Une vie : l’écrivain Jim Harrison, sa biographie
“Il faut donner une voix à ceux qui n’en ont pas”
“Au début, je pensais que je ne pouvais pas devenir écrivain, car je venais d’un milieu rural. Et puis je me suis rendu compte que c’était faux. Au contraire, ça me donnait une autre façon de voir le monde.”
Voici l’histoire de Jim Harrison, un fils d’agent agricole, devenu l’un des plus grands écrivains américains. Son histoire, le journaliste François Busnel et le réalisateur Adrien Soland la racontent dans le touchant documentaire ‘Seule la terre est éternelle’.
Découvrez la série littéraire d’Augustin Trapenard sur Brut : Plumard
Une vie marquée par des drames
Jim Harrison est né à l’aube de la 2de Guerre mondiale, en 1937, dans le Michigan. Ils sont une famille de cinq enfants. Sa vie a été marquée par une série de drames. À 7 ans, un premier accident le marque à vie. “Je jouais avec ma petite voisine. Soudain, elle s’est énervée. On s’amusait derrière l’hôpital. Elle a ramassé un bout de verre et me l’a planté dans l'œil. Et voilà.” Traumatisé par l'hôpital, il ressent le besoin de se retirer régulièrement en pleine nature. Il mettra plusieurs années à parler de cet accident.
Conversation sans filtre avec Bret Easton Ellis
Il a 16 ans quand il déclare souhaiter devenir écrivain “de part mes convictions romantiques et le profond ennui ressenti face au mode de vie bourgeois et middle class”. Il décide de quitter son Michigan natal pour aller à New York, y suivre des études de lettres. En 1960, il épouse sa femme Linda King. Il a 23 ans. Ils auront deux filles, Jamie et Anna. Engagé comme assistant en littérature à l’Université de l’Etat de New York à Sony Brook, il renonce rapidement à ce poste pour se dédier à l’écriture. Enchaînant les petits boulots, dans la construction et le bâtiment, pour subvenir aux besoins de sa famille, Jim Harrison collabore à cette période avec des journaux et magazines.
Le message de Roberto Saviano à la jeunesse du monde entier
Un jour, en 1962, alors qu’il n’a que 24 ans, son père et sa sœur Judith partent chasser… “Un chauffard ivre roulait à 150 km/h du mauvais côté de la route. Il les a percutés et ils sont morts sur le coup. Ça a été affreux.” Petit à petit, il commence à écrire des poèmes. En 1970, en pleine chasse, il tombe d’une falaise et se retrouve bloqué dans un lit d'hôpital. Il délaisse la poésie pour se tourner vers l’écriture littéraire. C’est là qu’il écrit Wolf : Mémoires fictifs, son premier roman. “Ça parlait d’un jeune homme qui vagabondait dans la Péninsule Nord, à la recherche d’un loup, symbole ultime de la liberté. J’ai fini par en voir plusieurs.”
Ses thèmes de prédilection : la nature, les marginaux, la précarité…
La gloire n’est pas immédiate. Pour sa femme, ses deux filles et lui, ce sont les “années macaronis”. “On mangeait des pâtes tous les jours… Je gagnais 12 000 $ par an dans le journalisme, mais j’avais une femme et deux fillettes à charge. Ce n’était pas assez.” L’acteur Jack Nicholson lui prête 25 000 $ pour terminer Légendes d’Automne, qui paraît en 1979 et sera adapté au cinéma en 1994. Après ce succès, il enchaîne les romans, les scénarios et les poèmes.
À travers ses histoires et ses prises de parole, il met en avant l’harmonie de la nature sauvage, des profils marginaux, la précarité ou encore la cruauté de la conquête de l’Ouest. “On a exterminé les Indiens et pris leurs terres. Comment corriger le passé me direz-vous ? Tu ne peux pas mais tu peux essayer d’ajuster ton comportement dans le présent pour éviter de reproduire les erreurs du passé. Et ça, on ne l’a jamais fait” a déclaré l’écrivain américain. Il parle également des marginaux dans ses écrits. “Il faut donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Je crois que c’est le devoir de l’écrivain.”
Écrivain de thrillers, Bernard Minier raconte comment passer du réel à la fiction
En 1990, il s’engage sur un autre thème à travers La Femme aux lucioles, qui sera repris dans une anthologie féministe. ”Ce n’est pas si difficile, on est tous composé comme des femmes génétiquement. Pour moi, c’était simple. Ma mère avait six sœurs, j’en avais deux, j’ai grandi entouré de femmes, je n’ai eu aucun mal à trouver cette voix en moi.” En 1992, Jim Harrison écrit le scénario du film ‘Wolf’, réalisé par Mike Nichols en 1994. Dans ce film, Jack Nicholson donne la réplique à Michelle Pfieffer.
L'autrice Stephanie Land raconte la réalité du rêve américain
Il passe beaucoup de temps au contact de la nature, notamment dans sa maison du Montana. “Depuis que je suis tout petit, ce que je préfère dans la vie, ce sont les arbres et les rivières.”
Le 26 mars 2016, à 78 ans il meurt d’une crise cardiaque, alors qu’il écrit un poème. Membre de l’Académie américaine des arts et des lettres, Jim Harrison a reçu la bourse Guggenheim. Inspiré de Jack Kerouac et de John Steinbeck, il est considéré comme l’un des plus grands écrivains des Etats-Unis.
En 2018, sont publiées chez Flammarion ‘Dernières nouvelles’ qui regroupe les toutes dernières nouvelles écrites par Jim Harrison. Dans la nouvelle ‘Les Oeufs’, l’écrivain américain se glisse dans la peau d’une femme seule, vivant dans une ferme isolée du Montana. Dans la nouvelle ‘Le Chien’, l’écrivain met en scène son célèbre héros canin, Chien Brun.
