Covid-19 : 7 questions très simples sur la 2e vague

7 questions très simples sur la deuxième vague de l'épidémie.
Publié le
30/10/2020
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Sept questions très simples sur la deuxième vague


La France est en train de vivre sa deuxième vague épidémique du Covid-19. Samuel Alizon, directeur de recherche au CRNS, répond à sept questions pour Brut.


La seconde vague était-elle prévisible ?


Depuis le début du mois de septembre, l’épidémie connaît une croissance exponentielle. « On pouvait dire que si rien ne changeait, on allait vers une saturation des services de réanimation en novembre », affirme Samuel Alizon, directeur de recherche au CRNS. Selon lui, des mesures auraient pu être prises plus tôt. 


Quand la seconde vague a-t-elle débuté ? 


La seconde vague a débuté durant le mois de juillet, selon les estimations du professionnel. Il ajoute : « En février/mars, l’épidémie doublait en taille tous les trois jours. C’est-à-dire que tous les trois jours, vous passiez de 100 personnes infectées à 200, etc. C’est une croissance exponentielle. C’est-à-dire que vous pouvez passer comme ça en trois jours de 100.000 à 200.000 personnes infectées. Et là, ces deux dernières semaines, ça s’est accéléré. L’épidémie double en taille à peu près tous les 10 jours. »


Le confinement et le port du masque n’ont servi à rien ?


Des progrès ont été faits grâce à ces mesures. En effet, l’épidémie a diminué. Toutefois, il y a eu du relâchement, notamment sur les déplacements. Ils n’étaient plus limités. L’abandon du télétravail y est aussi pour quelque chose. Quant au dispositif de dépistage, il a perdu en efficacité pour deux raisons. Tout d’abord, les laboratoires étaient saturés car il n’y avait aucune condition épidémiologique imposée pour se faire dépister.


Deuxièmement, « plus vous avez de personnes infectées, plus la stratégie de dépistage et d’isolation des contacts fonctionne mal » , explique Samuel Alizon. Il poursuit : « Si vous avez 1.000 nouvelles infections par jour, vous pouvez suivre ces personnes et essayer de trouver leurs contacts. Quand vous avez 70.000 nouvelles infections par jour, cette stratégie marche beaucoup moins bien. » 


Quelle est la virulence du virus aujourd’hui ?  


Aujourd’hui, le nombre de reproductions est de l’ordre de 1,2, ou 1,3. Cela signifie que 10 personnes en infectent 13 en moyenne. 


Pourquoi ne cherche-t-on pas à atteindre l’immunité collective ?


D'après Samuel Alizon, c’est une mauvaise idée pour trois raisons. Premièrement, il y aurait au moins 10.000 décès en France avec une vague épidémique. Ensuite, les populations fragiles seront inévitablement touchées. Enfin, il y a encore des inconnues quant à la durée de l’immunité naturelle. « On sait qu’elle dure au moins quelques mois, mais à l’échelle d’années, on n’a pas le recul », développe-t-il.


Devons-nous nous attendre à un nouveau pic épidémique ?


« On est dans une seconde vague et par définition, il y aura à un moment un pic épidémique », résume Samuel Alizon. L’enjeu est que ce pic épidémique arrive le plus tôt possible. Cela voudrait dire que l’épidémie est contrôlée. En revanche, plus le pic épidémique est tardif, plus la catastrophe sanitaire est imminente. 


Pourquoi n’arrivons-nous pas à prendre le dessus sur la maladie ?


Tout d’abord parce que les citoyens, comme les scientifiques et les professionnels de la santé, ne voient pas immédiatement les effets des mesures prises. « Si vous confinez l’ensemble de la population aujourd’hui, vous allez empêcher les infections à partir d’aujourd’hui, mais vous n’en verrez pas le résultat avant 10 à 18 jours pour les admissions en réanimation », explique Samuel Alizon. Les cas d’admissions en réanimation observées aujourd’hui concernent des personnes infectées il y a 10 à 18 jours. 


Peut-il y avoir d’autres vagues épidémiques ?


« C’est tout à fait possible qu’il y ait d’autres vagues épidémiques », assure le directeur de recherche du CRNS. Pour prévenir d’autres vagues, il faudrait une immunisation naturelle, un vaccin ou un contrôle réussi de l’épidémie. Selon Samuel Alizon, ce n’est d’ailleurs pas impossible. Le Japon, le Vietnam et la Nouvelle-Zélande l’ont fait. Néanmoins, cela nécessite un contrôle très strict.


Combien de temps ça va encore durer ?


« Aujourd’hui, quelqu’un qui vous dirait le Covid-19 ne sera plus un problème dans un an, dans deux ans, dans trois ans, ce serait un escroc. ll y a trop d’inconnues. » En effet, on ignore, à ce jour, combien de temps cette épidémie va durer. De nombreuses questions se posent encore, même pour les scientifiques.