Est-ce qu'on est tous égaux face aux addictions ?

"Bradley Cooper, Amy Winehouse ou encore Matthew Perry, tous ont été concernés." Déstigmatiser la question des addictions grâce à la pop culture, c'est ce que fait l'addictologue Jean-Victor Blanc. Et pour lui, nous ne sommes pas tous égaux face à la dépendance…

Bradley Cooper, Naomi Campbell, Avicii, Amy Winehouse, Matthew Perry, tous ont été concernés par une maladie addictive. Je parle des addictions avec la pop culture, avec des exemples de films et de séries. L'idée, c'est de déstigmatiser, de désacraliser la question des addictions pour tout le monde, les personnes concernées, mais aussi leur entourage” explique Jean-Victor Blanc, médecin-psychiatre et addictologue avant d’ajouter: “La pop culture, ça permet d'illustrer de manière assez facile, par exemple comprendre l'itinéraire de la dépendance avec Rue de la série Euphoria, ou au contraire des exemples de rétablissements comme Bradley Cooper ou Naomi Campbell qui ont arrêté leur consommation de cocaïne il y a bien des années”. 

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“Nous ne sommes pas tous égaux face aux addictions”


Le médecin-psychiatre et addictologue, auteur du livre “Addicts”, affirme que “nous ne sommes pas tous égaux face aux addictions. En psychiatrie, on a un certain nombre de critères qui vont nous aider à définir la différence entre un usage simple d'une substance et l'addiction. Tout usage de substance n'est pas une addiction, c'est vraiment des critères précis, par exemple le fait de perdre le contrôle vis à vis de la quantité et du temps consacré à la consommation, le fait de maintenir cette consommation malgré des problèmes physiques que cela va engendrer, le fait que le corps va s'habituer à certaines doses et donc on va devoir prendre plus de substances pour avoir le même effet, tout ça, c'est des critères de la maladie addictive. En tant que médecins, pour nous, il n'y a aucune différence entre être addict à une substance autorisée ou une substance illégale. Ça, c'est important. On ne fait pas de distinction entre drogue dure ou drogue douce”

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Plusieurs critères peuvent favoriser les addictions. “Il va y avoir des critères individuels, par exemple le fait d'être anxieux ou très impulsif va faire qu'on va être plus à risque de développer. Il va aussi y avoir des facteurs héréditaires et génétiques, c'est-à-dire que si on naît dans une famille où il y a beaucoup d'addicts, comme par exemple Drew Barrymore, l'actrice américaine, on va naître avec une vulnérabilité vis-à-vis des addictions. Il va y avoir “une part génétique mais aussi une part liée à l'éducation” commente Jean-Victor Blanc. “Enfin, l'environnement social va avoir un rôle. On sait que les personnes précaires vont être beaucoup plus à risque de développer également une addiction et aussi d'avoir plus de mal à se faire prendre en charge lorsqu'ils sont concernés par l'addiction. Il y a également un rôle du genre vis-à-vis du risque de développer une addiction. Là-dessus, les stéréotypes de genre ont encore la peau dure, puisque, par exemple, un homme qui va consommer, on va considérer que c'est un bon vivant, là où une femme va être plus stigmatisée”. 

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“Il n'y a aucune fatalité vis-à-vis des addictions”


Aujourd'hui encore, la plupart des personnes en situation d'addiction sont des hommes. Ceci dit, on sait qu'il y a une augmentation de la consommation du tabac mais aussi d'alcool chez les femmes. Pour les femmes c'est la double peine, puisqu'on sait qu'elles ont plus de mal à accéder aux soins, notamment car elles se sentent stigmatisées vis-à-vis de leur consommation” indique le médecin-psychiatre et addictologue. Il existe aussi des addictions comportementales comme celles liées aux jeux de hasard ou à l'activité sexuelle. “L'addiction aux réseaux sociaux est plus compliquée à définir, puisque aujourd'hui, être addict à l'écran, en fait il y a plein de choses derrière l'usage des écrans et des réseaux sociaux, ça va être un moyen de divertissement, de communication, d'information. Pour l'instant on n'a pas de critère psychiatrique pour définir une addiction aux réseaux sociaux. Mais la recherche continue et peut-être qu'un jour on le définira” décrit Jean-Victor Blanc. 

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Peu importe ses antécédents génétiques, familiaux ou sociaux, le médecin affirme qu’il “n'y a aucune fatalité vis-à-vis des addictions. Et il est important de savoir qu'à toutes les étapes de la maladie addictive, on peut accéder à des soins et aller mieux. C'est une question qui reste globalement mal comprise, avec beaucoup de stéréotypes, on a fait par exemple un sondage qui montre que la moitié des Français pensent encore que c'est uniquement une question de volonté. Heureusement, on a de plus en plus de personnes qui acceptent de parler de leur addiction et surtout de la prise en charge, de, finalement, ce qui a pu les aider sur leur chemin”. Reste encore très présent dans la société française le cliché de la personne “rabat-joie” car elle ne boit pas d’alcool. “Aujourd'hui, les personnes qui font le choix d'être sobres, de ne pas consommer une substance, sont encore pointées du doigt. Notamment, pour mes patients, c'est extrêmement compliqué lorsqu'on leur demande de se justifier sur le fait qu'ils ne consomment pas, or, pour eux, ça nécessite énormément d'efforts pour ne pas consommer”. 

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