On en est où de notre rapport au travail ? – Brut Philo

"Qui a envie de travailler plus ?" BRUT PHILO. Retraite, semaine de 4 jours… Mais au fait, on en est où de notre rapport au travail en 2023 ? On a posé la question à la philosophe Julia de Funès.

On peut travailler mieux, sans doute, en travaillant moins”


On a envie de travailler moins. Qui a envie de travailler plus ? Même s'il y a des métiers qui permettent un accomplissement, et puis pour certaines personnes c’est le sens de leur vie. Mais en tout cas, le travail est un moyen au service de l'existence. Donc pour moi, ce à quoi on assiste, c'est très valorisant et très intéressant. C'est-à-dire qu'on ne place plus tout ce sens dans le travail. Aujourd'hui, on redéplace le travail, on en fait un moyen, et pour s'épanouir, pour s'éclater, pour s'enrichir, peu importe, tout ce que vous voulez, mais le but de la vie, c'est vraiment la vie et c'est plus du tout le travail. Et donc ça, c'est une très bonne nouvelle”. Julia de Funès est philosophe. Elle est l’autrice du livre “Le siècle des égarés : pour finir avec ces identités qui nous figent”. Elle revient sur Brut sur la notion de travail en 2023. 

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Le travail ne peut plus être pensé comme une valeur morale en tant que telle. Une valeur morale, c'est vouloir la chose pour elle-même. L'amour est une valeur morale, la générosité est une valeur morale, le travail ne peut pas l'être” affirme la philosophe qui ajoute : “C'est pas forcément travailler moins et produire moins. Il faut toujours produire. Le travail est essentiel, un pays ne peut pas fonctionner sans produire. Mais on peut travailler mieux, sans doute, en travaillant moins. Ce n'est pas, encore une fois, un calcul quantitatif d'heures de travail. La semaine de quatre jours est un très bon exemple. Les gens ne travaillent pas moins, Les gens moins en termes de temporalité, bien sûr, mais ils ne travaillent pas moins bien. Donc tout l'enjeu, c'est de faire en sorte le moins de temps possible et le plus efficacement possible”. 

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Vous voyez bien qu’il y a un mouvement d'individualisation qui va très fort”


Julia de Funès note également l’envie de certains travailleurs de retrouver du sens à leur vie professionnelle : “Ce qui est très intéressant avec les métiers manuels, c'est qu'on se rend compte aujourd'hui qu'il y a un phénomène, qui n'est même plus un épiphénomène, où beaucoup de gens quittent tout, alors qu'ils ont des très beaux métiers, des belles formations, des belles rémunérations, et la plupart du temps, c'est toujours pour la même chose : soit un métier manuel, soit un métier relationnel, c'est-à-dire où il y a de la matière concrète et où on voit immédiatement le sens, la finalité, de manière concrète et tangible, de ce qu'on est en train d'entreprendre. Aujourd’hui les métiers qui font le plus sens sont les métiers qui ont vraiment de la matière et la technicisation des tâches, la technicisation des métiers font que, parfois, les métiers les plus intellectuels, les plus abstraits créent une souffrance liée à l'absence de sens”.

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Interrogée à propos de l’avenir des formes de travail, et des manières de travailler, la philosophe répond : “Je n'aime pas les prédictions mais en tout cas, on voit, comme une force qui va qu'on va vers plus de libération dans toutes les sphères de notre société. C’est pas seulement sur le travail. On s'auto-médicamente beaucoup plus, les mouvements politiques s'auto-instituent : En marche, Zemmour, les Gilets jaunes, etc. À l'école, ce n'est plus l'autorité du maître qui compte, c'est la psychologie de l'enfant. Donc vous voyez bien qu'il y a un mouvement d'individualisation. Les auto entrepreneurs et les libéraux ne cessent d'augmenter. Vous voyez bien qu’il y a un mouvement d'individualisation, d'autonomisation qui va très fort et contre lequel il est vain, à mon sens, de lutter.

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Au cœur de la vie de l'homme réside son désir de créer, de laisser une empreinte de son passage sur cette terre. Chaque produit de son travail est le fruit d'une technique façonnée par notre activité créatrice. Les hommes, dans leur quête incessante, fusionnent la technique avec l'essence humaine, reliant ainsi l'activité à l'humanité.  L'emploi, condition fondamentale de notre histoire, a façonné la société à travers les âges. Il a évolué, du simple acte de subsistance à une expression complexe de l'activité humaine, liant le corps, l'esprit et la politique.  En fin de compte, le travail est l'œuvre par laquelle l'homme inscrit son empreinte dans le grand livre de l'humanité, avec la vue d'offrir des moyens à sa société et à lui-même. C'est une manifestation de notre capacité à comprendre la nature, à exploiter les techniques et à exercer notre libre arbitre. Dans cette quête, nous sommes à la fois les maîtres et les élèves, les artisans et les chercheurs, les producteurs et les visionnaires, liant ainsi le passé, le présent et l'avenir dans une continuité inextricable.

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