Elles traduisent en langue des signes les concerts

Aurélie et Perrine pratiquent le chansigne. Sur scène, elles traduisent en langue des signes les paroles et l'énergie de l'artiste pour le public sourd ou malentendant. Brut les a suivies sur la scène de Soprano aux Vieilles Charrues.

“Tout le monde est sur un même pied d’égalité”

“Le but, c'est vraiment qu'une personne sourde ou malentendante puisse se dire: :‘Je peux venir partager avec mes amis qui sont entendants.’ Tout le monde est sur un même pied d'égalité”. Ce dimanche 16 juillet, Soprano a mis le feu sur la scène Glenmor du festival des Vieilles Charrues. À ses côtés se sont tenues Aurélie et Perrine, interprètes en langue des signes, qui ont traduit son concert d’une heure et demie. Une innovation pour cette 31e édition puisque ce chansigne, avec autant de public, est une première en France. 

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Au rythme de la musique, elles ont traduit par la langue des signes les paroles du rappeur, un show qui leur a demandé trois mois de travail et de préparation. “On contacte les festivals et si le festival est intéressé, il va regarder les artistes qui sont programmés au festival et, ensuite, ils vont sonder qui est intéressé pour partager la scène avec nous et pour qu'on traduise leur répertoire.”, indique Aurélie. Le rappeur Soprano, intéressé par la démarche, a répondu présent. “Soprano, ça touche toutes les personnes, toutes les générations. Donc on sait que ça va. Et donc là, Il y a un impact qui est très fort, d'avoir choisi aussi cet artiste-là.


Si le chansigne existe depuis longtemps, Aurélie et Perrine voulaient, elles, se focaliser sur les concerts et les festivals, pour les rendre plus accessibles. En s’orientant sur cette voie, elles confient qu’il y avait effectivement une demande de la part des artistes et que le public sourd était aussi au rendez-vous. “Au départ, les festivals sont souvent sensibles à la démarche, mais ils se demandent s’il y aura vraiment du monde, si les personnes vont être au rendez-vous, est-ce que ça va fonctionner et comment ça va rendre sur scène. Donc il y a toujours des petites interrogations.”, indique Aurélie. En attendant, place à la préparation du show avec la logistique. “On va voir où on va se trouver sur scène, est-ce qu'on va être filmées pour être retransmises sur les écrans géants qui se trouveront des deux côtés de la scène. 70 000 personnes devant nous, quand même, retransmission sur écran géant, Soprano... Le tout cumulé, ça fait un petit peu de pression.”

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Rendre la culture accessible 

L'objectif du chansigne est de rendre plus accessible la culture pour une personne sourde ou malentendante. “Le but, c’est qu'elle puisse se dire : ‘OK, il y a un festival qui se passe à côté de chez moi, ou peu importe, j'ai envie d'aller en Bretagne, découvrir une autre région, je suis malentendant mais c'est accessible, et je ne me pose pas la question de : comment je vais faire? Je peux venir partager avec mes amis qui sont entendants, avec mes enfants qui sont entendants et moi, je suis sourd.’” 


Pour les deux traductrices, ce show demande beaucoup de travail et de synchronisation entre la parole et les gestes. La traduction demande aussi du temps. “Pour traduire l’argot, on doit faire passer le sens. Quand on interprète, c'est le sens avant tout. Et ça va être dans l'attitude, ça va être dans les expressions du visage. Il faut avoir une attitude. La même qu'il véhicule, tout simplement. Donc d’abord, t'apprends par cœur en français, ensuite, tu traduis en langue des signes et tu dois retenir cette traduction et la caler en musique, pile-poil synchro”. 

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Se sentir utile 

Avec le chantsigne, Aurélie et Perrine se sentent utiles et profitent du moment, tout en permettant aux autres d’en profiter. Après la fin du show, les deux interprètes partagent leur expérience : “Ça s'est bien passé. Le show était super, très bonne expérience. Impeccable. C'est du jamais-vu, voilà ! En tant que nous, être humain à vivre ça… Voilà, c'est une première avec autant de gens. Il n'y a jamais eu un chansigne devant autant de personnes. En France, c'est la première fois. Donc tout ce travail a porté ses fruits. Que ça continue de se développer, que le public soit au rendez-vous, et qu'on profite tous ! C'est que du bonheur de découvrir, en plus, des artistes comme Soprano qui véhiculent une telle énergie, des belles valeurs. C'est que du bonheur !”, confie Aurélie.  

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