A Paris, le rendez-vous était fixé en début d'après-midi place de la République, par un froid polaire. Des cortèges sont également prévus à Lille, Lyon, Rennes, La Rochelle, Bordeaux notamment.
"On est en 2025, est-ce qu'il est encore normal de compter nos mortes?" a dénoncé juste avant le départ de la manifestation parisienne Sylvaine Grévin, présidente de la Fédération nationale des victimes de féminicides qui a perdu sa sœur en 2017.
Le collectif "Grève féministe" à l'origine de cette mobilisation (une soixantaine d'associations, syndicats et fédérations) dénonce "les violences et l’impunité des agresseurs (qui) persistent huit ans après l’élection d’Emmanuel Macron".
"La plupart du temps, encore, les victimes ne sont pas crues, les plaintes classées sans suite", selon lui.
Des violences "partout et tout le temps"
Quant aux violences sexistes et sexuelles, elles "surviennent partout, et tout le temps: dans nos espaces familiaux, sur nos lieux de travail et d’études, dans l’espace public, dans les transports, dans les établissements de soin, les cabinets gynécologiques, dans les maternités, dans les ateliers des chaînes d’approvisionnement des multinationales, les commissariats...", ajoute ce collectif.
Les associations réclament l'adoption d'une loi-cadre intégrale contre les violences, un budget de 3 milliards d’euros pour la mettre en œuvre, l'effectivité des séances d'éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité (Evars) dans les établissements scolaires ou encore l'arrêt de la baisse des financements des associations qui accompagnent les victimes.
Les quatre féminicides sur la seule journée de jeudi, mentionnés par la ministre Aurore Bergé sur les réseaux sociaux, "doivent nous interroger (...) sur l’impact des baisses des subventions publiques des associations qui leur viennent en aide", a déclaré samedi à l'AFP Mine Günbay, directrice générale de la Fédération nationale Solidarité femmes.
"Récupération politique"
Toute nouvelle loi, comme la loi cadre promise par la ministre Aurore Bergé, devra être "accompagnée de réels moyens financiers", a-t-elle souligné.
Yéléna Mandengué, membre de #NousToutes, a émis de fortes réserves sur le futur texte, évoquant "une récupération politique".
"C’est bien beau d’annoncer autour de dates importantes comme le 25 novembre des mesures, quand on voit que les politiques publiques pour lutter contre les violences de genre depuis des années ne sont pas mises en place", a-t-elle affirmé.
Selon les derniers chiffres officiels publiés jeudi par la Mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof), le nombre de féminicides conjugaux a augmenté de 11% entre 2023 et 2024 avec 107 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint.
Ils "sont complètement sous-évalués" car "on oublie les suicides forcés ", selon Sylvaine Grévin.
Une femme est victime toutes les deux minutes de viol, tentative de viol ou d'agression sexuelle et toutes les 23 secondes de harcèlement sexuel, d'exhibition sexuelle ou d'envoi non sollicité de contenus à caractère sexuel, selon la Miprof.
Le faible taux de poursuites des auteurs de violences en France a été jugé en septembre "particulièrement préoccupant" par le Conseil de l'Europe, qui a appelé Paris à prendre des "mesures urgentes".








