Harcèlement scolaire : les conséquences sur les enfants
À partir de quand comment le harcèlement scolaire ?
Pour Romane Di Stefano, psychologue clinicienne, le harcèlement commence à partir du moment où une personne subit des moqueries de façon régulière. “Trois fois la même blague sur les cheveux de la personne, c'est déjà un début de harcèlement puisque ça va générer des complexes, ça peut générer, simplement, un mal-être, où la personne va se regarder dans le miroir, et ce qui ne lui posait pas problème va devenir un problème, et elle ne va voir que ça. Tout le monde peut être harceleur et tout le monde peut être harcelé. Si on a quelqu'un face à nous dans la classe, c'est un peu le bouc émissaire, parce que je ne sais pas, il bégaye, un qui va rigoler, et puis ça va devenir la blague commune de plein de gens.”
Quand le harcèlement scolaire conduit à l'hôpital
Le harcèlement est un effet de masse ?
Dans ce type de cas, il y a forcément un effet de masse, selon Romane Di Stefano. Le harcèlement isolé est très rare. “Les harceleurs sont généralement en bande. Ça peut être sur tout, ça peut être sur le physique, ça peut être un truc inventé. On va inventer une rumeur et puis, bah, la rumeur va venir. Ça peut être sur les performances scolaires, sur une activité que fait la personne en dehors de l'école. Ça peut être absolument sur tout et n'importe quoi, le harcèlement scolaire et le harcèlement en règle générale, il n'y a pas de point précis. Il suffit qu'on soit grand, gros, petit, mince, les cheveux bouclés, lisses et un jour, il y a une blague, et c'est cette personne-là qui sera visée.” Le problème avec le harcèlement est que l’enfant va grandir, en étant isolé des autres. Les performances scolaires vont être très certainement impactées et l'enfant va, peu à peu, perdre sa joie de vivre.
Quand les adolescents parlent du harcèlement scolaire
Comment remarquer le harcèlement ?
La psychologue explique qu’il existe de nombreux exemples de parents qui n'avaient pas remarqué que leur enfant était harcelé à l’école. À la maison, un enfant sera calme, renfermé et parlera peu dans la journée. Du côté des enseignants, Romane Di Stefano explique que ces professionnels remarquent le harcèlement mais ne disent rien. “Il y a vraiment ce truc de: ‘on normalise.’ ‘Oui, mais c'est comme ça, ça a toujours été comme ça’, et puis on se dit : ‘Ah, ça ne lui fait pas trop de mal’, alors que si. J'ai reçu des enfants qui ont vécu du harcèlement scolaire et j'en ai vécu, donc je connais bien. Vraiment, on se dit que c'est normal. Moi, j'avais une patiente qui était harcelée et qui se mutilait, et l'enseignant l'a réprimandée pour les mutilations devant toute la classe. Donc ça, c'est du harcèlement en plus."
Ces enfants sont victimes de harcèlement à l'école
Comment aider les enfants qui souffrent de harcèlement ?
Pour Romane Di Stefano, il faut arrêter de normaliser. “Moi, j'ai vraiment vécu le truc de la normalisation. Les enseignants le savaient. Alors, j'avais une ou deux enseignantes au lycée, extraordinaires, qui l'avaient vu et qui, elles, remettaient très clairement les harceleurs en place durant les cours. Mais je crois que moi, j'aurais aimé, vraiment, qu'on comprenne que ça n'allait pas. Parce que je l'avais dit, je l'avais dit à mes parents, je l'avais dit à l'école, et en fait, on m'a juste dit :’ oui mais ce n’est rien’. La phrase que j'ai entendue toute ma vie, c'est : ‘Les enfants sont cons.’”. Pour elle, la solution serait d’organiser des journées de sensibilisation à destination des élèves mais aussi des enseignants. “Sur le versant enseignant, c'est plus leur apprendre à remarquer, potentiellement, les signaux et arrêter de normaliser ça.”