Le phénomène du mukbang par Hugo Becker
“Le voyeurisme met de côté le monde des idées”
“Le mukbang, c'est une tendance qui vient de Corée et qui consiste à préparer et ingurgiter de la nourriture, des plats de plus en plus conséquents, de plus en plus importants et souvent dans un temps de plus en plus réduit” décrit Hugo Becker, réalisateur du court métrage dédié à cette tendance. “C'est un phénomène où des influenceurs se filment en train de bouffer et jusqu'à se mettre dans des états très inquiétants. Ce sont des gens qui vont vers la mort et ils s'y précipitent, même”
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Le réalisateur a découvert cette thématique à travers un documentaire sur cette tendance numérique. “Et je me suis dit : OK, ce documentaire et ces vidéos, finalement, symbolisent et sont la métaphore de tout ce que je veux raconter, c'est-à-dire des dérives des réseaux sociaux et de leur côté pervers, de la quête de reconnaissance à tout prix, des problèmes de choix de vie et de ce qu'on veut faire dans sa vie, de ce qu'on veut accomplir, de ce qu'on est prêt à faire pour y arriver. Est-ce que la fin justifie les moyens ? On en arrive à s'abîmer soi-même pour se mettre en valeur et pour intéresser les autres”.
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“On s'intéresse à des choses banales. Et du coup, on évite de parler des choses plus grandes que nous”
Pour lui, ce type de vidéos pose des questions essentielles : “On est au paroxysme, en fait, des réseaux sociaux et de cette volonté d'exister à tout prix, de se faire remarquer, d'être vu et finalement, d'avoir du succès et finalement on revient à cette définition de : c'est quoi le succès ? C'est réussir quelque chose, c'est accomplir, c'est laisser quelque chose derrière soi, c'est se battre pour des idées ou c'est gagner de l'argent ?” interroge Hugo Becker.
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“Le voyeurisme, ça fait très longtemps qu'il existe. ll a été développé de façon plus extrême Il a été développé avec la téléréalité, et d'ailleurs, le mukbang, en tout cas certains créateurs de vidéos utilisent ça. Et le film parle de ça, à quel moment, en fait, on fait de sa vie une fiction et on fait en sorte d'intéresser les gens à cette fiction. C'est quelque chose que je trouve assez pauvre en fait... parce que ça évite de parler des idées” analyse le réalisateur.
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“Le voyeurisme met de côté le monde des idées. C'est-à-dire qu'on s'intéresse à des choses banales, un peu superficielles, des choses matérielles, finalement, et des choses assez passagères, éphémères. Et du coup, on évite de parler des choses plus grandes que nous, des idées, du monde dans lequel on veut vivre, de comment on veut agir, des choix qu'on fait dans la vie, qui sont des choses quand même beaucoup plus intéressantes. Moi, ce qui m'intéresse là-dedans, c'est que cette tendance implique tout le monde : ceux qui le font, ceux qui le produisent et ceux qui le regardent” conclut Hugo Becker.
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