Cette botaniste ressuscite des espèces de plantes éteintes

"En théorie, on pourrait faire comme dans Jurassic Park..." Ressusciter les espèces de plantes disparues à partir des spécimens séchés, c'est le projet de la botaniste Alex Davey. Brut l'a suivie au jardin botanique royal d'Édimbourg où certaines de ces plantes pourraient repousser à l'avenir.

Dr Alex Davey essaie de ressusciter des plantes disparues

Tous les spécimens que vous voyez sur cette table ont disparu. Complètement disparu. On ne trouve plus aucune de ces plantes vivantes où que ce soit sur la planète”. Au jardin botanique royal d’Edimbourg, Dr Alex Davey, chercheuse, essaie de ressusciter des plantes disparues “à partir de spécimens séchés et conservés dans des herbiers”. Si la chercheuse atteint son objectif, “c’est possible que dans une cinquantaine d'années les plantes que nous aurons ramenées à la vie à partir des spécimens de notre herbarium poussent dans une serre et soient prêtes à être réintroduites dans la nature”. 

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Au jardin botanique royal d’Edimbourg, l’herbarium s’étend sur deux étages. Dans des meubles à tiroirs, sont conservés précieusement des herbiers renfermant des plantes séchées. “On a environ 3 millions de spécimens botaniques ici, tous très précieux et fragiles” commente la chercheuse avant d’ajouter : “La biologie de la résurrection se base sur l'idée qu'on peut ramener à la vie une espèce éteinte. Pour les animaux, les scientifiques essaient via des croisements à partir d'espèces proches de l'espèce disparue afin de se rapprocher autant que possible de sa composition génétique naturelle”.

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Plus aucune de ces plantes ne pousse dans la nature”

Dr Alex Davey poursuit : “Pour les plantes, on est avantagés, car quand une espèce a disparu, il arrive qu'on retrouve des graines dans les spécimens de nos herbiers. Une de nos spécialités d'Edimbourg, c'est l'extraction d'ADN de spécimens anciens. En théorie, on pourrait faire comme dans Jurassic Park, mais ce serait beaucoup de travail et d'investissement, à mon avis”. Dans les tiroirs de l’herbarium du jardin botanique d’Edimbourg, on trouve notamment un spécimen rapporté par Charles Darwin, de son voyage aux Galápagos, qui lui a inspiré sa théorie de l'évolution.

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Dans une boîte spécifique, la chercheuse a regroupé les spécimens d’espèces entièrement éteintes. “Plus aucune de ces plantes ne pousse dans la nature, dans un jardin botanique ou nulle part ailleurs. Il ne reste plus que ces très précieux spécimens séchés. Voici un spécimen d'olivier de Sainte-Hélène, Nesiota elliptica. Ce spécimen a été vu à l'état sauvage pour la dernière fois en 1977, il y a une cinquantaine d'années” décrit Dr Alex Davey.


Certaines plantes se conservent “des millénaires”

La chercheuse explique que “les plantes sont très ingénieuses. Elles produisent des graines qui peuvent souvent rester très longtemps dans la terre en attendant une occasion de germer. Et elles peuvent faire la même chose dans un herbier. Elles ne savent pas qu'elles ne sont pas en terre. Selon les plantes, elles peuvent se conserver des années, des décennies, voire des millénaires ! Alors, si on leur fournit les bonnes conditions de lumière et d'humidité, elles vont se réveiller et produire une nouvelle plante.

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A partir de cette liste de plantes disparues, la chercheuse a sélectionné avec son équipe les meilleures candidates à la résurrection : “celles qui ont des graines et dont les graines sont le plus susceptibles de pousser. L'étape suivante pour les ressusciter, ce sera d'étudier très précisément les conditions dont elles ont besoin pour pousser, pour ne pas gâcher la moindre de ces précieuses graines. À long terme, si on arrive à faire pousser un spécimen suffisamment pour qu'il ait des fleurs, puis des fruits, on obtiendra de nouvelles graines et on pourra recommencer le processus jusqu'à ce que, peut-être, dans très longtemps, on ait assez de plantes pour les réintroduire”. 

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Avant de travailler à une potentielle résurrection de certaines espèces, Dr Alex Davey et son équipe travaillent en priorité à la protection des espèces qui vivent encore à l’état sauvage, “qui sont parfois menacées ou en danger d'extinction, parfois critique. C'est beaucoup plus facile de protéger une espèce quand il reste des spécimens vivants. Et c'est crucial pour leur environnement, pour les animaux qui vivent parmi ces plantes, pour les insectes qui s'en nourrissent et pour l'ensemble de la vie sur Terre”. Dans les serres du jardin botanique royal d’Edimbourg, sont conservées les espèces les plus menacées d’extinction, comme la Brugmansia sanguinea. Jusqu’à arriver à la possible résurrection de plantes disparues et leur réintroduction dans la nature, la chercheuse indique qu’il faudra au moins “50 ans”.

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