Mort en cellule au Kenya : des légistes estiment "peu probable" la thèse du suicide proposée par la police

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Des médecins légistes ont estimé "peu problable" mardi la thèse du suicide avancée par la police kényane pour justifier la mort en cellule ce week-end d'un homme arrêté pour ses publications sur les réseaux sociaux, un décès qui provoque l'indignation au Kenya.
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"La cause de la mort est très claire : blessure à la tête, compression du cou et nous avons aussi d'autres blessures sur tout son corps qui pointent vers une agression", a déclaré lors d'une conférence de presse le Dr Bernard Midia, l'un des cinq médecins-légistes a avoir examiné la dépouille.

Les voix critiques sont de plus en plus sanctionnées au Kenya, près d'un an après un mouvement de contestation, durement réprimé, contre la corruption endémique et le projet de loi des finances de 2024 prévoyant des hausses d'impôts.

Les forces de sécurité sont accusées par des groupes de défense des droits humains d'avoir tué au moins 60 personnes lors des manifestations, surtout des jeunes adultes, et d'en avoir enlevé des dizaines d'autres depuis.

Dans un communiqué, la police kényane avait expliqué dimanche qu'Albert Ojwang, arrêté pour "fausse publication", avait "subi des blessures à la tête après l'avoir frappée contre les murs de la cellule".

Déclaré mort à son arrivée à l'hôpital

Les policiers en service "ont rapidement remarqué les blessures et l'ont transporté d'urgence à l'hôpital de Mbagathi, où il a été déclaré mort à son arrivée", avaient encore raconté les forces de l'ordre.

Si Albert Ojwang s'était frappé à mort la tête contre le mur, il présenterait "des saignements au niveau du front", quand les côtés et l'arrière de son crâne étaient constellés de lésions, a objecté le Dr Midia.

"Quand on lie cela avec d'autres blessures qui sont répandues sur son corps, notamment sur les membres supérieurs et le tronc, il est peu probable qu'il se soit infligé cela à lui-même", a affirmé le légiste.

La mort en cellule d'Albert Ojwang cause d'importants remous au Kenya, où la question des violences policières a pris particulièrement d'acuité après les manifestations de juin 2024 réprimées dans le sang.

L'inspecteur général de la police, le général Douglas Kanja, a indiqué lundi lors d'une conférence de presse que la victime avait été arrêtée, avec d'autres suspects, sur plainte de son adjoint, Eliud Kipkoech Lagat, dont "le nom avait été terni". 

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