Lilian Thuram dénonce le racisme dans le football

"C'est extrêmement dangereux de nier le racisme, et venant de la Fédération française de foot, c'est juste surréaliste." Les mots forts de Lilian Thuram à l'Assemblée nationale à propos du racisme dans le football.

C’est une violence d'entendre quelqu'un dire qu'il n'y a pas de racisme, que ce soit le président de la Fédération, le président de la République ou n'importe qui. En fait, c'est nier ce que vous êtes en train de vivre”. A l’Assemblée nationale, l’ancien footballeur français, originaire de Guadeloupe, Lilian Thuram, s’est exprimé à propos du racisme dans le football. “Ça veut dire que, quelque part, les personnes qui dénoncent le racisme, ce sont des menteurs. Mais là encore, ça revient à une culture. C’est-à-dire qu’en règle générale, les personnes qui dénoncent le racisme finissent par être vues comme des menteurs. Et d’ailleurs, moi-même, par exemple, j'ai été éduqué à travers l'idée que si tu subis le racisme, c'est pas grave, tu dis rien et tu avances”. 

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“Si, il y a du racisme dans le foot”


Selon lui, les victimes de racisme s’expriment peu “parce que historiquement, les parents savent très bien que cela va se retourner contre vous. D’ailleurs, moi-même, quand j'ai commencé à parler de la problématique du racisme, il y avait des gens qui me disaient : "Ah mais ça va, tu exagères." Bah non, j'exagère pas”. Il affirme que nier le racisme est un acte “extrêmement dangereux et venant de la Fédération française de foot, c'est juste surréaliste”. Il rappelle que “la première fois qu'il y a eu un joueur noir en France, ça date pas de de deux jours hein. Je crois que c'est les années 1930. Lorsque vous voyez la composition de l'équipe de France, comment vous pouvez mépriser ces gens-là”.

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Il l’affirme: “Il y a du racisme dans le foot”. Pourquoi ? “Parce que dans la société, il y a du racisme. Le problème, c'est pas le foot, c'est la société et la première des choses, si on veut avancer, c'est reconnaître qu'il y a du racisme. Et le fait de reconnaître qu'il y a du racisme, c’est simplement dire aussi aux personnes qui subissent le racisme : “En fait, nous sommes conscients de ce que vous vivez et vous avez le droit de dénoncer le racisme.” Et ça, c'est très important, parce qu'encore une fois, les personnes qui souffrent, qui souffrent, c'est une violence, et donc il faut aussi leur dire : “Vous avez le droit de dénoncer le racisme, vous avez le droit de vouloir plus de justice et nous nous allons vous accompagner, parce que nous aussi, nous pensons que la justice est quelque chose de primordial dans le football et dans la société.”

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“En 2023, la grande majorité des gens ne connaissent pas les stratégies de lutte pour avancer”


Pour l’ancien joueur international, Lilian Thuram, “être éduqué à comprendre les mécanismes, c'est fondamental pour comprendre qu'effectivement tout changement advient grâce à une minorité de gens. Parce que très souvent, les joueurs vont se dire "nous ne sommes pas assez nombreux”. Déjà, ils ont tort, parce que ce n’est pas le nombre qui fait la différence. C'est une minorité qui fait changer les choses, mais la plupart des gens ne connaissent pas l'histoire et donc ils ne savent pas comment appréhender les choses.

Donc c'est pour cela que, pour répondre à votre question, oui, en 2023, la grande majorité des gens ne connaissent pas l'histoire du racisme et donc ne connaissent pas les stratégies de lutte pour avancer”.

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En parlant d’éducation, Lilian Thuram précise qu’il signifie “aller analyser les choses avec sérieux, et analyser la société dans laquelle nous vivons aujourd'hui, et tirer le fil pour comprendre que ça vient d'un passé. Honnêtement, si c'est pour dire "non racisme, non au sexisme, non à l'homophobie”, ah ben, on sait très bien, il faut le faire, mais ça ne va pas avancer rapidement, et aujourd'hui, c'est ce qu'on fait. Et c'est pour ça que ça n'avance pas, parce qu’en fait, c'est traité d'une façon extrêmement superficielle”.

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