Tué pour des bitcoins : un plan macabre pour "piéger" son amant

Crédit : Farknot Architect / Adobe Stock
"Simon Arthuis était piégé" : quatre hommes accusés d'avoir participé à l'assassinat de l'étudiant de 19 ans pour lui voler ses cryptomonnaies ont décrit la préparation méthodique de leur crime, lors de leur procès à Vesoul.
À voir également sur Brut

"C'était prévu le 18 août" 2021, déclare, froid et impassible, Mickaël Calabrese, accoudé au box des accusés de la cour d'assises de Haute-Saône. 

Ce jour-là, le corps de Simon Arthuis, son compagnon, est retrouvé lardé de 46 coups de couteau dans l'étang de Plancher-Bas, une petite commune du nord de la Haute-Saône. L'étudiant avait été préalablement drogué.

"Il ne devait pas mourir comme ça, pas avec un couteau. Je voulais juste qu'ils le noient", assène Mickaël Calabrese mardi, au sixième jour d'audience. 

À ses côtés, Dylan Hoguin, 26 ans, et Benjamin Ardoin, 22 ans, sont jugés pour assassinat et tentative d'assassinat, encourant la réclusion criminelle à perpétuité. Son frère jumeau, Jonathan Calabrese, comparaît pour non dénonciation de crime.

Dès le mois de mai, les quatre accusés s'étaient réunis chez "Madame Huguette", une proche, pour "discuter" du moyen de voler les près de 200.000 euros en bitcoins que Simon Arthuis disait posséder.

"20.000 euros chacun"

"On était dans l'optique de récupérer l'argent", raconte Mickaël Calabrese. "Je leur ai proposé 20.000 euros chacun, pour que Jonathan (...) me trouve les médicaments et que Dylan et Benjamin s'occupent de lui", précise-t-il.

"Chacun avait un rôle déterminé" et "chacun a donné son idée pour le tuer", ajoute l'homme fluet de 36 ans qui ne voulait pas se salir les mains, préférant "employer d'autres personnes pour le faire".

Avant de passer à l'acte, les accusés avaient ouvert des comptes et échangé leurs relevés d'identité bancaire pour les futurs virements.

Dylan Ardoin et Benjamin Hoguin reconnaissent avoir participé au projet criminel, pour l'argent. Mais tous nient avoir porté les coups de couteau. Jonathan Calabrese réfute de son côté avoir eu connaissance du projet.

Un soir de juin, le trio sort se promener au Parc du Près-La-Rose, à Montbéliard (Doubs), avec Simon Arthuis. Il est drogué par son compagnon, selon ses co-accusés, et s'endort. 

Mickaël Calabrese sort alors un long couteau et le promène le long du cou de jeune homme, avant de proposer la lame à Dylan Hoguin et de l'inciter à poignarder la victime. "Mais j'ai pas pu. J'avais pas pas les c...", souffle ce dernier devant les jurés. 

Une mystérieuse affaire de tortures pour des bitcoins

"Machiavélique"

Deux mois plus tard, l'étudiant tourangeau revient à Montbéliard.

Dans la nuit du 16 au 17 août, il accompagne le même trio pour une exploration urbaine (urbex) dans une bâtisse abandonnée à Bavans (Doubs). Dans l'obscurité, "Dylan sort un marteau et lui met un grand coup à l'arrière du crâne, qui a résonné", se remémore Benjamin Ardoin.

L'étudiant, décrit comme "réservé" et "gentil", survit. Son compagnon l'accompagne au commissariat pour déposer plainte, mais il sera finalement assassiné le lendemain, le 18 août.

"Simon voulait quitter Mickaël, qui n'était pas du tout d'accord et qui le menaçait de divulguer des vidéos de leurs ébats sexuels sur internet ou à sa famille", selon Benjamin Ardoin.

Décrit comme "menteur" et "manipulateur" par les experts, Mickaël Calabrese le concède: l'idée d'assassiner son compagnon est née à la fois par dépit amoureux et par appât du gain.

Il est "machiavélique", selon Enguerrand Bagot, avocat de Benjamin Hoguin. "Pendant des mois, il a isolé Simon Arthuis, il l'a affaibli en lui donnant des médicaments". 

Le trentenaire a répandu auprès de ses principaux co-accusés, tous deux violés dans leur enfance, la fausse rumeur selon laquelle l'étudiant était pédophile.

"Simon Arthuis était piégé", constate l'avocat de la famille de la victime, Jacques Sieklucki.

Les accusés doivent être interrogés mercredi sur la nuit de l'assassinat. Le verdict est attendu vendredi.

A voir aussi