Rencontre autour du climat avec John Kerry

Les bons gestes, la question du climat en Chine, la jeunesse militante : Brut a échangé avec John Kerry, envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat, sur le réchauffement climatique.

Qui est John Kerry ? 


Ancien secrétaire des États-Unis sous la présidence de Barack Obama jusqu'en 2017, John Kerry est un homme politique américain, envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat depuis le début de l'investiture de Joe Biden. Engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique, sa prise de conscience se produit dès son plus jeune âge. “Ma mère m'emmenait tôt le matin me promener dans la nature, il y a des années, quand j'étais petit et j'ai été marqué par son respect et sa connaissance. Par la suite, en 1962, quand j'étais en première année de fac, j'ai lu Rachel Carson, Le Printemps silencieux, qui m’a profondément marqué”, explique John Kerry. 

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À ce titre, de par ses convictions et son statut, l’homme politique affirme avoir changé ses habitudes : “J'ai une voiture électrique, un champ de panneaux solaires chez moi. C'est super d'avoir sa propre centrale solaire pour alimenter sa maison et lorsqu’on ne consomme pas cette énergie, elle alimente le réseau. Au niveau alimentaire, on gaspille une quantité incroyable, terrifiante de nourriture sur cette planète, et pourtant des gens ont faim”, affirme-t-il.

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Selon lui, des petits changements, qui n'impactent pas sur notre quotidien, peuvent permettre d’améliorer notre qualité de vie. “Nous aurons une meilleure qualité de vie, un air plus pur, et 15 millions de personnes par an ne mourront plus, comme aujourd'hui, à cause de la mauvaise qualité de l'air, quand 10 millions de personnes meurent de la chaleur extrême. Ce sont des choses que nous pouvons contrôler, nous pouvons faire mieux et nous pouvons rendre la planète plus propre et plus sûre”. 

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Quelle est l’urgence climatique ?


Partout dans le monde, de plus en plus de jeunes s'engagent pour la défense du climat. Si certains d’entre eux souhaitent parfois emprunter une voie plus radicale et violente, John Kerry, lui, prône le pacifisme. “Je ne soutiens pas la violence physique, en aucun cas, mais je comprends la désobéissance civile. Ce n'est pas la même chose. Je l’ai moi-même pratiqué. J’ai été arrêté parce que j’avais résisté et protesté. Je pense que c’est un droit légitime de pratiquer la désobéissance civile si vous êtes prêt à en assumer les conséquences et que vous comprenez qu’elles sont indissociables. La meilleure chose à faire, c'est d'être prêt à protester de façon non violente, mais aussi à s'engager dans le processus politique”, explique John Kerry. 

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La jeunesse est, selon lui, la clé pour faire bouger les choses : “Nous avons besoin d'un certain degré de militantisme parce qu'il y a beaucoup trop d'inertie. Trop d'entreprises et de pays parlent beaucoup mais n'agissent pas. Nous avons besoin que des jeunes, partout dans le monde, exigent des adultes qu'ils se comportent et prennent les décisions qu'ils peuvent et doivent prendre”. Car la situation est urgente. D’ici 2030, la GIEC souhaite réduire les émissions de CO2 de 45 % et atteindre les objectifs que l'organisation intergouvernementale s’est fixée. “C'est une situation critique. Les enjeux ne pourraient être plus élevés et personne ne le ressent autant que la jeune génération”

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Quel est l’objectif de l’Accord de Paris ?


Si John Kerry se dit fier de la présidence de Barack Obama et des négociations qui ont débouché sur l’accord de Paris, les progrès semblent avoir stagné depuis l’accord. “L'accord de Paris est l'un des grands succès permis par les années de réunions des entités des Nations Unies. Mais, depuis l'accord, nous sommes allés trop lentement. Nous pourrions, en théorie, encore arriver à rester dans la limite des 1,5 °C, mais nous sommes très proches de ne plus pouvoir y arriver. La seule façon d'y parvenir serait d'accélérer drastiquement la réduction de nos émissions, le captage des émissions, tout ce qui est possible de faire. Tous les efforts les technologies actuelles doivent être déployés plus vite qu'ils ne le sont actuellement”. 

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Si la Chine, l’un des plus grands pays du monde, est aussi l’un des plus polluants, John Kerry affirme que sa puissance progresse, notamment en termes d’environnement. “La Chine s'est développée à une vitesse stupéfiante. Et cette vitesse de développement a un coût. Mais mon homologue à qui je parle en Chine, Xie Zhenhua, est un vrai défenseur de l'environnement. Aujourd'hui, la Chine à tel point qu'elle est devenue le plus grand producteur d'énergie renouvelable au monde”. La Chine pourrait alors “ne pas avoir besoin de toutes les centrales à charbon qui ont été construites, et elle pourra peut-être atteindre plus vite le pic de ses émissions pour ensuite les réduire. Ils pourraient avancer, assez vite pour ensuite aider le reste du monde à avancer” conclut l’homme politique américain.

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