Les ravages de la malaria en Afrique et en Inde

En Afrique et en Inde, la paludisme continue de tuer des centaines de milliers de personnes chaque année, principalement des enfants et des femmes enceintes.

En Afrique et en Inde, le paludisme est loin d’être éradiqué


L’OMS estime que 872.000 nourrissons dans 38 pays d’Afrique sont nés en sous-poids à cause de l’infection durant la grossesse en 2018.


Alors que l’épidémie de Covid-19 touche le monde entier, des médecins africains et indiens rappellent qu’une autre maladie frappe chaque année des centaines de millions de personnes et en tue des centaines de milliers, dont de très nombreux enfants et femmes enceintes : le paludisme.


Rien qu’en Afrique, 24 millions d’enfants coureraient un risque d’infection


« Au niveau mondial, si vous deviez regarder le nombre d'enfants vulnérables à la maladie, rien qu’en Afrique, je dirais qu’il y en a 24 millions courant un risque d’infection et 11 millions de grossesses déclarées dans ces régions où la Malaria prévaut », indique le médecin Sanjeev Gaikwad, chef du bureau de « Malaria No More » en Inde. « Et il y a des chances que ceci ne pose pas uniquement un problème aux femmes qui sont enceintes, mais aussi aux enfants avant leur naissance », ajoute-t-il.


L’OMS estime que 872.000 nourrissons dans 38 pays d’Afrique sont nés en sous-poids à cause de l’infection durant la grossesse en 2018. Ils deviennent vulnérables à l’âge de 3 mois lorsque l’immunité transmise par la mère faiblit.


« Une aggravation peut entraîner la mort, surtout chez les enfants »


« Lorsqu’une personne attrape la malaria, l’un des premiers symptômes est la fièvre. Il y a aussi un sentiment général de mal être, de fatigue, parce que cela affecte les globules rouges et d’autres cellules sanguines. Ça réduit la distribution d'oxygène dans le corps, ce qui pourrait expliquer les douleurs. Cependant, il est utile de noter qu’une aggravation peut causer la perte de connaissance, voire la mort, surtout chez les enfants », rappelle le Dr Elvis Eze, ambassadeur de « Malaria No More UK ».


La malaria, aussi appelée paludisme, se transmet à l’humain par les piqûres de moustiques infectés et touche principalement l’Inde et les pays d’Afrique subsaharienne. Pour éviter d'être piqué par des moustiques, les habitants installent leurs moustiquaires tôt dans la journée. Quand il fait trop chaud à l'intérieur de la maison, ils installent le filet à l'extérieur avant la nuit. Ils sont mêmes, parfois, obligés de manger à l'intérieur du filet.


Des pays reculés où il est souvent très difficile de soigner les habitants


Dans certains pays reculés, il est souvent très difficile de soigner les habitants, surtout pendant la saison des pluies. « Le problème majeur que nous avons, ce sont des routes impraticables dans des endroits où vous êtes censé mener des campagnes de sensibilisation. Parfois, la rivière est pleine. Nous conduisons donc nos cliniques sous un arbre », témoigne Temwa Mzengeza, médecin au Malawi et responsable national de la vaccination systématique au Malawi.


Pour traiter le paludisme dans la plupart des pays subsahariens, les organisations sont donc obligées de faire appel aux soignants des collectivités locales. Ceux-ci font notamment du porte-à-porte pour distribuer des filets traités aux insecticides.


La maladie endiguée dans 49 des 88 pays endémiques


Depuis le début des années 2000, les financements pour la lutte contre le paludisme ont fait baisser de 60 % le nombre de personnes touchées par la maladie, sauvé 7 millions de vie et permis de l’endiguer dans 49 des 88 pays endémiques de la maladie. Mais depuis deux ans, la baisse des infections stagne dans les régions les plus touchées. L’OMS et les ONG appellent donc à renforcer les interventions dans ces pays.


« Au niveau individuel, il faut une bonne éducation sur la malaria, et les gens doivent se protéger des piqûres de moustiques. Ceci peut inclure des mesures comme des moustiquaires à la maison, s’assurer que les moustiques n’entrent pas, utiliser des insecticides, porter des manches longues et des pantalons surtout quand on sort », précise le Dr Gaikwad. Il poursuit : « Près des habitations, il peut y avoir des mesures comme la pulvérisation d’insecticides, et enlever les piscines d’eau stagnantes. Elles peuvent agir en tant que lieux de reproduction pour les moustiques. »


Aucun vaccin complètement efficace


Si aucun vaccin n’est totalement efficace contre la maladie, la recherche a mis au point plusieurs traitements pour en guérir. « La plupart des traitements sont basés sur l'artémisinine. Deux comprimés sur trois jours, ou plus, et la plupart des patients se rétablissent du Malaria », indique le Dr Eze.


Un vaccin imparfait existe par ailleurs, rappelle Pedro Alonso, directeur du Programme mondial de lutte antipaludique de l'OMS. « Il fournit 40 % de protection. 7 millions de morts ont été évitées sur les 10 dernières années avec des outils imparfaits. Un vaccin – qui, on l'espère, n’est pas le vaccin final mais un premier pas géant – peut effectivement fournir beaucoup de protection supplémentaire et s'ajoute aux outils dont nous disposons aujourd’hui. »


L'épidémie de Covid-19 entraîne un blocage de la distribution de moustiquaires


Le principal toutefois, à l’heure actuelle, reste de de protéger les systèmes de santé, estime Pedro Alonso. « Ceux des grands pays, oui, mais aussi besoin ceux des plus vulnérables. Ce que la pandémie de Covid-19 nous aura appris, c’est pourquoi nous faisons ce que nous faisons. Et c’est pour sauver des vies. »


Reste néanmoins un obstacle majeur à la lutte contre le paludisme dû à l'épidémie de Covid-19 : le blocage de la distribution de moustiquaires et de médicaments. Une perturbation des campagnes de sensibilisation et de vaccination fait également craindre à l'OMS un doublement du nombre de morts pour l’année 2020.


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