De la techno ouïghoure pour faire rayonner leur culture

"Depuis 10 ans, il n'a pas de nouvelles de ses parents…" Ouïghours, ils ont fui la Chine pour porter leur message politique en musique et faire connaître leur culture, un héritage que le régime chinois veut effacer. On a rencontré Aishan et Erpan du groupe électro None Sounds.

“Ça n’aurait jamais été possible en Chine”


Nous, les Ouïghours, on adore la musique et la danse, c'est dans nos veines.” Depuis leur enfance, Aishan et Erpan, membres du groupe None Sounds, ont toujours apprécié la musique. Tous les deux Ouïghours, ils ont décidé de quitter la Chine pour réaliser leur rêve, qui n’aurait jamais pu exister dans ce pays. Pour Aishan, les deux artistes n’auraient jamais imaginé que ce rêve soit possible. “En tant qu'artistes, on ne pense pas qu'au régime chinois. Moi, en tant qu'artiste, je m'intéresse à toute la planète. Si quelque chose ne va pas quelque part, s'il se passe quelque chose quelque part, c'est important pour moi, parce qu'en tant qu'artiste, ma responsabilité ne s’applique pas qu’aux Ouïghours. Ma musique n'est pas que pour les Ouïghours. La preuve, là, on joue aux Vieilles Charrues.

Comment le travail forcé des Ouïghours alimente l'industrie textile mondiale


Pour Erpan, continuer la musique est la “meilleure chose à faire”. “Si on se concentrait sur un régime ou une politique, il n'y aurait pas de None Sounds et il n’y aurait pas de musiciens Ouïghours aux Vieilles Charrues. Depuis le début, on a aussi nos problèmes personnels, la pression sur nos familles. On a perdu le contact avec notre famille et nos amis. Ça a été dur.” Depuis près de 10 ans, Erpan n’est plus en contact avec sa famille, encore en Chine. “Comme on vit hors de Chine, et que nos parents sont toujours en Chine, la police chinoise ne peut pas faire pression sur nous ici, mais elle peut faire pression sur nos familles.

Plus de 500 000 Ouïghours sont forcés à travailler dans des champs de coton


Partager la beauté de la musique Ouïghoure


Face à cette dure et triste réalité, la seule chose à faire, selon les deux artistes, est de “parler des belles choses”. “Tout le monde parle du mauvais, du négatif, mais au moins, on est là pour parler du positif. Nous voulons partager la beauté de la musique Ouïghoure, cette pure énergie, avec le monde entier. C'est notre mission. Car la musique est un langage international, elle n'a pas de frontière. Elle touche tout le monde, tout le monde peut comprendre ce langage. Je crois que grâce à ce langage, on peut exprimer quelque chose sur l'Asie centrale.”

Les violences faites aux Ouïghours en 5 points


Comme la musique latine, africaine, arabe ou celtique, les Ouïghours ont leurs propres instruments, permettant de créer une musique traditionnelle. “Mais ça ne plaît pas vraiment aux jeunes, ce sont des classiques, un héritage artistique, des choses qui ont 3 000 ans. Parfois, on rejoue ces partitions, il y a des gens de notre génération qui apprennent et qui perpétuent l'héritage. Pour notre musique, la plupart des mélodies que j’utilise, les influences viennent de ces traditions. On renouvelle la musique ancienne. Chez nous, on dit que les Ouïghours, de 7 à 70 ans, tout le monde peut danser et chanter. Si vous ne savez pas danser et chanter, vous n’êtes pas Ouïghour. Pour moi, la vibe Ouïghoure, c’est : ‘je vais te faire danser, et si tu ne danses pas, je danserai pour toi. Si tu ne danses toujours pas, je te ferai des blagues. Je ferai tout pour te rendre heureux’. C'est ça, la vibe Ouïghoure.”, explique Aishan. 

Ouïghours : des camps pour les musulmans

Ma liste

list-iconAjouter à ma liste
avatar
Brut.