Quand la lumière artificielle a changé notre façon de vivre

"L'avènement de la lumière artificielle a beaucoup changé notre manière de vivre." L'autrice Emma Carenini nous raconte l’histoire méconnue d’une révolte survenue en 1282 quand il fut question de ne plus caler les journées de travail sur la lumière du soleil…

Une journée de travail dictée par le soleil

Au Moyen-Âge, le travail dans les sociétés agricoles était structuré en fonction de l’ensoleillement. La journée commençait au lever du soleil, pour se terminer à son coucher. Les employeurs qui cherchaient à rallonger leurs journées ont alors essayé d’imposer d’autres instruments de mesure du temps que le soleil, comme les cloches de travail. Emma Carenini, autrice de Soleil : Mythes, histoire et sociétés, qui a travaillé sur cette question l’explique : “Ils vont sonner le travail quand ils veulent, et c'est plus le soleil qui dicte le début ou l'arrêt du travail. Ça, ça va susciter un certain nombre d'indignations, de révoltes et d'insurrections. Et on a une histoire, comme ça, en 1282 dans une mairie en France, un maire qui impose les cloches de travail et tous les paysans qui s'insurgent et qui vont assassiner le maire et la cloche est détruite.” 

La réalité du travail à l'usine


Cette histoire qui paraît anecdotique rappelle à nos générations que le travail fut autrefois normé et rythmé naturellement par le cycle du soleil. “C'est quelque chose qu'on a oublié, peut-être, nous, qui peut-être n'hésitons pas à sortir du bureau à pas d'heure la nuit ou qui commençons très tôt. Avant, les gens travaillaient avec l'ensoleillement, avec le soleil. Et je trouve qu'en fait, de ce point de vue, le soleil est un peu une forme d'espace de résistance normative, ou en tout cas, une sorte de norme naturelle qu'on pourrait opposer à la logique du progrès, de l'immodération du progrès technique.

On en est où de notre rapport au travail ? – Brut Philo


Métaphoriquement, c’est la lumière du soleil face à la lumière bleue des écrans de nos jours. Emma Carenini indique notamment que l’avènement de la lumière artificielle a beaucoup changé notre manière de vivre, notre rapport au travail, au temps car celle-ci fonctionne en permanence. “C’est exactement la transition qu'ont vécue les gens qui sont passés des champs aux usines. Pendant la révolution industrielle, vous avez de l'éclairage artificiel qui permet de travailler tout le temps, qui repose aussi sur l'idée de la disponibilité permanente. C'est un peu notre disponibilité permanente qui nous éloigne un peu de la texture rythmique du jour qui repose sur le soleil, qui repose sur cette alternance cyclique du soleil qui se couche et qui se lève tous les matins.”

Au Parlement, elle évoque les difficultés des nouvelles mères au travail

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Brut.