Quel est le dernier livre publié par Jim Harrison de son vivant ?
Jim Harrison a publié en mars 2016 le livre ‘Le Vieux Saltimbanque’. Cela sera le dernier livre publié de son vivant. L’écrivain américain est mort quelques jours après la publication, le 26 mars 2016 dans sa maison de Patagonia, en Arizona. Au total, Jim Harrison a écrit plus de 25 livres dans sa carrière, dont les œuvres littéraires ‘Légendes d’automne’, ‘Dalva’, ‘La Route du retour’ ou encore ‘De Marquette à Vera Cruz’.
Où vivait Jim Harrison ?
L’écrivain et poète Jim Harrison est né dans une petite ville du Michigan, Grayling, en 1937. Il passera une très grande partie de sa vie dans cet État de l’Amérique, habitant dans un chalet isolé entouré par la nature. Ayant un dégoût pour les grandes villes, il restera très attaché au territoire américain où il est né et a grandi avec sa famille. Il quittera ensuite le Michigan pour aller dans le Montana. Il s’installe près de Missoula, un État également rural. “Les grands espaces me permettent d’échapper à ma claustrophobie” expliquera Jim Harrison. Il mourra en Arizona, dans sa maison de Patagonia.
Quel est le livre le plus connu de Jim Harrison ?
Le livre le plus connu de Jim Harrison est "Légendes d'automne" ("Legends of the Fall" en anglais), publié en 1979. Ce recueil de trois nouvelles, qui raconte l'histoire d'une famille du Montana au début du 20e siècle, a été un grand succès critique et commercial. En 1994, le livre a été adapté au cinéma dans un film du même nom, réalisé par Edward Zwick, avec Brad Pitt dans le rôle principal. Cependant, d'autres œuvres de Harrison, telles que "Dalva", "Retour en terre" et "Un bon jour pour mourir", sont également considérées comme des classiques de la littérature américaine contemporaine.
Jim Harrison est un auteur américain dont l'oeuvre a captivé des générations de lecteurs à travers le monde. Né et élevé dans le Michigan, au nord des États-Unis, il a puisé dans l'histoire riche et complexe de cette région pour inspirer ses écrits explorant les thèmes de l'amour, de la nature, de la vie et de la mort dans ses livres. Son style d'écriture unique mélange la prose et la poésie. Jim Harrison est devenu l'un des auteurs les plus respectés de son époque. Son oeuvre a été saluée pour sa profondeur, sa complexité et sa beauté intemporelle. Les livres de Harrison ont été traduits en de nombreuses langues et ont remporté de nombreux prix littéraires. Malgré sa mort en 2016, l'héritage de Jim Harrison continue de vivre à travers ses livres, qui explorent l'humanité, la nature et la vie elle-même.
Jim Harrison, l'auteur énigmatique dont les mots se dévoilent tels des codes à décrypter, a laissé une empreinte durable dans le paysage de la littérature mondiale. Né au cœur de l'automne dans l'état du Michigan, son retour constant à la nature sauvage de cet endroit a façonné son écriture avec la même intensité que les feuilles d'automne peignant les rues de Paris. La vie de Jim Harrison était un roman en perpétuel mouvement. Son amour pour la littérature et l'écriture s'est traduit dans une pléthore d'œuvres, des romans envoûtants aux recueils de poèmes captivants. Ses livres, traduits en français notamment par la maison d'édition Flammarion et 1018, ont trouvé leur place dans les mains des lecteurs avides de découvrir les secrets du monde à travers ses pages.
Parmi ses légendes les plus célèbres, "Dalva" se démarque. Cette histoire profondément ancrée dans le Montana et l'Amérique profonde a révélé la puissance de son écriture pour capturer l'essence des terres et des vies qui les habitent. Son roman est devenu un film qui a transcendé les frontières pour toucher un public international. Collaborant avec François Busnel lors d'entretiens télévisés, Harrison a partagé les anecdotes de sa vie et les sources d'inspiration qui ont alimenté son écriture. Sa famille et ses expériences de jeunesse ont tissé une histoire complexe, tout comme les personnages qu'il créait avec soin dans ses nouvelles. Jim Harrison, à la fois poète et prosateur, a sillonné les routes littéraires avec audace, explorant les ruelles sombres de l'âme humaine et les vastes étendues de la nature. Sa plume était une carte vers le nord de l'existence, un voyage où chaque page était une étape vers la compréhension du monde.
L'auteur et sa maison d'édition ont collaboré pour choisir des titres qui capturaient l'essence de ses œuvres. Parmi ces titres, "Légendes d'automne" brille comme une étoile solitaire dans le ciel littéraire. Les mots d'Harrison transcendent les frontières linguistiques, les âges et les cultures, se frayant un chemin dans le cœur des lecteurs à travers le monde. Harrison, à l'image d'un poète errant, a écrit avec la passion d'un homme amoureux de la vie. Comme Jack Nicholson l'a brillamment incarné dans l'adaptation cinématographique de "Légendes d'automne", il a saisi la quintessence des personnages qu'il a créés, leur conférant une humanité vibrante et des aspirations profondes. Que ce soit dans l'anglais de son Amérique natale ou dans la langue de Molière, les mots de Jim Harrison résonnent dans les recoins de l'âme. Sa maison d'édition Flammarion a été une passerelle entre les continents, permettant aux lecteurs français de plonger dans l'univers de l'auteur du Michigan.