Brut book : l’obsession pour la transparence par Lilia Hassaine
BRUT BOOK. Une société obsédée par la transparence, où l’on peut même voir l’intérieur de la maison en verre de ses voisins... Bienvenue en 2049, dans "Panorama", le roman dystopique de Lilia Hassaine qui mêle roman policier et anticipation pour mieux dénoncer les travers de la société d’aujourd’hui…
Panorama, le nouveau roman de Lilia Hassaine
“C'est une histoire qui se passe en 2049. On est 20 ans après une nouvelle Révolution française, au cours de laquelle certains citoyens se sentent en danger. Ils sont inquiets pour leur sécurité. Et donc cette nouvelle Révolution va déboucher sur un changement d'urbanisme total, dans lequel les maisons telles qu'on les connaît aujourd'hui, les maisons en pierre, en béton, sont transformées en maisons de verre”. Lilia Hassaine, 31 ans, signe son troisième roman, Panorama, publié aux Editions Gallimard. “Dans cette société, chacun peut observer ses voisins, chacun est vu aussi de ses voisins. C'est une société dans laquelle il y a logiquement une baisse de la criminalité, une baisse des violences, sauf que dans ce monde utopique, dans cette époque utopique, une famille disparaît : la mère, le père et leur petit garçon de huit ans. Comment est-ce possible? Mystère…” commente l’écrivaine.
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Lilia Hassaine décrit notre société actuelle comme une société “où chacun est le Big Brother de chacun. On est quand même arrivé dans une société de la méfiance, où l'autre représente potentiellement un risque. Et ça c’est quelque chose quand même d'assez nouveau. Et donc on entre dans une habitude où chacun veut montrer un peu patte blanche, chacun veut montrer qu'il est sain, etc.”. Dans la société utopique qu’elle a imaginée, c’est la transparence qui prime. “La Transparence est un pacte citoyen fondé sur la bienveillance partagée et la responsabilité individuelle, d'après le préambule de la Constitution de 2030" comme elle l’écrit dans son nouveau roman, Panorama.
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“Je n'ai pas fait un travail de recherche, je voulais que tout vienne de mon imagination”
Contrairement à d’autres de ses romans, Lilia Hassaine n’a pas opté pour un travail de recherches en préambule de son écriture. Elle explique : “Je n'ai pas fait un travail de recherche comme on peut faire pour certains romans, etc. Je voulais au contraire que tout vienne de mon imagination. Et à certains moments, comme, malgré tout, on a des antennes, on écoute, je tombais sur un article d'un philosophe, etc., et la tentation était grande à certains moments d'injecter des savoirs, donc de parler... Voilà, j'aurais pu parler plus longuement de Baudrillard, que j'ai mis en exergue dans mon livre, qui a parlé de la transparence du mal, j'aurais pu parler de l'architecture fasciste, j'aurais pu parler... Enfin, il y a énormément de références, en fait, que j'ai captées au fur et à mesure de l'écriture et de temps en temps, effectivement, j'ai eu des références qui venaient et donc je dissertais un peu. Et, en fait, à chaque fois que je me relisais, je supprimais ces passages-là. Je ne voulais pas "faire mon intéressante", comme disent les enfants”.
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En 2019, Lilia Hassaine a publié son premier roman, L’Oeil du paon. Deux ans plus tard, elle publie Soleil amer qui figurera sur la liste des quinze livres retenus pour le prix Goncourt. A l’heure où les réseaux sociaux invitent à la surexposition, la romancière, elle, opte pour la discrétion : “Très sincèrement, le jour où mes livres se vendent sans que j'aie besoin d'en parler, je m'arrêterai. J'ai plutôt envie, moi, du silence. J'ai plutôt envie de disparaître. L'objectif, à terme, c'est de ne plus me montrer” confie l’auteure.