3 clichés sur la campagne démontés par Claire Desmares-Poirrier
Elle brise trois clichés sur la campagne
Claire Desmares-Poirrier est agricultrice. Elle est aussi l'autrice de « L’Exode urbain : Manifeste pour une ruralité positive ». Pour Brut, elle démonte trois clichés sur la campagne.
Est-il vrai que les habitants des campagnes sont des « ploucs » ? Qu’il n’y a pas d’emploi à la campagne ? Que les ruraux n’apprécient pas les urbains ? Claire Desmares-Poirrier, agricultrice et autrice de L’Exode urbain : Manifeste pour une ruralité positive, met fin à ces clichés.
« Les habitants des campagnes sont des ploucs »
Selon Claire Desmares-Poirrier, il existe une certaine diversité de profils à la campagne : il y a des précaires comme des chefs d’entreprises. « Ils n’ont pas les mêmes codes culturels que les chefs d’entreprises des zones urbaines, donc on ne les considérera pas comme des nantis ou des bien-nés, même s’ils ont le même niveau de revenus », affirme-t-elle.
« Je pense que, par contre, il n’y a pas tout à fait les mêmes barrières entre les classes, il n’y a pas tout à fait les mêmes barrières entre les gens. Il y a beaucoup plus d’échanges entre les gens qu’il ne peut y en avoir en ville, où les relations sociales sont beaucoup plus homogènes » poursuit-elle. L’agricultrice remarque que cette distinction entre Paris et la province est en fait très française. En Angleterre par exemple, le cliché est plutôt inversé : les campagnes sont vues comme des endroits chics.
« Il n’y a pas d’emploi à la campagne »
« L’idée qui est largement diffusée qu’à la campagne il n’y a pas de boulot et que si on doit travailler, c’est un message qui est complètement faux », assure Claire Desmares-Poirrier.
En effet, seuls 10 % de l’emploi rural représenteraient l’emploi agricole. La campagne a désormais besoin de tous les savoir-faire, notamment des métiers comme ceux du soin, des comptables ou des avocats. Néanmoins, Claire Desmares-Poirrier confirme que les espaces de pouvoir sont concentrés en ville. Elle évoque notamment les sièges sociaux des entreprises. Si certains services peuvent se situer dans des zones rurales, la direction est généralement placée dans la zone urbaine la plus proche.
« Les ruraux n’aiment pas les urbains »
« Je pense qu’il y a une attente de la part des ruraux qui accueillent les néoruraux. Celle de savoir si les gens viennent consommer leur territoire, s’ils le considèrent comme un territoire de loisirs - comme tous les gens qui achètent des résidences secondaires - donc s'ils vont choisir juste un cadre de vie ou choisir d’intégrer la communauté. »
Pour Claire Desmares-Poirrier, il s’agit surtout donc d’une inquiétude de la part des ruraux. Le secret serait tout simplement l’intégration, c’est-à-dire participer à la vie associative et au développement de la ville, par exemple.