Ils transforment des mégots de cigarettes en matériaux isolants

Depuis 3 ans, Julien et ses équipes collectent des tonnes de mégots de cigarettes pour les transformer en matériaux isolants qui servent dans le bâtiment et... dans la confection de doudounes ! Pendant ce temps-là, chez TchaoMegot à Bresles...

“Un déchet qui n'est pas forcément très propre, on le peut porter sur soi”

 

Il y a 4 ans, j'ai eu une idée un peu folle. J'ai vu un mégot qui était ouvert au sol et de par l'aspect et la couleur, je me suis dit qu'on pouvait en faire un matériau isolant.” C’est de cette idée que Julien Paque est parti pour fonder son entreprise TchaoMegot. À 25 ans, il gère 17 salariés. En 3 ans, Julien a collecté 8 tonnes de mégots de cigarettes, transformés en 8 tonnes de matériaux isolants. Une initiative écologique qui permet de donner une nouvelle vie à un polluant. Pour Brut, Julien montre son usine, où ils transforment les mégots en isolants.

Ils transforment des mégots de cigarette en cendriers


Une matière dépollué naturellement 

 

Et donc là, la première étape, chez nous, c'est d'aller le trier pour pouvoir, justement, extraire des indésirables. Parce que même si on essaye de collecter que le mégot, il y a parfois des choses à extraire”, explique Julien Paque. Il récupère notamment les restes de tabac toujours accrochés aux mégots. Car ce qui l’intéresse vraiment, c’est le filtre de la cigarette. “Et nous, ce qui va nous intéresser, c'est vraiment cette matière-là, qui est la matière gênante et toxique pour l'environnement. C'est le filtre, en fait, qui a capturé les substances toxiques.”

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On vient placer les mégots qu'on a tamisés, du coup, dans la cuve et c'est cette cuve qu'on va placer dans la machine. L'idée, c'est d'aller extraire, justement, les odeurs, les substances toxiques. Et ça, on va le faire vraiment avec un process qui est assez innovant : c'est qu'on n'utilise pas d'eau et pas de solvant toxique. C'est fait sur un process à sec qui va durer à peu près une heure”, continue le jeune entrepreneur. “Pour que la matière puisse être remise sur le marché, qu'on puisse parler vraiment de recyclage, c'est hyper important qu'on puisse la dépolluer. Pour qu’on soit sûr justement que les doudounes, dont celle que j'ai sur moi, ne soient pas toxiques, ou qu'elles ne posent pas de problème après pour l’environnement ou la santé humaine.

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“Le but, c'est aussi d'influencer les gens”

 

Une fois la matière dépolluée, il ne reste plus qu’à la transformer pour avoir le produit fini. “On va soit pouvoir le réutiliser tel quel pour le souffler dans les combles, soit on va les retravailler pour avoir un produit avec plus de valeur ajoutée pour, justement, créer ces doudounes. On peut transformer ces fibres en plaques plus ou moins épaisses. Et ça, on va venir le prendre en sandwich dans du textile.” 

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Julien a décidé de s’associer à son père pour gérer l'entreprise. “C'est une fierté personnelle de le voir réussir et, comme on dit, les plus belles performances sont celles qui durent. Donc on lui souhaite une très longue vie dans cette carrière de recycleur de mégots”, pense Arnaud Paque. “Quand j’arrive au boulot c'est sûr que je ressens de la fierté, parce qu'on est vraiment partis de rien. Ça avait démarré à zéro sur un bout de papier, donc c'est de la fierté, surtout envers l'équipe, aussi. Parce qu'au départ, j'étais tout seul, j'avais énormément de choses à faire, maintenant, je peux déléguer”, décrit Julien. “Le but, c'est aussi d'influencer les gens, de leur montrer que même d'un déchet qui n'est pas forcément très propre, qu'on peut porter sur soi et, justement, faire bouger les codes avec ça.

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