Brut Book — Le plus court chemin d'Antoine Wauters

BRUT BOOK. Dans son nouveau livre “Le plus court chemin” publié chez Verdier, Antoine Wauters revient sur son enfance dans un petit village belge. Un récit autobiographique tendre et poétique qui devrait rappeler à chaque lecteur sa propre enfance.

"On est tous restés des gosses et pourtant on l’oublie chaque jour un peu plus"  

Antoine Wauters est un écrivain belge. Il publie son nouveau livre, un texte autobiographique aux éditions Verdier, dont le titre est “Le plus court chemin”. “C'est un texte qui remonte le fil de mon enfance et qui revisite les lieux où j'ai grandi, la campagne du sud de la Belgique. Dans tout le livre, il y a des lettres que j'ai adressées à mes parents et des lettres que eux m'ont écrites. Ce qui compte, c'est d'essayer de voir : tiens, comment se fait-il qu'il y ait une telle continuité entre le gosse que j'ai été et l'adulte, l'écrivain que je suis devenu maintenant ? Et ce que j'ai trouvé beau, et la raison pour laquelle cette lettre s'y trouve, c'est qu'en fait, tout était déjà là. Quand on progresse, peut-être, dans l'écriture, c'est quand on commence à enlever des couches. Et là, il y en avait pas, de couches. Alors peut-être que j'ai dû faire tout un long chemin de mots, parfois compliqué, pour me rendre compte à 42 ans que le moins, c'est le mieux”. 

Brut book : La Colère et l’Envie d’Alice Renard

 

“Une société qui refuse l'ennui, c'est très problématique”

Par le biais de ce récit autobiographique, le livre d’Antoine Wauters est aussi un appel à un retour à l’enfance. “L'enfance, c'est vraiment un continent enfoui, un continent à la dérive... On est tous restés des gosses et pourtant, on l'oublie chaque jour un peu plus. Alors si le texte, ce livre-ci, peut nous permettre de nous souvenir que ça a existé et qu'il y avait dans ce temps-là, il y avait bien sûr des trucs très durs, mais qu'il y avait aussi des tas de choses qu'on peut peut-être essayer de sauver et de remettre en avant aujourd'hui”. Pour lui, l’enfance rime également avec l’ennui et le silence. “Et le corollaire de cet ennui et de ce silence, c’est que ça génère d'envie de rebondir, d'envie d'aller de l'avant, de courir, d'être joyeux, d'être dans un élan. Je trouve qu'il y a une vertu dans l'ennui et qu'une société qui refuse l'ennui, c'est symptomatique, à mon avis, de quelque chose de très problématique, de très grave, même, parce qu'à partir du moment où on ne s'ennuie pas, ça veut dire qu'on ne supporte pas rester un petit moment connecté à soi-même et recueilli en soi-même. Et à partir de là, on ne sait pas ce qu'on pense, on ne sait pas ce qu'on veut et on peut se faire balader dans plein de discours, tendances qui sont parfois un peu dangereuses”

 

Antoine Wauters se rappelle également de la manière dont fonctionnaient ses grand-mères, et les gens à leur époque, à un rythme totalement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui : “Il y a quelque chose qui, moi, m'obsède beaucoup, c'est quand je repense aux années 1980, celles qui m'ont vu grandir, et à mes grands-parents notamment, ils faisaient une action par unité de temps, c'est-à-dire qu'ils ne faisaient qu'une chose à la fois. C'est très difficile aujourd'hui de ne faire qu’une chose à la fois. Est-ce que c'est souhaitable ? Mais en tout cas, de temps en temps, ça, oui, j'en suis absolument convaincu”. 

Perspective(s), par Laurent Binet – Brut Book

 

“J'ai parfois un regard très dur sur moi-même”

Écrire ce livre lui a permis d’être un peu plus tolérant avec lui-même. “J’ai parfois un regard très dur, très violent, même, sur moi et je crois que quand je me souviens de l'enfant que j'ai été, je me dis : bon, ben, tu pourrais peut-être essayer d'être un peu plus doux avec toi-même. Et je me dis : maintenant, si tu dois être juste, si tu regardes dans le rétroviseur, accepte que tu es cette personne qui était… oui, qui est très sensible. Alors, ça semble bête de le dire comme ça, mais quand on commence à pouvoir l'accepter, on comprend mieux nos réactions, nos façons d'être et peut-être on peut se pardonner un certain nombre de choses. En gros, quand je me sens totalement inadapté, je me dis que ça ne date pas d'hier et que finalement, on peut très bien vivre sans être parfaitement en phase avec le monde tel qu'il est, tel qu'il va. Voilà, écrire ce livre m'a appris ça” confie Antoine Wauters. 

Sauvage de Julia Kerninon — Brut Book


Antoine Wauters est un écrivain belge. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont l'un de ses romans les plus connus est "Nos mères" publié en 2014. C'est également son premier roman. Le prix est récompensé par le Prix Première de la RTBF et le Prix Révélation de la SGDL. Ce roman a été très bien accueilli par la critique et a remporté le Prix de la Jeune Littérature de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Antoine Wauters a également écrit d'autres ouvrages, de la poésie. Son livre "Mahmoud ou la montée des eaux" a remporté le Prix du Livre Inter 2022, Prix Wepter - Fondation La Poste, Prix Marguerite Duras. Il est également dans la liste des 30 titres de l'année retenus par le journal Le Monde et il est traduit dans plus de dix langues différentes. Son livre "Le Musée des contradictions" a été récompensé par le Prix Goncourt de la nouvelle. "Pense aux pierres sous tes pas" et "Moi, Marthur et les autres" paraissent en 2018.


📚 Dans ce format Brut Book, plusieurs écrivains racontent à Brut pourquoi et comment ils ont écrit leur nouveau roman publié à l’occasion de la rentrée littéraire.

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