Episode #1 : MeToo, la révolte d’une génération - Brut x Les Jours

Elles sont quatre. Elles ont 18 et 19 ans. Elles sont étudiantes à la fac de Nanterre. Elles racontent leurs espoirs et leurs combats. Sans filtre.

Brut x Les Jours : paroles de jeunes femmes - Épisode 1


Brut et Les Jours s’associent pour une série de vidéos. Des jeunes filles donnent leurs impressions sur la nouvelle vague féministe, le patriarcat et les conflits sociaux.


Que pensent les jeunes Françaises d’aujourd’hui de l’état des droits des femmes ? Brut et Les Jours sont allés à la rencontre de plusieurs d’entre elles. Elles ont entre 18 et 19 ans et se réjouissent de la prise de conscience générale permise par #MeToo.


« Je n’ai pas envie qu'on vienne me dire ce qu'on pense de mon physique »


Carla, 19 ans, est étudiante en Arts du spectacle. Ce qu’elle retient en premier de la libération de la parole des femmes, c’est la revendication du droit à ne plus se faire harceler dans les lieux publics. « Quand je suis dans la rue, je n’ai pas envie qu'on vienne me dire ce qu'on pense de mon physique. Je n’ai pas à me faire harceler. Je n'ai pas envie d'écouter cette personne. Je n'ai pas à subir ce qu'elle pense de moi, même si c'est un compliment », affirme-t-elle.


Plus loin, un groupe de post-adolescentes discutent, assise sur un mur. « Ce qui me révolte, c'est toute cette violence, qu’elle soit morale ou physique. Même avec les femmes, quand t'as vu ce qui est sorti avec Harvey Weinstein », lance l’une d’entre elle. « Tu te dis qu'enfin, on va en parler, même dans les entreprises… Hormis le harcèlement, parce que c'est un débat énorme. Mais on en parle des salaires ? », poursuit son amie.


« La quasi-totalité des femmes subissent tous les jours du harcèlement de rue »


Sarah, 18 ans et étudiante en Staps, n’est pour sa part pas vraiment surprise de la tournure qu’ont prise les événements. « Quand les centaines de milliers de hashtags #MeToo sont arrivés, on parlait d’agressions, on parlait de Harvey Weinstein… Et on s’est rendu compte que ce n'était pas une minorité, que c'était une immense majorité, voire la quasi-totalité des femmes qui subissaient tous les jours ne serait-ce que du harcèlement de rue ! Je pense que, même inconsciemment, ça nous change… Après ça, on change, on évolue. Forcément, dans ma génération, plus de la moitié des femmes, au moins, ont été touchées par ça. »


Le groupe de copines partage cet avis. Pour elles, en ce qui concerne les droits des femmes, les choses changent de manière plutôt positive. « Je trouve ça bien qu’enfin, on change un peu. Là, on retourne en arrière, avec une Juive qui se fait buter, avec un Noir qui se fait tuer. Et en même temps, pour les femmes, on essaie d'avancer. Grâce à tout ce qui se passe avec les femmes, je me dis que c’est cool, qu’on ne fait pas que régresser, qu’on essaie d'avancer vers quelque chose d'un peu positif. »


« J’ai davantage d'espoir dans les générations qui viendront »


Cette dynamique donne à Carla de l’espoir, même si le gros du travail se joue, pour elle, autour de la question de l’éducation. « J’ai davantage d'espoir dans les générations qui viendront, qui auront des pères qui ont vécu ça, maintenant et qui règleront la question de l’éducation des enfants. On ne peut plus vivre comme avant, avec une femme au foyer qui fait la popote pour son mari qui rentre le soir. »


Une jeune fille du groupe d’amies s’indigne tout à coup. « Il faut le dire aux petites filles ! Il faut leur dire : "Vous pouvez le faire, on vous acceptera !" On ne va pas leur dire : "Vous allez vivre dans un monde machiste et on ne vous acceptera jamais." » Sa copine tempère. « Ok, mais là, on parle d'enfants qui sont en primaire. Ce n'est pas eux tout de suite, qui vont faire bouger les choses… C'est plutôt à nous, notre génération, en tant que femmes, de nous dire qu’on est capables d'être Présidente ou d'être PDG d'une grande entreprise, ou d'être avocate. C’est à nous de faire bouger les choses. »


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