En garde à vue, il ne manifeste "aucun signe évoquant un possible trouble mental" mais "se montre détaché tant au regard de la gravité des faits reprochés que des conséquences vis-à-vis de lui-même", a déclaré le procureur lors d'une conférence de presse.
S'il reconnaît l'acte, il "n'exprime pas de regrets, ni aucune compassion pour les victimes", a-t-il ajouté.
Outre l'assistante d'éducation de 31 ans tuée, un gendarme a été blessé.
Il a indiqué aux enquêteurs "avoir voulu s'en prendre à une surveillante", car "il ne supportait plus le comportement des surveillantes en général, qui auraient eu, selon lui, une attitude différente selon les élèves", rapporte le magistrat.
"Il n'avait pas de grief particulier" envers la victime qui était chargée de "vérifier les carnets de correspondance des élèves" à l'entrée de l'établissement.
Il indique avoir formé samedi "le projet de tuer une surveillante et, selon ses propres termes, n'importe laquelle" après un incident la veille. Une autre surveillante que celle tuée mardi l'aurait "sermonné vendredi (...) alors qu'il embrassait sa petite amie au sein du collège", selon le procureur.
L'intéressé, qui a utilisé "un couteau de cuisine de 34 cm avec une lame d'une longueur de 20 cm", a immédiatement été maîtrisé par un gendarme présent pour un contrôle de sacs prévu de longue date. Blessé à la main "il présente une incapacité totale de travail de 10 jours".
L'adolescent fait part "d'une certaine fascination pour la violence et la mort", et "apparaît en perte de repère quant à la valeur de la vie humaine, à laquelle il ne semble pas attacher d'importance particulière", a précisé le procureur.
"Deux sanctions disciplinaires"
La ministre de l'Éducation nationale Élisabeth Borne a annoncé une minute de silence dans tous les établissements scolaires jeudi midi en hommage à l'assistante d'éducation, ancienne coiffeuse qui s'était reconvertie et travaillait au collège depuis septembre. Le Sénat lui a également rendu hommage mercredi en début de séance.
Sur les réseaux sociaux, les proches de la victime la décrivent comme "solaire", "douce et gentille". Maman d'un petit garçon de quatre ans, elle était conseillère municipale dans son village de Sarcey, voisin de Nogent.
Devant le collège Françoise-Dolto, où les cours sont suspendus jusqu'à jeudi matin, des familles, passants ou proches, ont déposé des roses blanches, des bouquets et parfois un message sous l'oeil des journalistes et de gendarmes déployés sur les lieux.
"On est stupéfaits", souligne Laurence Raclot, qui a côtoyé Mélanie dans le salon de coiffure: "C'était une personne tellement gentille". "Dans une petite ville tranquille, jamais on n'aurait pensé ça."
Des élèves et leurs parents entrent et sortent de l'établissement où une cellule psychologique restera activée au moins jusqu'à la fin de la semaine, selon le rectorat.
"C'est vraiment toute la communauté éducative qui est sous le choc et la nation toute entière", a déclaré Élisabeth Borne sur France Inter mercredi.
Le syndicat FSU a prévu des rassemblements mercredi soir à Lille, Arras, Dunkerque ou encore Chaumont.
Selon le procureur, l'adolescent "avait fait l'objet de deux sanctions disciplinaires en novembre et décembre 2024, une pour avoir porté des coups de poing à un camarade de classe, une autre pour avoir frappé un élève de 6e".
"Il était insolent", et "s'en foutait de tout", témoigne auprès de l'AFP un autre collégien, Benjamin, qui était dans le même cours d'espagnol. "Il était dissipé et démarrait au quart de tour."
Une marche blanche est prévue vendredi à 18H00 au départ du collège de Nogent, à l'apppel de la famille de la victime.
Le meurtre a déclenché de nombreuses réactions politiques et des débats sur les mesures à prendre pour empêcher ce type d'agressions.
Au-delà de l'interdiction immédiate de la vente de couteaux aux mineurs, et "l'expérimentation" de portiques de sécurité voulue par le Premier ministre, le camp présidentiel et la gauche préviennent que la réponse est multiple et qu'il n'y a pas de "solution magique". La droite, elle insiste sur "la sanction".
Le président Emmanuel Macron a évoqué l'interdiction en France des réseaux sociaux aux moins de 15 ans d'ici "quelques mois", suivant l'Australie qui a tenté de limiter l'exposition des plus jeunes à certaines dérives, sans solution technique évidente jusqu'ici.