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Coup de gueule des Restos du coeur, qu’est-ce qui a changé ?
“Aujourd'hui, je lance un appel aux forces politiques de notre pays et aux forces économiques également. C'est plusieurs dizaines de millions d'euros qui vont manquer pour pouvoir absorber ce flux de personnes que nous recevons aujourd'hui. Et aujourd'hui, nous ne sommes pas suffisamment entendus” déclarait à la télévision Patrice Douret, président des Restos du cœur le 3 septembre dernier. Il commente trois mois plus tard : “Ce qui a déclenché cette intervention médiatique qui a créé un choc dans le pays, c'est clair, c'est le fait que depuis plusieurs mois, nous alertions sur la situation que traversent les plus démunis de notre pays. Cette inflation est d'une violence inouïe. Jamais, aux Restos du cœur, nous n'avons connu une hausse aussi rapide et forte du nombre de personnes accueillies. Il faut se rendre compte de l'échelle : 142 millions l'année précédente et là, on a terminé l'exercice au 30 avril dernier à 171 millions de repas. C'est 1,3 million de personnes qui ont été accueillies. On ne peut pas accepter cette fatalité de se dire que chaque année, on va égrener des chiffres en augmentation et se dire : tiens, cette année, c'est pas plus douze, c'est plus quinze. Bah non. Cette année, c'est plus et ça devrait pas être plus”.
En 2022, le président des Restos du coeur s’adressait déjà à Emmanuel Macron
“Nos bénévoles sont extrêmement touchés de devoir dire non, c’est véritablement un brise-coeur”
Le président des Restos du cœur ajoute : “Notre appel a été entendu. D'abord, je crois qu'il a permis de mettre en lumière les difficultés de toutes les associations de solidarité. Elle a permis, je crois, aussi de déclencher un certain nombre d'aides de l'État. La situation aujourd'hui au niveau des Restos du cœur, et je veux, à travers nous, vraiment, parler de la situation des personnes qui viennent à notre rencontre et des personnes qui ont besoin de nous. On fait toujours face à une vague de précarité qui grandit. On peut dire que la faim progresse effectivement dans notre pays. Ce qu'on constate, c'est qu'on a une forme de résignation des personnes à qui on doit dire non, et qui se disent: on comprend, effectivement, on est désolés, ça va être dur, Et nos bénévoles sont extrêmement touchés de devoir dire non, c'est véritablement un brise-coeur. Cette inflation violente touche tous les publics. Des retraités qui reviennent nous voir parce qu'ils ont épuisé leurs petites économies en aidant notamment les enfants et les petits-enfants suite à la crise sanitaire. Des travailleurs, des personnes qui, il y a quelques mois, ne pensaient pas avoir besoin d'une association de solidarité et des Restos du cœur parce qu'un logement, parce qu'un emploi, une vie de famille à peu près ordinaire à peu près ordinaire. Mais tout d'un coup, personnes qu'on accueille: c'est, comme 38% des c'est, comme 38 % des une fois qu'on a payé le loyer, une fois qu'on a payé les charges du logement, il n'y a plus rien”.
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“On demande que le budget actuel de l'aide alimentaire, qui est d'environ 150 millions d'euros, soit porté à au moins 200 millions d'euros”
A ces personnes qui viennent, “la seule solution, c'est d'aller voir et donc en particulier les Restos du coeur. Ça, c'est nouveau. Et puis toujours les jeunes. mais 50 % des 1,3 million qu'on accueille, ce sont des jeunes de moins de 25 ans. Et ça, on ne peut pas s'y résoudre. Ce n'est pas possible. 39% des personnes qu’on accueille sont des mineurs. Une très grande majorité qui viennent chez nous ne viennent que chez nous, parce qu'elles y trouvent ce lien social, cette écoute, cette confiance qui est établie entre les bénévoles et elles. Et très souvent, ce sont des personnes que nos bénévoles connaissent depuis longtemps, qui viennent depuis un an, deux ans, trois ans, parce que la situation est difficile, qu'il y a trop de monde dans cet état de précarité malgré elles, tout d'un coup, on leur dit non. C'est terrible”.
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Le 3 septembre, le président des Restos du cœur a demandé le déclenchement d'un plan d'urgence alimentaire. “Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'aujourd'hui, toutes les associations d'aide alimentaire sont en difficulté. Ce que l'on demande au projet de loi de finances 2024, c'est que le budget actuel de l'aide alimentaire, qui est d'environ 150 millions d'euros, soit porté à au moins 200 millions d'euros. Ça, c'est une aide qui bénéficiera non seulement, bien sûr, aux Restos du cœur mais à toutes les associations d'aide alimentaire. Le deuxième appel que l'on lance à l'Etat, c'est une mesure fiscale équitable. Aujourd'hui, un bénévole qui a la chance de payer des impôts, il a la possibilité de demander une réduction d'impôt sur l'abandon de ses frais de déplacement. Mais c'est très injuste pour les bénévoles qui ne payent pas d'impôts, qui n'ont pas les moyens de donner du temps. Et une mesure équitable serait de transformer cette réduction d'impôt en crédit d'impôt. Donc on va rester optimistes, mais d'abord optimistes pour les personnes qui viennent chez nous. C'est-à-dire ce qu'on souhaite aujourd'hui, c'est qu'il y ait le moins de monde possible qui vienne et qui ait besoin des associations garder le sourire. C'est les Restos du cœur, on est confiants, on est optimistes, on sait qu'on est soutenus. Et puis, je vous assure, et je le dis au nom des 73000 bénévoles, on va se battre et on va se battre pour les personnes qui comptent sur nous”.
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