Comment le travail forcé des Ouïghours alimente l'industrie textile mondiale

Enfermés dans des camps, les Ouïghours seraient un million à y subir de la torture, des viols, des campagnes de stérilisation forcée… Et certains vêtements que nous portons sont issus de leur travail forcé.

Industrie du textile : le travail forcé des Ouïghours


Enfermés dans des camps, les Ouïghours seraient un million à y subir la torture, des viols, des campagnes de stérilisation… Et certains vêtements que nous portons pourraient bien être issus de leur travail forcé.


Gap, C & A, Adidas, Muji, Tommy Hilfiger, Lacoste, Calvin Klein… Ces marques sont pointées du doigt par une coalition de groupes de défense des droits humains pour leur lien avec des sous-traitants qui ont recours au travail forcé des Ouïghours. Ça se passe dans le Xinjiang, où vit ce peuple turcophone, majoritairement musulman, contre lequel Pékin mène une politique répressive et un génocide culturel.


84 % de la production mondiale de coton provient du Xinjiang


« De nombreuses grandes entreprises de l'habillement, y compris des sociétés comme Patagonia, Gap ou Nike, se sont par le passé approvisionnés au Xinjiang. Mais je pense que l'un des vrais défis est que les chaînes d'approvisionnement en vêtements sont maintenant si complexes que les entreprises ne savent même pas nécessairement qui sont tous leurs fournisseurs, ou même si elles peuvent identifier tous les fournisseurs. Il leur est difficile de savoir que 80 % du coton chinois est cultivé au Xinjiang », analyse Sophie Richardson, spécialiste de la Chine chez Human Rights Watch.  


1 vêtement en coton sur 5 vendu dans le monde contient du coton ou du fil produit dans le Xinjiang, d'après le rapport établi par les 190 organisations. De plus, 84 % de la production mondiale de coton provient du Xinjiang. Selon les entreprises concernées, savoir dans quelles conditions sont réalisés leurs produits est une tâche délicate, voire irréalisable. 


« Les Ouïghours sont surveillés dans tous les aspects de leur vie »


La coalition leur a ainsi demandé de quitter la région dans un délai d’un an. Sophie Richardson : « Les Ouïghours sont surveillés dans tous les aspects de leur vie. On fait même venir des fonctionnaires chez eux pour observer leur comportement. Lorsqu'ils participent à ces programmes de travail d'État, où ils sont employés par des usines qui ont des relations étroites avec l'État, ce niveau de surveillance ne disparaît pas. Il est donc impossible pour les gens, par exemple, de parler à un inspecteur indépendant dans une usine sans craindre qu'il leur arrive quelque chose, à eux ou aux membres de leur famille », s’insurge Sophie Richardson.


Qui poursuit : « Ils ne peuvent pas nécessairement quitter leur emploi s'ils ont des plaintes à formuler sur la façon dont ils sont traités dans ces usines ou dans ces emplois. Il leur est impossible de faire valoir ces plaintes et d'obtenir un résultat positif sans craindre des représailles, que ce soit de la part de l'usine elle-même, de la direction, de l'entreprise ou des autorités locales. »


Torture, viols, cellules surchargées, campagnes de stérilisation…


Au moins un million de musulmans seraient internés dans la région du Xinjiang. La Chine, elle, dément ce chiffre et affirme qu'il s'agit de centres de formation professionnelle pour aider la population à trouver un emploi et à s'éloigner de la tentation de l'extrémisme islamiste.


Un mensonge, d’après Sophie Richardson : « Il y a eu de violentes attaques de la part des Ouïghours dans la région, mais elles sont de très petite envergure. Et si les États ont l'obligation d'assurer la sécurité publique, la bonne réponse est de ne pas traiter toute la population de la région ou de cette communauté ethnique comme des terroristes alors qu'il n'y a littéralement aucune preuve pour étayer cette affirmation. »


Depuis 2014, les Ouïghours subissent une politique de plus en plus répressive. À la répression de la police se sont ajoutés les camps d’internement. Torture, viols, cellules surchargées, campagnes de stérilisation forcées… Les conditions de vie y sont inhumaines.


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