine génétique végétal dans l’oubli. 

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“Ça représente un peu notre âme, ce jardin”


Au cœur de ce maraîchage, Laura et Matthieu ont construit des îlots avec un maximum de biodiversité végétale pour accueillir un maximum de biodiversité animale. Sauge, pavot, rose trémière, les structures sont très diversifiées. “Ça nous nourrit le regard, ça nous nourrit notre imaginaire et ça nous nourrit par les bouquets qu'on fait, par les parfums quand on se promène. Ça représente un peu notre âme, ce jardin. C'est ce qu'on aime créer, qu'on a créé. Ça sort de nous.” Leur façon d'entretenir ce jardin est aussi, pour eux, la garantie d’une grande diversité. Si le jardin est certes sauvage, l’organisation est pourtant, elle, bien choisie. 

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“La paysannerie est en train de se réinventer”


La paysannerie, c'est rendre la noblesse à un mot qui s'est fait galvauder pendant longtemps, selon Matthieu et Laura. “C'est réinventer aussi l'agriculture et se réapproprier un autre rythme, une autre échelle d'agriculture, des choses qui sont à une taille plus humaine. C'est façonner un paysage, c'est travailler avec la biodiversité, l'accueillir, l'admirer. C'est tout un apprentissage de l'observation.”, atteste Laura. Pour le couple, la paysannerie est en train de se réinventer. “Aujourd'hui, ici, on est une dizaine de personnes à vivre sur ce lieu-dit et qu'on n'est pas sur une aventure obscure, dure et maltraitante pour nos corps et nos âmes. On est sur quelque chose qui nous nourrit.” 


Au Bol d'Herbe, les productions sont ensuite acheminées jusqu’à l’épicerie paysanne en place de quatre ans, qui se trouve à quelques pas des champs et des cultures. “C’est une épicerie vraiment en libre-service, où les gens se servent, ils écrivent sur un cahier, ils font leur monnaie et après, ils s'en vont. Ils sont vraiment en autonomie.”, ajoute Laura. “On a du commun. Ici, on est plusieurs à vivre sur le lieu-dit. On a cette façon de coopérer, on garde nos intimités, mais on mutualise des moyens de production et des moyens de vie. On ne veut pas être vus en marge de la société. On veut vraiment être considérés comme intégrés à notre société, parce qu'on veut rester vraiment un milieu ouvert, où on n'est pas à huis clos. On n'est pas en autarcie, en autonomie, vraiment là ensemble, comme Matthieu le dit, vraiment pour faire société et cette intégration sociale, elle est indispensable pour nous.

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