Maëva a filmé son agresseur sexuel : "C'est ce qui m'a sauvée"

Victime d’agression sexuelle à sa sortie du travail, Maëva a eu le réflexe de filmer son agresseur. “Il était en train de se masturber”.

“Regarde, je te filme, vas-y regarde !”


“Regarde, je te filme, vas-y regarde ! Le mec, il était en train de me suivre, il me suivait. Je ralentis, je me retourne… Non mais j’hallucine, je vais péter un plomb”. Sur la vidéo, Maëva filme l’agresseur sexuel qui la suivait.


Il est 7 heures du matin. La jeune femme de 18 ans était en train de rentrer du travail quand elle s’est faite agressée. “Je suis esthéticienne en alternance et pour arrondir les fins de mois, je suis barmaid en boîte de nuit. Ce jour-là, je rentre le dimanche matin à 7 heures.


Je rentre dans la rame de métro et je voyais déjà un homme qui était en train de me fixer. Mais je me dis que de toute façon, nous, les femmes, c’est banal qu’on nous fixe comme ça dans la rue, donc j’ai fait “bon”.


Je sors du métro et je me dirige vers les portes et le mec se lève d’un coup… comme s’il venait de se réveiller. Du coup, moi je ne fais pas attention."


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“Le mec était en train de se masturber”


“Je marche, je me retourne pour voir si le mec est là, je vois qu’il est là, je me dis 'bon, il habite peut-être là', je ne calcule pas, mais je sentais déjà ce petit truc, je me suis dit 'là, c’est bizarre'.


Je me retourne une deuxième fois et je vois qu’il est de plus en plus proche. Donc je marche de plus en plus lentement et je fais mine de chercher un truc dans mon sac et, d’instinct, je me retourne une troisième fois.


Au même moment, je sens un coup dans ma fesse gauche. Et en fait, le mec, il était en train de se masturber. Juste derrière moi. Je le regarde totalement choquée, je lui dis : 'Tu fais quoi, là ?' Le mec était encore en train de se masturber. Je lui parle, il continue de se masturber. Et du coup, je l’ai tapé."


“Je filme tout et quelque part c’est ce qui m’a sauvée”


“Je lui dis : “Tu sais quoi ? J’appelle la police. Je mets le haut-parleur, il a entendu le “police nationale” et il s’est barré en courant. Il s’est barré, j’ai raccroché.


C’est pour ça que dans le début de la vidéo, je suis en pleurs, parce que les nerfs ont lâché.” Si Maëva décide de se filmer et filmer la scène à ce moment-là, c’est parce qu’elle savait qu’elle avait des amis qui ne dormaient pas. Mais elle ne pensait pas que l'homme tenterait de revenir.


“Je suis quelqu’un, je filme tout dans ma vie, je filme tout et quelque part c’est ce qui m’a sauvée. Parce que je ne sais pas ce qui se serait passé, sinon, si je n’avais pas filmé, si je n’avais pas sorti mon téléphone… Même si je l’ai tapé, même avec l’adrénaline, je ne sais pas ce qui se serait passé.”


Voyant qu'elle avait son téléphone dans la main, l'homme qui a voulu revenir sur ses pas, est finalement reparti.


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“J’ai eu la police au téléphone et on m’a dit : ‘Vous étiez habillée comment ?’”


“Quand je suis rentrée chez moi, direct après mon agression, j’ai eu la police au téléphone, je voulais savoir ce que je pouvais faire et on m’a dit : 'Sans indiscretion, vous étiez habillée comment ?' Le pire, c’est que j’étais avec une femme au téléphone. C’était une femme.


Et je lui ai dit : 'mais… pardon, mais je ne vois le rapport' et on m’a dit 'non mais non, mais bon, laissez tomber, allez au commissariat porter plainte, c’est tout ce que je peux vous conseiller' et elle a raccroché.”


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“Beaucoup de gens ne se rendent pas compte du quotidien des femmes”


“J’ai décidé de diffuser cette vidéo sur les réseaux sociaux parce qu’il y a énormément de gens qui ne se rendent pas compte du quotidien que nous, les femmes, on vit. Qu’on soit en jean, en jogging, en jupe, en short, n’importe, en tenue de travail, en uniforme, mais n’importe, c’est insupportable.


Je me suis dit, il faut que je parle pour nous toutes. Il faut que tout le monde, surtout les hommes, se rende compte que tout ce qu’on vit, il ne faut pas le prendre à la légère.


Moi, 5 minutes avant, j’étais dans le métro, je voulais mon lit, au final je me retrouve à donner des coups de pied à un mec qui est train de se masturber devant moi, c’est loin d’être normal.”


Depuis, la jeune femme n’est presque pas sortie. Dès qu’elle va dans la rue, elle fait une crise d’angoisse. Maëva se sent salie. “Tout à l’heure quand je me suis maquillée, je me suis mise à pleurer parce que c’est difficile de se faire belle… alors qu’on a été salie quelque part. C’était trop pour moi”.


Cette Française a développé une application pour mettre en sécurité les femmes suivie dans la rue le soir, ça s’appelle Garde ton corps.


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Brut.