Dans le monde, l'insécurité alimentaire progresse
Après le confinement, la hausse de la faim dans le monde
L'ONU craint que le nombre de personnes au bord de la famine double d'ici à la fin de l'année, notamment chez les enfants.
« Aujourd'hui, plus de 820 millions de personnes ont faim. Nos systèmes alimentaires sont défaillants et la pandémie de Covid-19 aggrave les choses », alerte António Guterres, secrétaire général des Nations unies. L'insécurité alimentaire est en effet en augmentation partout dans le monde. Aussi l'ONU craint-elle que le nombre de personnes au bord de la famine double d'ici à la fin de l'année, notamment chez les enfants.
« Avec 1 personne sur 9 qui souffre de la faim, le monde a retrouvé son niveau d'il y a 10 ans »
« Avec 1 personne sur 9 qui souffre de la faim, le monde a retrouvé son niveau d'il y a 10 ans. On a beaucoup dit qu'il faudrait que l'après soit meilleur. Ce que l'on constate, c'est que le maintenant, à la crise sanitaire s'est associée une crise sociale et économique », constate Jean-François Riffaud, directeur général d’Action contre la faim.
Cette crise économique et sociale produit des effets comparables partout dans le monde, dans des pays très pauvres aux pays très riches. En France, aux États-Unis ou dans les pays du Nord, le nombre de personnes allant chercher de l'aide alimentaire a augmenté depuis le début de l’épidémie de Covid-19. « En France, on a vu des files d'attente qu'on ne voyait pas, qui touchent des populations à revenus moyens », déplore Jean-François Riffaud.
« On voit le prix des aliments augmenter de 20 à 50 % dans des zones en situation d'insécurité alimentaire »
La situation est évidemment encore plus critique dans les pays à faibles revenus. « En Asie du Sud-Est, en Afrique, au Moyen-Orient ou en Amérique latine, on voit déjà le prix des aliments et de matières premières augmenter de 20 à 50 % dans des zones où déjà, les personnes sont en situation d'insécurité alimentaire », analyse le directeur général d’Action contre la faim.
Pour lui, la cause principale de la faim, c’est l'inégalité sociale et la pauvreté. À cela s’ajoutent les crises militaires, les conflits, les guerres et l'impact de la crise climatique. Le 9 juin, l'ONU a publié un rapport sur les conséquences de la crise sanitaire sur la faim. Elle appelle à une mobilisation mondiale. « Il y a plus qu'assez de nourriture dans le monde pour nourrir notre population de 7,8 milliards de personnes. Mais quelque 144 millions d'enfants de moins de 5 ans souffrent d'un retard de croissance, plus d'un enfant sur cinq dans le monde », a déclaré António Guterres.
« Construire des systèmes qui répondent mieux aux besoins des producteurs et des travailleurs alimentaires »
Selon l’ONU, il est indispensable que les États accroissent leur soutien à l'ensemble du processus alimentaire. « Ils doivent maintenir les couloirs commerciaux ouverts pour assurer le fonctionnement continu des systèmes alimentaires, affirme António Guterres. Nous devons renforcer les systèmes de protection sociale pour la nutrition. Les pays doivent garantir l'accès à des aliments sûrs et nutritifs, pour les jeunes enfants, en particulier les femmes enceintes et allaitantes, les personnes âgées groupes à risques. »
Afin d’éradiquer la faim, le secrétaire général des Nations unies liste plusieurs mesures. Parmi elles : construire des systèmes alimentaires qui répondent mieux aux besoins des producteurs et des travailleurs alimentaires, offrir un accès plus inclusif à des aliments sains et nutritifs et rééquilibrer les relations entre les systèmes alimentaires et l'environnement.