Les employés d'un entrepôt Geodis en grève "pour ne pas crever"

"Sans les primes de nuit, t'as 1200 euros, c'est même pas un SMIC…" Pendant ce temps-là, loin des caméras, ces salariés d'un entrepôt Geodis à Gennevilliers sont en grève depuis 10 jours, "pour ne pas crever".

“Moi, mon frigo, il est vide”


Depuis une dizaine de jours, des employés de Geodis, travaillant à l’entrepôt de Gennevilliers, sont en grève. Ils demandent une revalorisation salariale auprès de l'entreprise pour “ne pas crever”. “On travaille pour gagner notre vie, explique Djibril, manutentionnaire, pour nourrir la famille. Eux, quand ils se réveillent le matin, le frigo, il est rempli, les enfants, ils les déposent à l'école en voiture. Ils ont bien déjeuné. Mais est-ce que nos enfants, ils ont déjeuné avant d'aller à l'école?”, questionne-t-il. Ali Acherki a 69 ans, et se plaint des conditions de travail. “Le poids lourd, les bruits de la chaîne, la poussière, le froid… tout ça, ça me gêne. Et parfois je sens la douleur au niveau des reins, et le dos aussi, surtout le dos”, décrit-il.
Si je voulais faire grève ailleurs dans le monde


“Ils me demandent de décharger les camions, scanner…, détaille Mokola, un des grévistes. Sans les primes de nuit, t'as 1200 euros donc ce n'est même pas un SMIC. Je travaille aux heures de nuit, de 17h à 1h. Ça fait 10 ans que je fais ces horaires-là. Et le salaire, il n'a jamais bougé.” Les grévistes sont à bout. “Entre les nouveaux et les anciens, il y a un décalage de 150 euros, voire 200 euros au maximum!”, dénonce Mouloud, élu CGT et secrétaire du syndicat Géodis Calberson IDF. “Malgré la pénibilité du travail, malgré les bas salaires, l'entreprise a continué à dégager beaucoup de bénéfices. L'année dernière, en 2021, ils ont dégagé plus de 948 millions de bénéfices. Et en même temps, on a des dirigeants qui touchent quasiment 300 000 euros de primes d'objectif. Mais le salarié, il a quoi ? Celui qui fait le sale boulot, celui qui prend tous les risques quotidiennement. C'est pour ça qu'on est en grève. Nos revendications, elles sont : 150 euros d'augmentation pour tout le monde, 100 euros pour les bas salaires. Et surtout les 1000 euros de fin d'année, parce qu'on en a besoin, de cet argent, tout de suite, pour pallier aux difficultés quotidiennes des travailleurs. Parce que les travailleurs sont tous des smicards.”
Le masque, symbole des mouvements de contestation


Contacté par Brut, le groupe Geodis, a adressé la réponse suivante: "Les décisions qui concernent les hausses de salaire générales se font dans le cadre légal des négociations annuelles obligatoires. Les prochaines auront lieu début janvier 2023. (…) La CGT a refusé de se joindre à la réunion de fixation du calendrier. En septembre 2022, les salariés de la plateforme de tri de Gennevilliers ont touché ‘une prime de partage de la valeur’ de 450 €, majorée d'un complément spécifique à Gennevilliers (200 euros). (…)”
À Rennes, des élèves solidaires de leurs camarades sans-abri


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Brut.