Erwan a tout plaqué pour vivre de la permaculture

Salaire, maison, il y a 7 ans, Erwan a décidé de laisser tout ça derrière lui pour se consacrer à la permaculture. Brut l’a rencontré.

“Faire des choses qui ont du sens”


Être en chemise et rasé à blanc, ça c’était sa vie d’avant. Il y a sept ans, Erwan, 33 ans, a décidé d’arrêter de travailler pour vivre de la permaculture dans l’Aude, non loin de Perpignan.


“A un moment donné, je me suis fait mal sur plein de points, psychologiquement, à la santé, à tout. J’ai eu un ulcère à l’estomac assez jeune”. Grâce à la permaculture, il se sent en meilleure forme : “J’ai vu mon alimentation changer, je me suis vu changer, ça n’a rien à voir”.


Brut vous emmène visiter la ferme du Bec-Hellouin en Normandie, qui est l’une des références de l’agriculture durable en France. On y pratique la permaculture et l’écoculture.


“J’ai pas mal réappris avec le temps à apprécier tous les légumes du jardin, comme les feuilles de chou. Et à manger aussi beaucoup de choses crues dans des salades”. Pour ce qui est de la viande, le jeune homme n’en mange que “très peu”.


Il a un niveau d’ingénieur dans les fluides et a travaillé pendant 7 ans pour “une grosse entreprise” liée au secteur du chauffage énergétique. “Petit à petit j’ai décidé de changer de vie et de plus m’écouter, de plus prendre du temps pour moi et faire des choses qui me faisaient sens.


Donc ça commençait par bien manger, et tout ce qu’il y a autour de bien manger, donc commencer à cultiver son propre jardin, à faire ses propres graines, avoir ses propres animaux, et petit à petit, ça s’est transformé en jardin partagé, en association.”


En 2017, l’ancien membre des Frero Delavega, Florian Delavego est parti s’isoler chez lui dans les Landes avec sa famille pour vivre de la permaculture. En 2020, Brut l’a rencontré pour revenir sur sa nouvelle vie.


“Se créer des envies, plus que des besoins”


L’association s’appelle Merci la vie. Sur les jardins prêtés par différents propriétaires du village, il cultive des fruits et légumes. Ces jardins étaient auparavant des jardins ouvriers. Leur surface était de “1500, 2000 m2 à cette époque-là”. “On arrive à nourrir ceux qui viennent aider à l’association et on arrive à nourrir ceux qui le veulent au marché” affirme Erwan.


En revendant ses produits, il récolte de l’argent pour l’association : “à peu près 2000 euros l’année dernière” grâce au restaurant le Silex qui lui achète régulièrement des produits.


Ses fruits et légumes, il les vend aussi sur le marché hebdomadaire du village de Paziols. Les prix sont libres, chacun donne ce qu’il veut pour soutenir les permaculteurs et agriculteurs de la région. “Le but, c’est d’avoir accès à de la bonne nourriture fraîche, pour ceux qui le souhaitent, peu importe à quel prix” explique Erwan.


L’ensemble de cet argent qu’il récolte lui permet de racheter des arbres, des graines, du matériel divers et varié pour l’association ou pour les animaux.


Pour ce qui sont de ses dépenses personnelles, comme les charges de sa maison, l’eau, l’électricité, un téléphone portable, “c’est le RSA qui paye mon quotidien” déclare le permaculteur, qui “ne compte pas l’avoir à vie.


L’idée, ce serait que ce genre d’activité, comme on fait ici, soit reconnue et qu’on puisse être aidés davantage financièrement pour ce qu’on fait au quotidien, et peut-être créer des petits emplois en tous genres, comme on commence en à avoir l’idée, pour des personnes handicapées ou des personnes loin de l’emploi” souhaite le jeune homme.


“Ca fait 6 ans maintenant, 7 ans que je ne travaille plus, que je n’ai plus de salaire. Alors, ça m’a fait super drôle au début, parce que j’ai eu la chance quand même d’à peu près bien gagner ma vie à un moment donné. Petit à petit, j’ai eu de moins en moins de sous, je suis passé par le Pôle emploi pendant deux ans, avec un peu de sous de côté, quand j’ai eu un accord à l’amiable, quand je suis parti.


L’argent nous crée des besoins. Pour avoir aussi discuté avec plein de gens divers et variés, je ne connais pas beaucoup de gens qui, peu importe ce qu’ils gagnent, ont une grosse partie de leurs économies à la fin du mois. Quelqu’un qui vit avec 1500 euros par mois, aujourd’hui, il va se créer des besoins pour dépenser ses 1500 euros. Donc pour moi, c’est plus aussi se créer des envies, plus que des besoins.” Il n’a pas d’enfant, “un choix de vie”.


“Notre futur dépend de l’avenir du ver de terre”. Agronome et cultivateur, Christophe Gateau explique pourquoi les vers de terre sont absolument nécessaires.


Pour ses parents “au début, ça a été un peu bizarre pour eux”


Que pensent ses parents de sa nouvelle vie ? ”Je pense… Ça été un peu bizarre, comme pour tout parent, au début pour eux. Quand on leur dit : je pars d’un CDI, dans une ville où j’avais une personne avec qui je vivais en couple à une époque, une maison bien…


Quand on leur dit qu’on plaque tout du jour au lendemain pour aller vivre de nature et d’eau fraîche, ça leur fait un peu bizarre. Et petit à petit, en fin de compte, on en a discuté et ils ont accepté.


Et aujourd’hui, je crois qu’ils sont plus fiers qu’autre chose parce qu’ils ont vu ma vie humaine personnellement évoluer. Et je crois que quand on est nous et qu’on fait ce qu’on aime, n’importe quel parent ne peut qu’être fier de son “enfant” et ne peut qu’accepter, en fait, son choix.”


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