Elle mène des expériences sur le blob

Elle mène des expériences sur une créature extraordinaire qui remet en question la notion d'intelligence : le blob. On a visité le labo de la scientifique Audrey Dussutour au CNRS de Toulouse.

“On n'a pas besoin de système nerveux pour apprendre”


“On étudie le comportement d'un organisme qui n'est pas un animal, qui n'est pas un végétal et qui n'est pas une plante. C'est un organisme un peu unique. Malgré qu'il soit composé d'une seule cellule, et donc il n'a pas de système nerveux, il est tout à fait capable de résoudre des problèmes que l'on peut juger complexes.” Audrey Dussutour est directrice de recherche au CNRS. Avec son équipe, elle étudie un être particulier : le blob. Elle est la spécialiste de cet organisme unicellulaire, et effectue ses expériences à Toulouse. Elle en a même écrit une BD, “Moi le blob”, en collaboration avec Simon Bailly. “Le blob est rentré dans la culture pop, je crois”, pense-t-elle. 

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Le blob remet en question la notion d’apprentissage à travers les organismes. “Quand le blob rencontre un répulsif pour la première fois, il a énormément de difficulté à se déplacer sur le pont. Mais si on demande au blob de faire ça plusieurs fois, ce qu'on va voir au bout d'un certain temps, c'est que le blob arrive à se déplacer très rapidement sur le pont, même si c'est le même pont. Et là où le blob ne s'arrête pas là, bien sûr, c'est que, comme il peut fusionner avec ses congénères, il peut transmettre cet apprentissage à un blob complètement naïf s'il fusionne avec lui. (...) Quand on voit la définition d'un apprentissage, on s'appuie souvent sur le système nerveux. Le blob, il nous démontre que finalement, on n'a pas besoin de système nerveux pour apprendre.”

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“Chaque blob a un petit peu son individualité”


Cet organisme repousse également les limites du vieillissement et de la mortalité. “C'est des blobs qui ont différents âges. Donc ici, c'est notre plus vieux blob, il a deux ans et demi, quand même, ce qui est assez vieux pour un blob. On essaie de comprendre comment le blob arrive à rajeunir. Parce que le blob au bout d'un certain temps, il démontre, en fait, des signes de vieillesse. Et là où c'est magique, c'est si on endort le blob et qu'on le le ravive. Il est tout jeune à nouveau, donc il peut vivre, finalement, presque éternellement.”

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“Chaque blob a un petit peu son individualité. Ils sont tous différents les uns des autres et il y en a des plus rapides, il y en a qui ont, par exemple, des meilleures performances dans les prises de décision, il y en a qui arrivent à résoudre le labyrinthe plus ou moins bien, et donc on choisit souvent le blob qui est adapté à l'expérience. Donc si on a envie d'en avoir un résultat rapidement, on va prendre un blob comme Malu, qui se déplace très rapidement et surtout qui est très goulu. Malu, il triple de taille tous les jours”, ajoute Audrey Dussutour.

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Un organisme fondamental pour les plantes


Pour elle, étudier le blob a un réel avantage pour comprendre le monde qui nous entoure. “Ça fait énormément progresser les connaissances, parce qu'il nous questionne, le blob. Il nous questionne sur ce qu'on connaissait des organismes vivants. Il nous démontre que finalement on ne connaît rien, qu'il y a plein d'organismes dans nos forêts dont on n'a même pas conscience parce qu'ils sont unicellulaires. Or, la biomasse des unicellulaires. Si on prend tous les organismes qui sont composés d'une seule cellule sur toute la surface de la terre, c'est 32 fois la biomasse de tous les animaux, humains y compris.”

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“Et ça, ça nous donne un petit peu d'humilité aussi. Ces organismes sur lesquels on marche en forêt, ils ont quelque chose à dire et ce sont des organismes qui sont fondamentaux dans les écosystèmes, puisque les myxomycètes, donc la grande classe des blobs, ce sont des organismes qui mangent des bactéries et des champignons, donc c'est de la matière organique qui va être digérée, et ensuite, ils vont excréter des minéraux dans le sol, issus de la digestion de cette matière organique et ces minéraux, ils vont être ensuite capturés par les plantes. Donc, si un jour vous enlevez tous les myxomycètes d'une forêt, vous n'aurez plus beaucoup de plantes, donc ces organismes qui sont fondamentaux et pourtant peu étudiés”, conclut-elle. 

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