Maisons fissurées à cause de la chaleur, il a la solution

En France près de 10 millions d’habitations sont menacées, selon le ministère de l'écologie. En cause, des sols argileux qui se rétractent sous l'impact de la chaleur et du manque d'eau. Un phénomène qui s'accélère à cause du changement climatique. Pour réduire les coûts, Lamine a une solution.

D’où viennent ces fissures ? 

Le dernier recensement du ministère de l’Écologie, publié en juin 2021, indique que plus de 10,4 millions de maisons sont potentiellement très vulnérables aux fissures, ce qui veut dire qu’elles ont été construites sur des sols exposés moyennement ou fortement à ce phénomène de retrait-gonflement. Ces fissures sont liées au mouvement du sol qui lui, a une nature argileuse très plastique. Lorsque celui-ci est humidifié, il est semblable à de la pâte à modeler mais lorsqu’il est soumis à la sécheresse, la terre de ce sol devient très cassante. Ainsi, quand les fortes chaleurs surviennent, le sol devient sec, cassant et se rétracte, entraînant un mouvement qui fait bouger les fondations. 

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Ce phénomène peut survenir à tout moment et sur tout type de construction. Lamine Ighil Ameur, docteur en mécanique argileuse des sols au Cerema, constate que des maisons très anciennes, des plus récentes autour des années 1980 et 1990 présentent des fissures de sécheresse, tout comme certaines bâtisses construites récemment, en 2020. Au quotidien, Lamine Ighil Ameur travaille sur la compréhension du phénomène de retrait-gonflement des sols argileux, mais aussi sur des solutions pour l'adaptation des ouvrages qui sont exposés à ce phénomène.


Quelles solutions ? 

Depuis 2015, les sécheresses sont de plus en plus fréquentes , avec une intensité qui augmente et qui s'installe dans la durée. Avec le changement climatique, le phénomène s'intensifie. “Il y a une incidence sur les conséquences vis-à-vis des bâtiments, qui sont construits sur ce type de sols, des routes, aussi, qui sont construites sur ce type de sols.”


Aujourd'hui, les solutions les plus répandues sont des injections de résine expansive ou les micropieux, des fondations profondes pour aller chercher le bon sol. Mais ces solutions sont lourdes et coûteuses à mettre en place. Lamine Ighil Ameur indique que “des retours montrent que, après avoir mis en place ce genre de solutions, il y a de la fissuration, de la sinistralité sécheresse qui réapparait avec les années. Donc nous, on travaille aujourd'hui pour trouver des solutions alternatives à ces solutions classiques.

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Sur une maison test, Lamine Ighil Ameur expérimente le procédé MACH soit la maison confortée par humidification. “Le principe consiste à récupérer l'eau de pluie de la toiture, de la stocker ici, dans cette cuve, et ensuite, pendant la période de sécheresse, de diffuser cette eau d'une manière ciblée et progressive autour du sol qui est juste en dessous de la semelle de fondation. Donc pour faire ça, on a disposé des points d'humidification. C'est un système d'irrigation goutte à goutte qui est très classique. Quand le sol est sec, on a l'information, elle est captée ici, on la renvoie vers le système de pompe pour apporter une eau de pluie dans la cuve et la diffuser progressivement autour des façades de fondation”. Le but est d’ainsi rééquilibrer le taux d’humidité des sols pendant la période de sécheresse et d'éviter de rencontrer un phénomène de retrait intense, et donc des déformations qui fissurent les maisons. 


L’eau réinjectée dans les sols est récupérée et stockée durant une période humide. 5m3 de stockage sont alors suffisants durant toute la période de sécheresse. “Parce qu'on sait que pendant cette période, on a très peu de précipitations. Même pendant la période hivernale, on peut être amené aussi à manquer d'eau de pluie, comme c'est le cas pour la sécheresse de l'hiver entre 2022 et 2023. Et donc on travaille sur une alternative, qui est le recyclage des eaux usées domestiques. Pour accompagner ce dispositif-là, on met des capteurs sur quelques fissures témoins. Ce qu'on a constaté, concrètement, c'est que les fissures ne se rouvrent pas pendant la période de sécheresse et on a vu l'absence de nouvelles fissures qui sont apparues. Là, aujourd'hui, on travaille sur une amélioration par rapport à ce qu'on a déjà testé entre 2016 et 2020. Donc réduire le coût, rendre la solution encore plus simple à poser, et aussi, vérifier sa reproductibilité. Le but, après, c'est qu'on passe le relais à des entreprises pour que ça puisse être commercialisé, et donc proposé comme solution alternative aux solutions classiques.”

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Pour avancer dans leur recherche, le Cerema a installé une station d'instrumentation complète qui mesure les données d'humidité des sols, jusqu'à deux mètres de profondeur, sur le même site pour comprendre comment se comporte une maison en ossature bois, construite récemment, ou encore une maison en maçonnerie classique. “On a des premiers retours qui nous disent que la structure en bois se comporte mieux vis-à-vis de cette déformation liée au retrait-gonflement. Si on ne traite pas, on ne consolide pas, on ne stabilise pas, ces fissures vont se propager, vont s'aggraver et on arriverait à des cas extrêmes. Donc ça veut dire qu'aujourd'hui, ces 10 millions de maisons très vulnérables, il faudrait agir très rapidement et prendre des dispositions, justement, pour réduire la vulnérabilité du bâti et éviter qu'on arrive aux cas extrêmes.

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