En interrogatoire, Mohamed Amra s'est dit désolé des victimes causées par son évasion

Credit : REUTERS
Mohamed Amra s'est dit désolé pour les victimes causées par son évasion mortelle en mai 2024 au péage d'Incarville (Eure), lors d'un interrogatoire le 11 juin, a appris l'AFP de source proche du dossier vendredi, confirmant des informations du Parisien et du Point.
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"Pour commencer je tenais à présenter... mes désolations auprès des personnes décédées et des personnes blessées et leur famille aussi", a répondu d'emblée celui qui est surnommé "La Mouche", invité à s'exprimer sur les faits par les trois magistrats spécialisés en criminalité organisée qui instruisent à Paris le dossier de son évasion.

"Je n'ai jamais pensé qu'un drame de cette nature allait arriver", ajoute cet homme de 31 ans.

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Mohamed Amra prend ensuite l'initiative de critiquer longuement ses "conditions de détention".

"Je ne peux pas m'entretenir dans de bonnes conditions avec mes avocats. Je suis écouté" par les surveillants, se plaint-il, évoquant le refus d'avoir une feuille ou un stylo, le fait qu'il doive s'entretenir "menotté", sans pouvoir prendre de notes, et de multiples "fouilles à nu".

Il dénonce aussi l'état de sa cellule, plan de travail "rouillé" et "excréments et nourriture sur les murs et le plafond".

"Asthmatique", Mohamed Amra déplore ne pouvoir "ouvrir la fenêtre que de la taille d'un doigt".

Les juges lui soumettent ensuite de très nombreuses questions sur son évasion et sa cavale, ainsi que sur sa personnalité.

"Je serai prêt à vous répondre quand je pourrai m'entretenir avec mes avocats confidentiellement", répond quasi-invariablement "La Mouche".

A un seul moment, sa réponse diffère, quand les juges lui montrent la vidéo de l'attaque du péage qui a causé la mort de deux agents pénitentiaires et blessé trois autres.

"Vous avez regardé la vidéo jusqu'à la scène du péage et après vous avez cessé de regarder l'écran. Pourquoi ?", l'interrogent-ils.

"Ce n'est pas à regarder. C'est moche", répond Mohamed Amra. "Je suis concerné par ce dossier mais c'est pas pour autant que j'ai envie de regarder".

Au bout de 2h40 et après de multiples questions sans réponses, l'interrogatoire se termine. "Je suis désolé de ne pas vous avoir répondu. Je n'ai pas pu me préparer avec mes avocats mais la prochaine fois que je serai interrogé, je serai apte à vous répondre", conclut Mohamed Amra.

Initialement détenu à Condé-sur-Sarthe (Orne), Mohamed Amra a été transféré jeudi à la prison ultra-sécurisée de Vendin-Le-Vieil (Pas-de-Calais).

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