Des coraux résistants au changement climatique ?

La résilience des coraux face au changement climatique. C'est ce qu'étudient ces scientifiques en Nouvelle-Calédonie, avec l'aide de l'Aquarium Des Lagons Nouvelle-Calédonie. Et ils ont peut-être une solution pour repeupler les récifs…

Bientôt des coraux plus résistants au changement climatique ?


En Nouvelle-Calédonie, l'Institut de recherche pour le développement teste la résilience des coraux face aux changements que devrait connaître l'océan. Reportage.


L’avenir des récifs coralliens est peu radieux. Et pour cause : « Si on arrive à 2°C en plus et à une acidification des océans à moins de 7,7 de pH, le Giec prévoit une perte pouvant aller jusqu’à 90 % des récifs coralliens », alerte Riccardo Rodolfo-Metalpa, chargé de Recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD).


À l’heure actuelle, on pourraait avoir déjà perdu jusqu’à 50 % des récifs sur la Grande Barrière de corail. Brut s’est rendu en Nouvelle-Calédonie pour suivre le travail de l’IRD.


Trois scénarios


Clément Tanvet, doctorant en Écologie marine à l’IRD, étudie l’acidité des bassins. Il envisage trois scénarios possibles pour les années à venir : « On a le pH prévu à la fin du siècle, le pH actuel et le pH prévu dans 30 ans. Et on a fait une dernière manipulation, c'est un pH variable : un pH qu'on va faire varier quotidiennement pour voir si de toutes petites variations ont une influence. » Plus le pH est bas, plus l’eau est acide.


L’IRD analyse trois types de coraux et les compare. « On a des espèces qui viennent d'un site particulier, qui présente des conditions qu'on aura à la fin du siècle. On aimerait vraiment comprendre pourquoi ces coraux arrivent à se développer, tandis que d'autres n'arrivent pas à le faire dans des conditions aussi extrêmes », explique Clément Tanvet.


Comprendre les mécanismes de calcification


Ces coraux plus résistants viennent du site de Bouraké, à 60 km au nord de Nouméa. Ils résistent à des conditions extrêmes en températures, en acidité et en pourcentage d’oxygène. « Notre but, c’est de comprendre le mécanisme qu’ils ont utilisé pour résister et calcifier », développe Clément Tanvet. On appelle calcification le processus par lequel le corail construit le récif corallien, « en utilisant des briques, des ions carbonates, avec du calcium ».


La Grande Barrière de corail possède l’une des biodiversités les plus riches de la planète. La calcification y est très importante : non seulement elle sert d'abri aux espèces, mais elle peut servir nourriture. « Ce qu'on regarde, c'est cette possibilité du corail de faire une calcification plus au moins variée en fonction du pH qui l'entoure », résume Clément Tanvet.


Comprendre la résistance des coraux


Les scientifiques sur place cherchent par ailleurs à savoir si la résistance de ces coraux est due à une adaptation lente à leur environnement depuis des générations, ou s’ils peuvent s'acclimater rapidement à des changements extrêmes. « Le fait d'avoir découvert des coraux qui résistent à des conditions dans la nature nous donne de l’espoir. Bien sûr, on n’est pas naïfs. Il y a des conditions particulières dans ce site », rappelle Clément Tanvet.


Un autre espoir pour l’IRD : une pratique appelée « assisted evolution » – « évolution assistée » en français – ou le fait d’utiliser des souches de coraux pour repeupler des récifs abîmés par le réchauffement. Mais pour le moment, cela relève encore de l’utopie. « Vous imaginez, par exemple, la Grande Barrière de corail en Australie, c’est long comme l’Italie. » Pour l’heure, les scientifiques essaient donc de trouver des souches résistantes pour peut-être, dans 20 ans, les utiliser pour repeupler de petites zones des grands récifs.


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Brut.