En Guyane, l'épidémie de Covid-19 fait toujours des ravages

Pendant ce temps-là en Guyane, le nombre de cas de Covid-19 a doublé en une semaine. L'état d'urgence sanitaire a été prolongé dans le département jusqu'au 30 octobre.

En Guyane, l’épidémie de Covid-19 ne faiblit pas


Dans cette collectivité territoriale française frontalière du Brésil, le stade 3 de l'épidémie a été prononcé. En une semaine, le nombre de personnes atteintes du virus a doublé.


« En Guyane, on est à la fois la France et pas la France, on est aussi l'Amérique latine. On pâtit du fait qu'on est sur deux continents avec des règles différentes, des climats différents, des cinétiques différentes et donc on a déconfiné comme tout le monde et puis bim, à ce moment-là ça s'est mis à flamber au Brésil », alerte Loic Epelboin, médecin épidémiologiste au Centre hospitalier de Cayenne.


Des populations qui vivent à cheval entre la Guyane et le Brésil


Dans le même temps, la France se déconfine. Et les cas explosent en Guyane. « On est à côté d'un pays de plus de 200 millions d'habitants et dont le nombre de cas identifiés de Covid-19 est passé à 1 million. On a une sorte de géant à côté qui est positif », déplore le médecin épidémiologiste. La Guyane vient quant à elle de passer au stade 3 de l'épidémie de Covid-19. En une semaine, le nombre de personnes atteintes du virus a doublé.


Car en termes de protection contre le virus, la frontière géographique ne peut pas grand-chose. « On a des populations qui vivent à cheval depuis toujours sur les deux côtés de la frontière », explique Loic Epelboin. Conséquence directe du rebond de l’épidémie : le système de santé guyanais, déjà en souffrance, est totalement surmené.


L’aide de la réserve sanitaire


Après avoir combattu le Covid-19 à l’hôpital public de Strasbourg, l’infirmier anesthésiste Stéphane Humeau a rejoint la Guyane pour une mission d'un mois. « Comme on a reçu de l'aide de nombreux soignants, à Strasbourg, qui venaient d'un peu partout en France, et également de la réserve sanitaire, il était logique pour moi de proposer mon aide dans une situation plus aigüe, ailleurs », argumente l’infirmier.


Cet engagement ne date pas d'aujourd'hui : Stéphane Humeau est engagé à la réserve sanitaire depuis nombreuses années, et il est infirmier-pompier volontaire. « Les crises, il faut être prêt à y participer quand les gens ont besoin d'aide. Quand on choisit d'être dans le métier de la santé, c'est aussi un choix. C'est de vouloir s'occuper des autres, ce sont des valeurs qui nous meuvent et nous transportent. »


L'état d'urgence sanitaire prolongé jusqu'au 30 octobre en Guyane


La réserve sanitaire est constituée de professionnels de santé volontaires et mobilisables par le ministère de la Santé. Actuellement, Stéphane Humeau travaille à Camopi, un village amérindien de la forêt amazonienne situé près de la frontière brésilienne. « Être volontaire pour la réserve sanitaire, c’est pour moi aussi un acte citoyen. On vient en appui, on ne vient pas tout réformer ou expliquer comment il faut qu'on fasse. On n'est pas des experts, on ne connaît pas la Guyane, on ne connaît pas la population locale », tempère l’infirmier anesthésiste.


D’autant que les conditions de travail n’ont rien à voir en France métropolitaine et en Guyane. « À Strasbourg je rentrais, j'avais mon lit, je dormais bien. Je n'avais pas de problème pour manger, tout allait bien. En Guyane, il faut gérer la fatigue différemment avec des conditions climatiques, avec d'autres modes de fatigue. » L'état d'urgence sanitaire en Guyane, comme à Mayotte, a été prolongé jusqu'au 30 octobre alors qu'il se terminera le 10 juillet en métropole.


Maud Le Rest


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