"Le français va très bien": le coup de gueule des linguistes

"Vous pensez que vous ne faites jamais d'erreur sur l'accord du participe passé ? C'est faux !" Ils en ont marre d'entendre que le français va mal. Le "déclin" de l'orthographe, la "menace" de l'anglais… Les linguistes Laélia Véron et Monté s'attaquent aux idées reçues sur notre langue.

700 millions de locuteurs francophones d’ici 2050

Les linguistes atterrées, un collectif de 18 linguistes, s'est créé pour lutter contre les "idées fausses sur la langue française”, et pour eux : Le français va très bien, merci. Ensemble, ils ont écrit ce tract : Tract (N°49) : Le français va très bien, merci. Pour Laélia Véron, linguiste, maitresse de conférences, dire que le français se porte bien est une manière de répondre à d’autres discours qui forment un véritable marché de la peur qui affirme que le français va mal, avec de nombreuses phrases avec des fautes et une jeunesse qui utilise de moins en moins bien la langue. 

La langue bretonne en voie de disparition


Selon certaines estimations, d’ici 2050, il y aurait entre 700 millions et jusqu'à 1 milliard de locutrices, de locuteurs francophones. “Donc le français va bien dans ce sens qu'il ne va pas disparaître. Au contraire, il y aura de plus en plus de personnes qui vont parler français”, explique Laélia Véron. Celle-ci nuance pourtant le fait que “tout irait bien” alors que la langue fait face à des difficultés, notamment dans la formation et l'enseignement du français, avec des professeurs qui rencontrent des difficultés sur le terrain. “On pense aux difficultés qu'ont des fois les gens pour s'exprimer, pour se comprendre. Mais simplement, on voudrait différencier, justement, ces problèmes-là, qui peuvent être réels, des discours déclinistes, catastrophistes, qui vont confondre justement la langue et les pratiques, les institutions, l'enseignement de la langue. Il faut essayer de différencier tout ça, c'est notre travail”

Ils apprennent la langue sifflée occitane pour qu’elle perdure


Pour Monté, linguiste et vidéaste, les langues ne sont pas exclusives. “C'est ce qu'on dit dans le tract, aussi, les langues, elles ne sont pas exclusives les unes des autres. Parler plusieurs langues, c’est bien aussi. Il y a aujourd'hui, je pense, aucune langue, vraiment, qui est une menace pour le français. L'anglais n'est pas une menace pour le français en tant que langue, par contre, la position de l'anglais en France pose question, et des questions politiques, et des questions de politique linguistique. Pour moi, c'est deux choses, quand même, qui sont différentes”. Pendant très longtemps, l’italien était également une langue qui a connu une grande lubie à la Renaissance. “On en a conservé une partie et une partie a disparu depuis. Enfin, on ne peut pas vraiment faire de prédiction, mais il est probable que ça suive une trajectoire similaire, où une bonne partie des anglicismes qu'on utilise aujourd'hui, sont en fait symptomatiques de notre époque et n'ont pas forcément vocation à rester”, ajoute Monté. 

L'apprentissage des langues par l'hypnose


À la question “Le français oral n'est pas moins valable que le français écrit ?”, Laélia Véron explique qu'on voit souvent le français oral comme une version dégradée du français écrit. “Il y aurait le français écrit, qui serait le bon français, puis la manière dont on parle, qui serait juste une version un peu moche, un peu restreinte. Alors, déjà, c'est très intéressant d'étudier le français oral, et puis il répond effectivement à d'autres règles”. Il existe un écrit oralisé, notamment avec les nouvelles technologies qui “brouillent les frontières” entre le français écrit et oral. 


Aujourd'hui, souligne Laélia Véron, il existe une réelle pression sociale autour de la bonne orthographe. “Il y a des particularités de l'orthographe qui peuvent être importantes, nécessaires pour la compréhension, des phénomènes d'accords, de comprendre quel mot porte sur quel mot, quel mot va avec quel mot, l'accord sujet-verbe, l'accord adjectif avec le nom. Ça, c'est une orthographe qui fait sens et je pense que c'est important de la maîtriser. Et je refuse de croire que l'intérêt de la langue est juste dans la bizarrerie, qui serait élégante, justement parce qu'elle est arbitraire, est unique. La langue, c'est bien plus intéressant que ça”. 

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