"La vie est plus forte que la mort", Robert Badinter

"La vie est plus forte que la mort, c'est ainsi que je vivrai et que je raisonnerai." C'est avec ces mots que Robert Badinter partageait, en 2003, sa vision du temps qui passe. Connu comme "l'homme qui a aboli la peine de mort", ancien ministre de la Justice, il est mort à 95 ans.

En 2003, dans une émission de télévision, Robert Badinter, connu pour avoir aboli la peine de mort en 1981, se confiait sur la façon dont il imaginait et appréhendait l’existence et la vie face à la mort : “À mon âge, un anniversaire, on se dit : "Encore un !" On fait le calcul, on compare ce qui fut à la marge qui demeure et qui par définition est problématique, se rétrécit de plus en plus. Il n'y a pas de quoi, disons-le, exulter. Quand vous vieillissez, le vrai problème, c'est d'arriver, à la fois à se détacher, il faut du détachement, parce que la vie s'en va, rien ne peut changer cela. Donc, il faut nous en détacher, notamment, je trouve qu'une telle course, tous les hochets, toute la vanité, tout ça... Non il faut se libérer absolument, il faut craindre ça comme des poisons. Mais en même temps que vous vous détachez, et ça veut dire se détacher de soi-même, il faut demeurer attaché à la vie, à la vie des autres, à la vie qui se passe, à ce qui advient. Il faut être à la fois très présent et très attentif à ce qui est et, en même temps, vous libérer de vous-même, vous préparer parce que le départ approche”. 

Le message de Robert Badinter pour les jeunes générations


“J'ai compris, en regardant ça, que la vie était toujours plus forte que la mort. Et dorénavant, c'est ainsi que je vivrai et que je raisonnerai”


Robert Badinter ajoute : “Le départ fait partie de l'ordre de la vie. Moi, j'ai toujours considéré que la mort faisait partie de la vie. Et j'ai là-dessus une vision très précise. Je pense que le souvenir ou l'idée de la mort ne doivent jamais prévaloir sur la vie elle-même, que la vie est plus forte que la mort. Et je me souviens : la première fois que j'ai été à Auschwitz, c'était il y a très longtemps, c'était en 1956. C'était le printemps. J'étais allé là parce que c'était un devoir à mes yeux, de mémoire et de piété. Et il n'y avait personne, à l'époque, qui visitait les camps de concentration. Je suis resté longtemps et là, à l'entrée, les nazis ont tout fait sauter au moment où ils sont partis, à l'entrée, là où il y avait les blocs de béton des chambres à gaz et des crématoires de jadis, entre les interstices des blocs de béton, j'ai vu des petites fleurs qui avaient poussé et je suis resté longtemps à les regarder et je me suis penché, j'en ai cueilli deux. Et le soir même, quand je suis revenu à l'hôtel, j'ai écrit à ma mère et je lui ai envoyé ces fleurs en lui disant : "J'ai compris, en regardant ça, que la vie était toujours plus forte que la mort. Et dorénavant, c'est ainsi que je vivrai et que je raisonnerai. La vie est plus forte que la mort”.

Le plaidoyer de Robert Badinter, 40 ans après l'abolition de la peine de mort


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