Rencontre avec Mami Watta, drag-queen ivoirienne

"J'ai toujours rêvé de venir en France pour pouvoir être libre." Mami Watta participe à l'émission Drag Race France, mais c'est en Côte d'Ivoire qu'elle a grandi avant de tout quitter pour s'installer à Bordeaux. Son premier jour en France, voici comment elle l'a vécu.

“J’ai toujours rêvé de venir en France”


Originaire de la Côte d’Ivoire, Mami Watta est arrivée en France en 2019. Sa tante l’a accueillie chez elle, dans la banlieue de Bordeaux. Elle explique avoir toujours rêvé de venir en France pour enfin être libre. “Il y avait ça, d'un côté, et de l'autre côté, je ne savais pas à quoi m'attendre, parce que tout était extrêmement nouveau pour moi, donc c'était vraiment un sentiment partagé. La communauté queer ivoirienne, elle est tellement petite, et en plus, elle n'existe que la nuit. Parce qu'on ne peut pas, on n'a pas forcément la possibilité ou la chance de pouvoir être queer dehors, dans le tram, dans les transports... C'est ce qui a aussi motivé ma venue en France, parce que j'avais envie d'aller dans un pays où c'était possible, c'était légal, c'était autorisé de dire haut et fort qu'on est queer.” 

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Elle arrive en France pour continuer ses études en droit privé, après avoir validé sa licence. “C’était la raison la plus logique pour mes parents mais en dessous de ça, il y avait évidemment la raison de la recherche de liberté. J'ai toujours su que j'étais queer. À l'époque, j'essayais de me convaincre que je l'étais pas.

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Elle commence à se maquiller lorsqu'elle découvre le RuPaul's Drag Race. “C'était un peu le cumul de tout ce que j'aimais faire. Je voyais des gens qui étaient artistiques, qui aimaient chanter, qui aimaient danser, qui aimaient être sur scène, qui étaient des stars. Et moi, c'est tout ce que j'avais envie d'être, tout ce que j'avais envie de faire, j'avais envie de devenir.” Elle met un long moment avant de s'acheter par ses propres moyens son maquillage. “Au tout début, je me maquillais avec le maquillage de ma mère, mais je le faisais dans la douche. Donc quand ils n’étaient pas là. J'étais très, très laide, mais j'étais contente du résultat, parce que je me sentais moi, je me sentais belle, alors que ce n’était clairement pas le cas. De plus en plus, ça devenait compliqué de prendre le maquillage de ma mère, donc je prenais celui de mes copines. Et après, j'ai demandé à mes copines de m'en acheter. Mais là, c'est la première fois que j'ai acheté du maquillage pour moi-même et par moi-même.

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Elle expérimente de nouveaux looks et achète par elle-même le matériel dont elle a besoin. Elle explique que c’est à ce moment-là qu’elle comprend qu’elle était drag-queen. Le nom de Mami Watta lui vient rapidement en tête : “Mami Watta, c'est une déesse, c'est une divinité, elle fait partie du folklore ivoirien. Et toute ma vie, on m'avait dit que j'avais l'esprit de Mami Watta, mais d'un aspect négatif. Parce que cet esprit-là, c'est celui qu'ont toutes les personnes efféminées, ont toutes les femmes un peu libérées et c'est un esprit duquel il faut se libérer. Donc moi, quand j'ai commencé le drag, je voulais me réapproprier mon histoire, me réapproprier ma culture. Et j'ai choisi ce nom-là, parce que je voulais dire qu'on peut très bien avoir cet esprit-là et être fantastique, et être fabuleux, et faire ce qu'on a envie de faire.”, explique-t-elle.

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Drag Race, l’accomplissement de son travail


Elle explique que lorsqu’elle reçoit l’appel pour Drag Race, elle ressent comme un l'accomplissement de tout son travail pour en arriver jusqu’ici. “J'ai eu un parcours un peu atypique, parce que passer du monde juridique au monde de la nuit, en plus, en tant que drag-queen, ce n’est pas forcément le truc le plus classique ou le plus attendu. Mais je suis satisfaite de mon parcours. J'ai aujourd'hui la chance de pouvoir exprimer ma queerness au plus fort, au plus haut, à la télévision. Chacun son parcours, et le mien, il me plaît, il est parfait comme il est.”, ajoute-t-elle.

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