Violées, elles témoignent sur les réseaux sociaux

"Je veux donner du courage aux autres, même si moi, ça me fait du mal d'en parler." Sur les réseaux sociaux, comme Marie, des victimes de viol prennent la parole à visage découvert.

Des femmes victimes de viol témoignent sur les réseaux sociaux


Elles ont décidé de parler à visage découvert pour faire prendre conscience de l’ampleur du phénomène.


Marie avait 15 ans quand elle a été violée par son compagnon, âgé de 18 ans. « Une nuit, je me suis réveillée, et ce garçon avait baissé mon pantalon. Il était en train de me pénétrer pendant mon sommeil. On n'avait jamais eu de discussion sur le consentement dans cette situation. Je ne me souviens plus trop de cette scène car je suis vraiment sortie de mon corps. Je n’ai pas pu dire non parce que je n'arrivais pas à parler. J'étais pétrifiée », se souvient la jeune femme.


Des témoignages sous le hashtag #vousnenousferezplustaire


Sur les réseaux sociaux, comme Marie, des victimes de viol prennent la parole à visage découvert. « C'est le moment de créer une révolution de parole pour qu'on arrête de parler à notre place, estime Marie. Je veux aider les autres et donner du courage aux autres. Même si moi, ça me fait du mal d'en parler, si ça peut aider les autres, c'est mon but. »


Cette vague de témoignages est née sur TikTok fin avril, d'abord aux États-Unis. Face caméra, de jeunes victimes racontent le viol qu'elles ont subi en reprenant les paroles de chansons populaires. Anna Toumazoff, créatrice du compte Instagram @memespourcoolkidsfeministes, a relayé ces témoignages et appelé les Françaises à parler sous le hashtag #vousnenousferezplustaire.


« Beaucoup de jeunes qui ont grandi avec les réseaux sociaux utilisent leur propre image »


« On voit ces personnes qui sourient, puis pleurent, puis affichent une expression de détermination. C'est extrêmement important de voir tout cet éventail d'émotions, parce que ça correspond à différentes phases chez les victimes », estime Anna Toumazoff.


« #MeToo, c'était vraiment pour dire ce qui se passe, qu’il y a beaucoup d'agressions, qu’il y a beaucoup de viols dans la société. Mais c'était de l'écrit. Là, beaucoup de personnes jeunes qui ont grandi avec les réseaux sociaux utilisent leur propre image, qui était savamment construite. C'est une nouvelle mise en danger. Je pense que c’est une nouvelle vague parce que ça prend une autre dimension », analyse l’instagrammeuse.


« Certaines personnes découvraient cette réalité »


Depuis qu’elle a commencé à collecter des témoignages, Anna Toumazoff a reçu plus de 2.000 messages. « Certaines personnes découvraient cette réalité. Beaucoup de garçons pleuraient en voyant les stories », constate-t-elle. D’autres la remerciaient, d’autres encore sortaient du déni en voyant affluer les récits glaçants des victimes.


Aujourd’hui en France, plusieurs associations viennent en aide aux victimes de viol. Le premier numéro vert – gratuit et anonyme – est celui du Collectif féministe contre le viol, « Viols Femmes Informations », au 0800 05 95 95. Il y a quelques mois, la journaliste Giulia Foïs, autrice d’un livre où elle raconte son viol, conseillait vivement aux victimes d’appeler ce numéro.


« Appelle-les quand t'es prête. Il ne se passera rien de juridique, il se passera rien de policier à ce stade. Tu auras des personnes qui sont formées, qui sont prêtes à t'entendre et qui pourront te guider dans cette prise de parole, qui pourront t'orienter vers les bonnes personnes. Je te jure que ça fait un bien fou de sentir qu'on n'est plus seule. Et tu n'es pas seule. On est plein. »


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Brut.