Il a trouvé comment faire venir des médecins dans la Creuse

Pendant deux ans, ce village s'est battu pour trouver un remplaçant à son médecin traitant parti en retraite. Puis un jour, Martial est arrivé avec une idée face aux déserts médicaux : la mise en place d'une rotation de médecins volontaires. Pendant ce temps-là, à Ajain dans la Creuse…

“On va pouvoir apporter une présence médicale dans un territoire qui n’en a plus”

 

L’idée, c’est de créer un centre médical qui fonctionne sur le mode du temps partagé. C’est un médecin différent chaque semaine. Ce sont des médecins qui sur tout le territoire national se disent, collectivement : ‘On va pouvoir apporter une présence médicale dans un territoire qui n’en a plus.’” Martial Jardel est médecin généraliste, et le cofondateur de l’association Médecins solidaires. Il est à l’initiative d’un projet de centre médical à Ajain, un village dans la Creuse, qui n’a plus de médecin traitant fixe. Il a décidé de faire venir les médecins de toute la France pour ausculter et prendre soin de la santé des patients de la région. 

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“On a eu quasiment deux années sans médecin”

 

En fait le projet ‘Médecins solidaires’, c’est dire qu’il y a plein de médecins dans tout le territoire qui vont pouvoir par leur situation professionnelle aménager une semaine dans leur agenda médical pour venir participer au projet. Et donc là ce sont des médecins qui sont issus de toute la France. Docteur Perreau qui vient d’Angers, le docteur Leclerq qui vient de Nantes, y’a des médecins de Paris…”, décrit-il. Cette semaine, c’est la docteure Clémentine Labourré qui accueille les patients et prend en charge les soins de santé. “Si on va à l’hôpital, on n’a jamais le même médecin non plus. De toute façon le dossier suit alors c’est pas gênant”, pense Michel Lardy, retraité, et habitant d’Ajain. 

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Au vu de la situation, ce projet était plus que nécessaire pour ce village qui ne compte plus de docteur généraliste. “Notre médecin traitant est parti à la retraite le 31 décembre 2020. Et depuis cette date et même depuis un peu avant, on avait essayé de faire des actions auprès des médias locaux bien sûr, des médias régionaux, des médias même nationaux, rien n’y a fait, on n’a pas trouvé de médecin”, décrit Guy Rouchon, maire d’Ajain. “On a même fait une vidéo. Une vidéo avec une petite fille qui s’exprimait et qui parlait de la Creuse, de l’attractivité de la Creuse, l’attractivité de la commune, rien n’y a fait non plus. On a eu quasiment deux années sans médecin. Donc les gens de la commune ont essayé de chercher un médecin. Ils ont trouvé, parfois, mais assez loin, à vingt, trente kilomètres, voire plus.

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“Si 10 % des médecins adhèrent à ce projet-là, on peut ouvrir plus de 150 centres”

 

Johanne Chevalier est la coordinatrice du centre médical d’Ajain. Elle prend en charge les appels et les prises de rendez-vous pour les généralistes. “Il y a beaucoup d’appels. Beaucoup de personnes qui viennent. Ça peut être très fluctuant, des fois il peut y avoir cinquante appels en une heure. J’essaie au maximum de répondre comme je peux. Il y a beaucoup de patients qui sont dans le besoin, qui recherchent des médecins, et il y en a qui sont soulagés et qui me remercient dix mille fois de pouvoir leur proposer un rendez-vous dans la journée ou le lendemain ou le surlendemain”, explique-t-elle. 

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Plus que sauver ce village de Creuse, Martial Jardel voudrait surtout élargir ce dispositif à tous les déserts médicaux du territoire français, et faire venir les médecins directement sur place. “Aujourd’hui, dans notre société, il y a des villages entiers qui n’ont plus d’accès aux soins. C’est un problème qui est tellement dense, tellement complexe, qu’il y a plein de solutions. Donc c’est une contribution qui est nécessaire aussi dans ce qu’elle dit de philosophique sur la santé, sur la médecine générale. Si 10 % des médecins adhèrent à ce projet-là, 10 % des médecins généralistes, on peut ouvrir plus de 150 centres sur ce territoire et avoir une contribution vraiment très significative sur l’accès aux soins.

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