Pendant ce temps-là — Avec Josué, joueur e-sport des favelas des Rio
“Ici, à la Cité de Dieu, on n'a pas beaucoup d'investissements de l'État pour nous distraire. Beaucoup de choses nous émerveillent, et moi, ce qui m'émerveille, c'est le gaming. Ça me permet de me connecter avec des personnes d'autres pays, d'autres régions”. Josué a 24 ans. Il est né et a grandi dans la Cité de Dieu à Rio de Janeiro et il est joueur de e-sport. “Mes parents vivent ici à la Cité de Dieu. Tout le monde est né et a grandi ici, je suis un enfant de la favela. Mon père est maçon et ma mère est femme au foyer. Petit, j'ai beaucoup dépendu de mon père. Ce n'était pas facile. J'ai commencé à travailler très tôt avec lui et j'ai essayé de subvenir à mes besoins, on va dire. Ça m'a pris plus de 11 ans avant de pouvoir acheter mon premier ordinateur. J'ai travaillé au McDonald's pour pouvoir réaliser mon rêve: devenir gameur”.
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“La vie n'est pas encore aussi facile que je le souhaiterais, mais je lutte tous les jours pour qu'elle le soit”
“La vie n'est pas encore aussi facile que je le souhaiterais, mais je lutte tous les jours pour qu'elle le soit. Ma passion pour le gaming est apparue lorsque j'avais 11 ans et que j'allais dans les Lan House. Une Lan House, c'est un endroit où on se retrouve pour jouer toute la nuit aux jeux vidéo. Il faut acheter des heures pour utiliser les ordinateurs et nous amuser un peu. J'ai commencé à jouer en tant que professionnel assez tôt. À 15 ans, je participais déjà à des compétitions sur des FPS (jeux de tir à la première personne), jusqu'à ce que je devienne athlète sur le jeu Valorant. Et là, j'ai commencé à atteindre des niveaux très élevés et j’ai commencé à jouer avec des personnes plus fortes” explique Josué.
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“C'est mon rêve de pouvoir un jour avoir ma place dans ce monde du gaming”
Le joueur de gaming de 24 ans ajoute : “Dans le jeu que je joue et plus largement dans le monde du gaming, les personnes noires comme moi ne sont pas très représentées. Ça paraît inimaginable de rentrer dans ce monde, En plus, le jeu Valorant est très élitiste. Tout le monde n'y a pas accès ou assez de moyens pour y jouer. Ils ne sont pas soutenus et finissent par renoncer à leur talent. Beaucoup de gens ici, par manque de culture et d'investissements du gouvernement, finissent par se perdre dans la favela, avec les distractions qu'il y a ici. Ils finissent par se perdre dans... le quotidien”.
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“Dans 5 ans, je me vois enfant de la favela en train d'aider mes parents, ma famille. Le gameur qui m'inspire le plus, c'est FalleN, et c'est mon rêve de pouvoir un jour avoir ma place dans ce monde du gaming, de pouvoir participer à plusieurs compétitions, de voyager. Qui sait, un jour pouvoir aller à Paris? Ou autre part en France Parce que, en vrai, je ne m'imagine même pas sortir un jour d'ici, de Rio de Janeiro. J'ai beaucoup d'amis qui ont suivi mon parcours, je me suis fait beaucoup d'amis en ligne. Ils ont tous vu mes efforts et ils trouvent ça génial. Qui n'aimerait pas faire de sa passion son métier ? Je souhaite que toutes les personnes qui ont un rêve et qui commencent de zéro, comme moi, puissent faire partie de ce monde. À ceux qui ont un rêve, comme moi : ne lâchez pas” conclut Josué.