Comment fonctionnent les 500 signatures ?

Marine Le Pen, Philippe Poutou, Eric Zemmour… Lors de l’élection présidentielle de 2022, certains des candidats ont donc appelé les maires et élus à les parrainer. Depuis quand ça existe, comment les obtient-on, voici ce qu’il faut savoir sur les 500 parrainages à l’élection présidentielle.

Comment obtenir les 500 signatures pour la présidentielle ?

Tous les candidats à l’élection présidentielle doivent récolter 500 parrainages d’élus pour que leur candidature soit validée. C’est la première étape d’une campagne présidentielle. Car pour être un candidat officiel, n’importe quel prétendant doit recueillir 500 signatures d’élus. Ces signatures seront validées par le Conseil constitutionnel. Pour les recueillir, les candidats peuvent appeler aux signatures et faire le tour des élus.


Certains élus se mobilisent pour rappeler qu’un parrainage n’est pas un soutien. Car officiellement, on ne parle pas de parrainages mais de présentations. “J’ai décidé de parrainer le candidat dont je suis le plus éloigné, puisque je suis classé à droite, qui est Jean-Luc Mélenchon. Je combats ardemment ses convictions, ses idées, ses valeurs, mais il doit pouvoir concourir” a déclaré en février 2022, David Lisnard, maire de Cannes.

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Ce système de filtrage des candidatures existe depuis la première élection présidentielle au suffrage universel direct de 1965. Il a été institué par Charles De Gaulle. Le but est d’éviter les candidatures trop nombreuses, fantaisistes ou régionalistes. A l’époque, il suffit de récolter 100 parrainages auprès d’élus. En 1976, sous la présidence de Valéry GIscard d’Estaing, une réforme acte des changements. Chaque candidat doit rassembler minimum 500 signatures. 


Ce changement prend acte avec la présidentielle de 1981, pour laquelle 500 signatures sont nécessaires. Les élus, ce sont les maires, les sénateurs, les députés, des conseillers départementaux et régionaux mais aussi des conseillers de Paris, de la métropole de Lyon, des présidents du conseil exécutif de Corse et de Martinique, les présidents de la Polynésie française et du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. En 2022, plus de 42 000 élus peuvent parrainer un seul candidat ou candidate chacun. 

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Mais ça n’est pas si facile pour les prétendants à l’Elysée… “Vous voyez bien qu’on est dans une situation de blocage pour un certain nombre d’entre nous. Et c’est mon cas” affirmait Jean-Luc Mélenchon en janvier 2022. D’abord, les signatures doivent venir d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer différents. En imposant minimum 30 départements différents pour chaque candidat, le système préserve une représentativité nationale. Il est également interdit au candidat de récolter plus de 10%  des parrainages dans un même territoire.

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Est-ce que les maires peuvent parrainer plusieurs candidats ?

Les maires ne peuvent parrainer qu’un seul candidat. Ensuite, puisque les signatures sont publiques, les maires ont souvent peur de parrainer un candidat… au risque de fâcher leurs électeurs. "Si le soutien était anonyme, je pense que certains oseraient mieux s’exprimer et avoir une attitude différente effectivement, qu’ils ne peuvent pas exprimer face à leurs concitoyens parce qu’ils n’ont pas été élus pour ça" a expliqué Martine Tellier, maire (SE) de Brueil-en-Vexin.


Les élus ne peuvent choisir et donc, parrainer, un seul et unique candidat. Ils ne peuvent pas modifier leur choix par la suite. Ils n’ont pas non plus le droit de tirer au sort le candidat qui profitera de leur parrainage. Ils ne peuvent pas non plus mettre le parrainage aux enchères.


Pour parrainer quelqu’un sans risquer d’être critiqué pour ce choix, certains élus ont déjà tenté d’organiser un tirage au sort. Mais le Conseil constitutionnel a toujours invalidé ces parrainages. En 2017, seuls 34 % des élus habilités ont parrainé quelqu’un contre 36 % en 2012. Certains candidats ont déjà du retirer leur candidature faute de parrainages. C’est notamment le cas de Christiane Taubira, la candidate de gauche, de la présidentielle 2022. La même année, Florian Philippot, ancien bras droit de Marine Le Pen, avait dû retirer sa candidature car il n’avait pas réussi à récolter le nombre suffisant de signatures. Il avait dénoncé un “système de parrainages totalement verrouillé et vicié”.

Emmanuel Macron par Emmanuel Macron


Quelle date pour les 500 signatures ?

Lors de l’élection présidentielle 2022, la date de début pour collecter les 500 parrainages était le 30 janvier 2022. Les candidats ont eu 10 semaines pour récolter ces signatures, avant le début du premier tour présidentiel. La date de fin de collecte était fixée au 4 mars 2022. C’est le Conseil constitutionnel qui contrôle et valide les signatures.


En 2022, des candidats comme Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou Eric Zemmour, s’inquiètent de ne pas obtenir les 500 signatures avant le 4 mars, dernier jour de réception des parrainages par le Conseil constitutionnel, et donc de ne pas pouvoir être éligibles en avril. Les candidats ne peuvent pas déposer physiquement leurs documents. Ils doivent les envoyer par voie postale. Le Conseil constitutionnel vérifie également que chaque candidat lui transmet une déclaration de patrimoine et une déclaration d’intérêts et d’activités, qui sont transmises à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. La liste finale est publiée dans le Journal officiel au maximum 4 semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle. Depuis la loi du 25 avril 2016, la liste des parrains des candidats est rendue publique. 


Le maire de Pau, François Bayrou, a lui créé un collectif pour motiver les élus à parrainer des candidats. Il a expliqué : “Ce collectif il garantit une chose essentielle : c’est que nous apporterons l’assurance auprès des électeurs que ces signatures ne sont pas des soutiens, qu'elles sont transpartisanes, objectives… On peut tout à fait se battre contre des idées et en même temps ne pas accepter que les candidats qui les portent soient exclus de cette élection”.

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D’après le site “Vie-Publique” lui-même, ce système est “souvent critiqué” pour “son incapacité à faire une place à des candidats populaires mais hors système” ou encore “son caractère anachronique voire archaïque depuis l'instauration de l'élection du président de la République au suffrage universel direct”. L’autre risque souvent cité est que certains des élus marchandent leur soutien. A l’inverse, un risque peut exister pour les élus de subir des pressions pour donner leur signature à un candidat. Pour éviter ces dérives, la procédure est très stricte. 

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