Les violences faites aux femmes pendant le confinement

Pendant ce temps-là, la période de confinement fait craindre aux associations qui viennent en aide aux victimes une recrudescence des violences conjugales et sexuelles.

Confinement : les associations craignent une recrudescence des violences faites aux femmes


« Ça va être difficile d’appeler à l’aide, de trouver une respiration en dehors de la maison, du conjoint », prévient Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes.


« On a peur d’une augmentation des violences conjugales. Parce que le contexte est assez préoccupant étant donné que les familles sont concentrées dans de petits espaces », alerte Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes.


« Dans les périodes avec beaucoup de stress, ça peut vite dégénérer »


Car la période de quarantaine est problématique à plusieurs égards. D’abord, il devient quasi impossible d’appeler à l’aide pour les femmes victimes de violences. « Leur conjoint est constamment sur leur dos », développe Anne-Cécile Mailfert. Ensuite, le confinement exacerbe les tensions. « On sait aussi que dans les périodes avec beaucoup de stress, dans de petits endroits, lorsqu’il y a des personnes violentes, des hommes violents en l'occurrence, ça peut vite dégénérer. » Autres victimes potentielles de cette situation extraordinaire : les enfants, qui sont, très souvent, victimes de violences comme leur mère.


Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, acquiesce. « Depuis près de 20 ans, je travaille sur la question de l’accompagnement des femmes. J’ai toujours constaté, comme beaucoup d’autres expertes et comme beaucoup d’autres féministes, que les violences conjugales survenaient majoritairement dans les périodes où il y avait un rapprochement de la famille physique, et du désœuvrement. » Sur les 10 dernières années en effet, on a constaté un pic de violences conjugales et de féminicides le dimanche, pendant les vacances scolaires, l’été et pendant les fêtes de Noël, poursuit la secrétaire d'État.


Depuis plusieurs jours, le 3919 ne fonctionne plus


Pourtant, depuis plusieurs jours, le numéro d'appel 3919 pour les femmes victimes de violences conjugales ne fonctionne plus. L’État et les associations affirment qu’ils sont en train de restructurer les services. « Dès le 23 mars, avec la Fédération Nationale Solidarité Femmes qui gère le numéro du 3919, nous avons lancé un plan de continuité pour faire en sorte que le numéro du 3919 perdure », assure Marlène Schiappa.


En attendant, il est possible d’envoyer des mails aux associations, ou d’utiliser des chats dédiés, comme le chat de l’association « En avant toutes ». « Vous pouvez discrètement envoyer des messages. Surtout, n’hésitez pas à appeler à l’aide. Il y a des personnes qui sont encore là et qui peuvent encore vous répondre », rappelle Anne-Cécile Mailfert. Par ailleurs, la plateforme ArretonslesViolences.gouv.fr fonctionne, affirme Marlène Schiappa. « Elle permet aux femmes victimes de violences sexistes et sexuelles, mais aussi aux témoins, de saisir la police. Derrière l’écran il y a des policières, des policiers, des gendarmes formés au traitement des violences sexistes et sexuelles qui peuvent écouter, accompagner mais aussi organiser des enquêtes et des interventions de la police.* »


En 2019, 149 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon


Enfin, il existe une autre solution : être mise en relation avec un voisin qui peut vous venir en aide. Anne-Cécile Mailfert développe : « Des applications comme App-Elles, sont très faciles à télécharger sur votre téléphone portable. Ça permet de prévenir des personnes de votre entourage de manière discrète. Vu le confinement, ça ne peut être que des voisins, mais des personnes de votre entourage peuvent aussi enregistrer ce qu’il se passe. Ce genre d’applications, et en attendant la réouverture des numéros, peut aussi permettre d’avoir de l’aide sans avoir à sauter le pas de la police immédiatement. » En 2019, 149 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon, indique le collectif source Féminicides par compagnon ou ex.


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