Brut book : La Colère et l’Envie d’Alice Renard

BRUT BOOK. A seulement 21 ans, Alice Renard vient de publier son premier roman, “La Colère et l’Envie”, aux éditions Héloïse d’Ormesson. C’est l’histoire d’Isor, une jeune héroïne un peu particulière dont le caractère hors normes inquiète ses parents. Un livre d’une grande poésie que raconte son autrice... 📚 Dans ce format Brut Book, plusieurs écrivains racontent à Brut pourquoi et comment ils ont écrit leur nouveau roman publié à l’occasion de la rentrée littéraire.

De quoi parle le roman d’Alice Renard ?


Quand elle était petite, elle rêvait d’être dresseur de fauve ou encore grande scientifique. Mais c'est lorsqu’elle se met à écrire qu’elle comprend que c’est dans ce domaine qu’elle voudrait employer ses connaissances. Depuis, elle écrit et cela fait maintenant sept ans. Elle vient de sortir son roman La colère et l’Envie qui paraît aux éditions Héloïse d'Ormesson. “C'est un roman sur une jeune fille, qui s'appelle Isor, qui a 13 ans, qui ne parle pas, qui refuse d'apprendre quoi que ce soit et qui vit tour à tour des intensités très, très fortes, dont, au début du livre, beaucoup de colère. Et c'est la manière dont, au début, ses parents essayent de l'aider et de la gérer, et puis finalement, après une rencontre, comment Isor va réussir à se saisir de sa particularité pour faire exploser la poésie.”

Perspective(s), par Laurent Binet – Brut Book


Isor, le personnage principal du livre est en fait une version d’Alice Renard, poussée à l’extrême. “C’est comme si c'était une modélisation et que je plaçais tous les paramètres à l'extrême. Donc c'est aussi une forme de catharsis, de créer ce personnage qui est moi complètement amplifiée. Et par contre, de le mettre dans une situation, un scénario qui n'est pas celui que j'ai vécu.”


Quels sont les divers éléments qu’on retrouve dans ce livre ?


Dans la quatrième de couverture de son livre, l’autrice est présentée et les termes “neurodiversité” et “hypersensibilité” sont évoqués. Elle donne de plus amples explications quant à l’emploi de ces mots : “Aujourd'hui, il y a beaucoup de termes, donc HPI, surdoué, précoce, tout ce qui fait partie du spectre de l'autisme, Asperger, ou l'hypersensibilité. Toutes ces formes de neuroatypies, pour moi, sont liées au fait d'être très ancré dans le présent. On ressent les choses très, très fort et on a une aptitude à la sincérité qui est très grande et ça crée un contact très direct avec le monde et très, très fort, et c'est ça qui m'intéresse. Et c'est de ça dont parle le roman, parce que mon personnage principal a toutes ces formes de neuroatypies.” Dans cette histoire, le personnage principal, Isor, souffre. Et cette souffrance, Alice Renard explique que beaucoup de personnes neuroatypiques s’y reconnaîtront sûrement.

Brut book : Lilia Hassaine et son nouveau roman, Panorama 


Un roman avec beaucoup de poésie


Alice Renard a dirigé le style de son livre dans la poésie. “Ce qui est très important c'est la mélodie des mots, dont j'ai pris beaucoup conscience quand j'ai dû travailler avec ma correctrice. Quand elle essayait de supprimer certains mots, j'ai dû beaucoup développer un argumentaire pour arriver à justifier ce que j'appelais la mélodie des mots, à savoir que les rythmes ont un rythme très précis et que les voyelles se répondent pour former une musique.” Elle explique que la poésie est, pour elle, un instant où “on arrive à être en connexion directe avec l'harmonie. Une sorte d'harmonie qui aurait été orchestrée par l’univers. Et d'un coup, on se retrouve au cœur d'un événement harmonieux, significatif. Et c'est ça, un instant de poésie.

"Ghost in Love" , le nouveau roman de Marc Levy


Se libérer du prisme de l’âge 


Cette jeune femme, Isor, fait la rencontre d’un homme bien plus agé de 70 ans. De cette rencontre va naître une relation amoureuse. Pour Alice Renard, cette relation lui permet d’aborder la question des âges où ici, aucun des deux personnages ne s'identifie à une tranche particulière. “J'ai sauté deux classes, donc déjà, dès toute petite, il y a eu une fracture par rapport à l'âge, qui est que j'ai jamais été, quasiment jamais été dans la classe de gens qui avaient mon âge. Et dans mon entourage, je ne connais personne qui a mon âge. J'ai l'impression d'être née vieille. Et cette image de la BD Petit Vampire de Joann Sfar, où il naît vieux et il rajeunit au fil du temps… Et ça, c'est quelque chose qui me parle beaucoup. Et je vois à quel point c'est un prisme très, très fort aujourd'hui de fréquenter des gens de son âge, que dans les relations amoureuses, c'est un immense tabou d'avoir des relations avec des gens qui sont beaucoup plus jeunes ou beaucoup plus âgés, et je pense que c'est un gros frein pour que chacun puisse se saisir, aller à la rencontre des expériences qu'il a à vivre, et que… Moi, j'essaie d'écouter à l'intérieur de moi quelles sont les expériences que j'ai à vivre sans prendre en compte ce genre d'enfermement. Je pense que c'est une question plus globale par rapport à l'identification. Dans la théorie queer, on dit souvent l'assignation et la désassignation, que les personnes LGBT sont dans une désassignation par rapport aux rôles standards des genres. Et ça, ça induit l'idée que c'est une instance extérieure qui nous assigne à résidence dans une identité. Moi, j’aime beaucoup le terme d'identification, où en fait, c'est de nous-même qu'on s'identifie à une multitude de caractéristiques.”

Fatima Daas nous parle de son roman “La Petite Dernière"


L’autrice se définit comme “une jeune personne affamée, affamée au sens littéral, où j'ai un grand désir de comprendre et de découvrir les choses qui sont autour de moi. Et aussi “afemmée", avec un jeu de mots: le fait que je ne suis pas une femme, je suis juste une personne qui est là.” Elle explique qu’elle souhaite que son livre ne soit pas seulement un livre qui parle d’émancipation mais qui ait un pouvoir agissant : “J'ai envie que ce soit un livre qui émancipe, donc un livre qui ait un pouvoir agissant et qui puisse vraiment aider les gens. J'ai envie de dire à toutes les personnes qui souffrent de l'intensité qu'elles ressentent qu'il va falloir du courage pour qu'elles inventent un quotidien et un mode de vie qui ne correspond pas aux normes, comme Isor qui s'enfuit et qui va vivre ailleurs, mais que toutes ces personnes-là, je veux vous dire que vous avez beaucoup de chance et beaucoup de talent, comme si vous aviez une peau immense qui allait vous permettre d'entrer en contact avec le monde et que ça, c'est un talent très rare.

Joël Dicker donne 5 conseils pour écrire son premier roman


Ma liste

list-iconAjouter à ma liste
avatar
Brut.