Boire l'eau de nos toilettes, c'est ça le futur ?

Alors que nos ressources en eau sont de plus en plus menacées, cette usine française a peut-être la solution. Un procédé unique en Europe qui nous permettrait de boire les eaux usées, même celles de nos toilettes. Florian Thomas s'est rendu en Vendée pour comprendre comment ça marche.

“Ici, c'est l'eau qui sort de vos habitations, de vos toilettes et cette eau, on va la rendre potable” indique Caroline Rautureau, salariée de Vendée Eau. C’est ce que propose une usine de traitement de l’eau située en Vendée. Ce procédé est unique en Europe et permet de rendre l’eau des toilettes potable à nouveau. “En France, on a une problématique d'eau, à cause des sécheresses notamment, et en Vendée plus particulièrement parce qu'on est sur 94 % d'eau de surface. On n'a pas de grands fleuves ni de nappes phréatiques ou très peu. On est sur une eau qui est soumise à l'évaporation, au changement climatique. À l'horizon 2030, il va nous manquer 8 millions de mètres cubes, c'est l'équivalent de la consommation annuelle de 220 000 habitants” explique Caroline Rautureau. 

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Aujourd'hui, on réutilise 1% des eaux usées traitées en France”


Aujourd'hui, la question de l'eau est une question cruciale. Au 8 septembre 2023, 189 communes étaient privées d'eau en France selon le ministère de la Transition écologique. Alors, les collectivités essaient de trouver des solutions, comme des usines de dessalement ou des usines pour réutiliser les eaux usées, comme ici. “Le programme Jourdain, c'est aujourd'hui pionnier en Europe, mais ça existe ailleurs, comme en Namibie ou en Australie. C'est des pays qui sont en stress hydrique depuis très, très longtemps” commente la salariée de Vendée Eau. L’eau commence par être “ultra filtrée”. “L'objectif, c'est de faire un premier nettoyage et d'enlever les matières en suspension, comme les matières organiques, les virus, les bactéries”. 

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L’eau effectue ensuite un parcours très complexe: “Après, elle va passer dans le barrel, ce qui va permettre d'éliminer les éléments dissous dans l'eau, comme les résidus médicamenteux, le sel et même les minéraux. Après, l'eau va passer dans de l'UV, à l'intérieur de faisceaux, ce qui va finir de la nettoyer. À la sortie de la station, l'eau est tellement propre, elle n’a même plus de minéraux et donc elle n'est pas potable, et c'est aussi pour ça qu'on va la renvoyer dans la zone de transition. L'eau, elle va faire 27 kilomètres dans une canalisation avant d'être rejetée dans une zone de transition végétalisée pour se renaturer et puis ensuite, elle repartira dans le chemin classique du barrage, de l'usine d'eau potable, du château d'eau et du robinet” détaille Caroline Rautureau. 

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“L'eau, en France, c'est l'aliment le plus contrôlé”


Selon Caroline Rautureau, salariée de Vendée Eau, “l'eau, en France, c'est l'aliment le plus contrôlé. Donc il y a des tests faits en sortie d'usine, mais aussi sur le réseau et puis sur le robinet”. Aujourd'hui, en France, il n'y a pas encore de cadre juridique pour repotabiliser les eaux usées. L'usine de Jourdain va donc être en phase de test pendant un an, avant que cette eau arrive aux robinets des Vendéens. “Cette usine, pendant un an, va fonctionner tout en rejetant en mer pour continuer à valider les process”.

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Le programme Jourdain est “l’une des solutions en Vendée” rappelle la salariée de Vendée Eau. Elle conclut: “On parle de 8 millions de mètres cubes de déficit à horizon 2030. Jourdain va en apporter 2 millions à partir de 2027, donc c'est un quart de la solution. Il faut jouer sur les solutions conventionnelles, comme les économies d'eau, les traques de fuites, mais aussi sur des solutions non conventionnelles, comme, par exemple, la réutilisation des eaux usées traitées. Aujourd'hui, on réutilise 1% des eaux usées traitées en France. C'est aujourd'hui un des axes où on peut vraiment faire de gros efforts pour avoir une ressource supplémentaire”. 

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