Ce boulanger utilise le soleil pour cuire son pain

En Normandie, Arnaud, boulanger et ingénieur, cuit son pain grâce aux rayons du soleil et à son concentrateur solaire. Il livre sa production à vélo et ne possède ni pétrin mécanique ni chambre froide. Brut lui a rendu visite dans son fournil écoresponsable.

Avec ce système, Arnaud, ingénieur et boulanger, parvient à concentrer les rayons du soleil dans un four, que l’on appelle aussi concentrateur solaire. En face de son four se trouve une plaque de 11 m2, ce qui représente 69 petits miroirs. Le matin, cette machine est placée en face du soleil par Arnaud. Durant toute la journée, elle suit le soleil. Quand le ciel est dégagé, chaque miroir va pointer la partie basse du four, une boîte isolée qui permet de monter la température. Au-dessus de ce four, Arnaud y glisse son pain qui pourra ainsi être cuit.

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Comment ça marche un four solaire ? 

Le four solaire peut atteindre 900 degrés, au point focal. “900 degrés, c'est beaucoup trop pour cuire du pain, mais après, c'est rediffusé dans le four. On a besoin d'une heure de préchauffe. Et après, une heure par cuisson. C'est ce qu'on compte habituellement. Après la préchauffe, je compte 15 minutes une fois que les pains sont dans le four. Si j’ai ça, je sais que mes pains seront cuits, peu importe s'il se met à pleuvoir, neiger”, explique Arnaud, artisan boulanger français qui cuit ses pains uniquement avec l’énergie du soleil. 

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Avec ce fonctionnement, il peut cuire entre 110 et 120 kilos de pain par jour en hiver, sur une amplitude de 4 heures de soleil. L’été, les longues journées lui permettent de produire jusqu’à 240 ou 250 kilos de pain par jour, en raison de 38 kilos par fournée. “Les six premiers mois d'activité ici, où je faisais essentiellement de la boulangerie, puisque je fais aussi de la torréfaction maintenant, j’étais en 100 % solaire.On cuisait le pain le dimanche, des fois, c'était le mercredi, le vendredi et on est organisés pour que les clients soient au courant de ça et sachent quand venir chercher leur pain”. Car pour cuire son pain, Arnaud est tributaire de la météo. “On essaye de profiter au maximum du soleil disponible au moment où on travaille. On adapte vraiment tous les savoir-faire de la boulangerie pour se donner le maximum de flexibilité pour s'adapter à la météo du jour. On regarde la météo agricole pour avoir le temps heure par heure. En ce moment, on est plutôt dans les périodes où le temps est assez changeant on peut avoir des surprises d'une journée sur l'autre”. Pour assurer sa production les jours de mauvais temps, Arnaud a fait le choix d’être hybride, en cuisant son pain au feu de bois les jours où le solaire ne peut être utilisé. 


Réduire son impact

Aujourd’hui, des artisans viennent se former auprès d’Arnaud pour apprendre tous les rouages de ce savoir-faire. “Nous sommes une dizaine d’artisans à être installés au solaire”. En dehors de ce mode de cuisson, déjà très éco responsable, le fournil d’Arnaud est dépourvu de pétrin mécanique et de chambre froide, pour être le plus sobre possible. Les pains sont livrés à vélo, grâce à une remorque de livraison. “Les pains sont livrés en vélo jusqu'à Rouen. On livre à des magasins de producteurs, la plupart, et après, on a aussi des points de vente ou c'est des particuliers qui viennent chercher les pains dans des bacs”, confie le boulanger et ingénieur. 

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En plus d’être écologique, Arnaud souligne le gain économique du four solaire. “Un boulanger pourrait très bien presque vouloir ne rien changer à son activité, enlever deux places de parking et mettre un four solaire sur ça et utiliser le four quand il en a envie. Et même s'il ne fait que 15 % de ses fournées dans un four comme celui-ci, je pense qu'il y a beaucoup de boulangers, aujourd'hui, qui aimeraient bien réduire de 15 % leur facture d'énergie”. Pour Arnaud, atteindre les 100 % de production solaire est possible, à condition de ne pas cuire son pain tous les jours mais en respectant plutôt des jours fixes de production. “Ils sont dépendants de la probabilité qu'il fasse beau. Donc nous, en Normandie, on est à peu près à 40 % de probabilité sur l'année. Donc si on arrive à faire un tiers de pain solaire, c'est bien”, affirme-t-il. 

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